Le carrefour de la mort

Un grand merci à ESC Conseils pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le carrefour de la mort » de Henry Hathaway.

Carrefour_mort« Personne n’a pleuré pour moi depuis longtemps »

Sans le sou, Nick Bianco décide de cambrioler une bijouterie pour offrir un Noël décent à sa famille. Arrêté par la police, il se voir proposer par l'assistant du District Attorney Louie D'Angelo une réduction de peine s'il dénonce ses acolytes. Nick refuse, pensant que ses amis aideront sa famille à survivre. Apprenant trois ans plus tard que sa femme s'est suicidée et que ses deux filles ont été placées dans un orphelinat, il se met à table, et recouvre sa liberté. Alors qu'il tente de reconstruire sa vie loin du milieu du crime, Nick apprend que le psychotique Tommy Udo, qu'il a pourtant dénoncé, est en liberté, sur ses traces...

« Votre côté de la barrière est aussi moche que le mien. »

MAtureAprès avoir tenu quelques rôles face caméra durant sa petite enfance, Henry Hathaway finit par intégrer les studios de la toute jeune industrie cinématographique au début des 20’s où il exerce successivement plusieurs métiers techniques. Avec l’avènement du cinéma parlant, il s’émancipe et se voit offrir la chance de diriger ses propres films. Il fait ainsi ses débuts à la réalisation en 1932. Excellent technicien et très bon faiseur, l’homme enchaine alors les films et signe quelques-uns des grands succès de la décennie, tels que « Les trois lanciers du Bengale », « Peter Ibbetson » ou encore « La glorieuse aventure », tous portés par le grand Gary Cooper. Avec le tournant des années 40 et l’entrée en guerre américaine, le paysage cinématographique change progressivement et la mode va désormais à des films à portée plus ou moins documentaire. Hathaway délaisse alors progressivement les films d’aventures épiques au profit de récits plus volontiers ancrés dans une certaine réalité sociale de l’époque. On pense ainsi au quasi documentaire « La maison de la 92ème rue » ou aux drames sociaux « 14 heures » et « Appelez Nord 777 ». Dans cette veine réaliste, il réalise en 1947 « Le carrefour de la mort », adaptation d’un roman d’Eleazar Lipsky, lui-même librement inspiré par un fait divers réel. A noter que le film, qui marque les grands débuts de l’acteur Richard Widmark au cinéma, a fait l’objet de deux remakes : le western « Le tueur au visage d’ange » de Gordon Douglas (1958) et « Kiss of death » de Barbet Schroeder avec Nicolas Cage (1994).

« Je suis un ancien taulard. Un mouchard. Ma parole n’aura aucune valeur. »

UdoAvec « Le carrefour de la mort », Henry Hathaway réalise un film noir réaliste et s’offre ainsi une plongée dans le monde de la rue et du gangstérisme. Le film suit ainsi le parcours d’un petit truand, arrêté à la suite du braquage d’une bijouterie qui tourne mal. Sombre comme la nuit, « Le carrefour de la mort » est avant tout un film qui décrit méticuleusement un milieu, celui du grand banditisme, avec son code de l’honneur, son réseau mafieux et sa violence sans limite. Un milieu qui prospère grâce à une misère sociale persistance et aux laissés-pour-compte de la société. Mais « Le carrefour de la mort » est aussi (et surtout) un film consacré au cheminement intérieur d’un homme vers la rédemption. Une forte tête qui, confrontée aux aléas de la vie (le suicide de sa femme tandis qu’il est en prison), décide de changer radicalement de vie. Tournant le dos à son milieu, il choisit donc de prendre ses responsabilités et de revenir sur le droit chemin en trahissant ses anciens associés pour sauver les siens. Quitte à se sacrifier dans un final quasi christique. Fable morale dans laquelle les notions de Bien et de Mal sont particulièrement marquées, le film doit énormément à la performance à la fois sidérante et glaçante de Richard Widmark qui campe ici un tueur particulièrement sadique (énorme scène où il pousse une femme en fauteuil roulant dans les escaliers). Face à lui, on regrettera juste la composition un peu terne de Victor Mature dans son rôle de géant au cœur de tendre. Malgré le poids des années, le film demeure toujours un must du genre.

Kiss_of_death

Carrefour_de_la_mort

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Le DVD : Le film est proposé dans un nouveau master restauré en haute définition. Il est présenté en version originale américaine ainsi qu’en version française (toutes deux en 2.0).  Des sous-titres français sont également proposés. Côté bonus, le film est accompagné par le documentaire  « Le carrefour de la mort, tout est bien ce qui finit mal » (20 min) ainsi que par « Richard Widmark, parcours exemplaire à Hollywood », entretien avec Jean-Loup Bourget, critique cinéma pour Positif (10 min).

Edité par ESC Conseils, « Le carrefour de la mort » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 7 septembre 2016.

Cette nouvelle salve de sortie de la collection « Hollywood legends » comprend également les titres « Back door to hell » et « Allez coucher ailleurs ! ».

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Le DVD du film est disponible ici.