DIVORCE (Critique Saison 1) Un parfum sombre et névrosé

DIVORCE (Critique Saison 1) Un parfum sombre et névroséDIVORCE (Critique Saison 1) Un parfum sombre et névroséSYNOPSIS: Frances, une mère de famille new-yorkaise dans la force de l'âge, décide de " recommencer " sa vie avec l'aide de ses amies Dallas et Diane, et songe même au divorce. Mais son mari ne l'entend pas de cette façon...

AVERTISSEMENT: Seuls 6 épisodes ont été présentés à la presse.

Sarah Jessica Parker fait son grand retour à la télé sous les traits de Frances, bourgeoise quinquagénaire qui vit avec son mari Robert ( Thomas Haden Church ) et ses enfants Tom ( Charlie Kilgore) et Lila ( Sterling Jerins) dans une grande maison du county de Westchester (un département du Nord de l'État de New York connu pour son système d'écoles ultra compétitif et les comptes en banque plus que bien remplis de ses habitants). C'est lors de la fête d'anniversaire de son amie Diane ( Molly Shannon) que Frances se rend compte que sa vie de famille, pour idyllique qu'elle soit, ne lui convient pas du tout et à l'issue d'un incident violent entre Diane et son mari Nick ( Tracy Letts), elle décide de demander le divorce à Robert. Un point de départ plutôt banal (quoique la catalyse soit plutôt originale) pour une jolie petite série douce-amère qui se penche avec beaucoup d'intérêt et un sens de l'humour indéniable sur la dissolution d'un mariage qui avait à priori tout pour réussir.

Si Sarah Jessica Parker a bien du mal à se défaire du personnage de Carrie Bradshaw qui lui colle obstinément à la peau depuis la fin de Sex and the City en 2004, elle a cette fois-ci assez bien choisi son projet. La créatrice et scénariste-en-chef Sharon Horgan (que vous connaissez sans doute grâce à son autre série Catastrophe) lui a écrit un rôle plus désabusé et sombre que celui de l'éternelle new-yorkaise en talons hauts qui permet à Parker de démontrer ses talents d'actrices, tous limités qu'ils soient. Frances est loin d'être une héroïne " sympathique " et la série ne prend pas son parti à chaque fois, ce qui crée une dynamique intéressante entre les personnages. On a beau savoir que Frances est la protagoniste, on comprend également le point de vue de Robert qui réagit très mal quand sa femme lui annonce qu'elle veut divorcer. Pas de dichotomie manichéenne entre le bien et le mal, la gentille et le méchant, mais un script qui fait part égal aux deux époux et n'a pas peur des sujets difficiles. On touche à l'adultère, la confiance, l'amour, la luxure, les enfants, le sens des responsabilités, bref, tout ce qui fait qu'un mariage peut être compliqué et difficile à maintenir. Le ton sérieux des dialogues est en contraste total avec une réalisation détachée et des acteurs qui s'amusent beaucoup, pour un résultat des plus plaisants.

Divorce ne révolutionnera pas la comédie familiale, et vu l'âpreté du ton on serait en droit de se demander si le titre de comédie est bien valable. Mais en dépit de son casting de stars et du budget qu'il a fallu que la production avance pour tourner à Westchester, c'est une série sans vantardise qui, si elle ne vous fera pas éclater de rire, vous fera certainement sourire. Elle présente une vision assez traditionnelle de l'amour et du mariage, qui pourra passer pour vieillotte aux yeux de certains, personne ne pourra la qualifier d'être " follement originale " et il est plus que probable que les problèmes émotionnels des bourgeois de la haute en fatigueront plus d'un. Cela dit, c'est également à cause de sa tendance à se conformer à la structure de la sitcom américaine que Divorce parvient à dégager une espèce de charme désuet et assez nostalgique, comme un parfum d'enfance qu'on n'aurait pas respiré depuis longtemps. Un parfum sombre et névrosé certes, mais qui pique le nez et se laisse respirer sans déplaisir.

Crédits: HBO / OCS