[CRITIQUE] – Cigognes et Compagnie (2016)

Par Pulpmovies @Pulpmovies

Réalisé par : Nicholas Stoller et Doug Sweetland

Avec : Florent Peyre, Bérengère Krief et Issa Doumbia

Sortie : 12 octobre 2016

Durée : 1h29min

Distributeur : Warner Bros. France

3D : Oui – Non

Synopsis :

Le mythe de la cigogne livreuse de bébés revisité.
Pendant longtemps, les cigognes livraient les bébés. Désormais, elles acheminent des colis pour un géant de l’Internet. Junior, coursier star de l’entreprise, s’apprête à être promu. Mais il actionne accidentellement la Machine à Fabriquer les Bébés… qui produit une adorable petite fille, en totale infraction avec la loi !

3/5

Cela faisait longtemps que Warner n’avait pas sorti un dessin animé dans ses formes les plus classiques, un retour aux sources au service d’un rapport au spectateur plus formaté, forcément moins franc sur le plan émotionnel, mais qui fonctionne toujours aussi bien.

VOLER DANS L’OMBRE DES GÉANTS…

Cigognes et compagnie est tout droit sorti de la nouvelle filiale Warner, WAG (Warner Animation Group), celle à l’origine du brillant Lego Movie et qui s’apprête à sortir le deuxième volet de la franchise, Lego Batman, Le Film. Mais le bébé ne vole jamais loin de sa maman, et Cigognes et compagnie montre à quel point cette nouvelle branche du groupe reste encore dans l’ombre des grands. Très certainement influencée par la philosophie Pixar, Cigogne et Compagnie semble vouloir transmettre des valeurs progressistes aux jeunes enfants. La patte Pixar s’exprime également par les réflexes esthétiques calqués sur Monstres et Cie (entre autres), les deux films se faisant totalement échos. En effet, l’humain coincé dans le monde des animaux (ou monstres), la description de la machine infernale qu’est l’usine, et par extension l’industrialisation, tant d’éléments qui font qu’on ne peut penser le film sans l’autre. Mais le nouveau bébé Warner adopte aussi les codes Disney, notamment par la présence d’une chanson originale, interprétée par Pigeon le Relou. Si le studio semble encore chercher sa nouvelle identité, cela s’annonce prometteur pour les films à venir.

Il faut avouer que ce ne doit pas être facile de sortir un dessin animé aujourd’hui lorsque le film jeune public connait un franc succès. Dans le calendrier des sorties cinéma, Warner ne s’est pas facilité les choses, mettant son nouveau bébé en concurrence directe avec le nouveau Michel Ocelot, Kubo, La Tortue Rouge ou Ma vie de Courgette, autant de films d’auteur d’animation, considérés comme les petits bijoux de l’année. Mais c’est peut-être là aussi une stratégie de la part de ses créateurs pour mettre en valeur la simplicité du film et de faire renouer les spectateurs avec ses vieux amours.

… POUR SE RÉINVENTER

Le récit d’aventure est doublé d’une prise de conscience, celle d’une société individualiste qui laisse s’effondrer les mythes, ici celui de la cigogne livreuse de bébé, submergée par les valeurs de la société capitaliste et de consommation qui peu à peu effacent celles de la famille. Il serait vain de chercher le brio du film dans une quelconque critique sociale. La société de consommation est dans le viseur parce qu’elle sert à la construction du scénario et qu’elle est matière facile à l’humour. Et c’est en cela que le film réussit, en restant dans ses limites d’amusement et de divertissement, sans plus grande prétention moralisatrice. Une fois ces bases posées, l’intrigue ne s’avère pas des plus révolutionnaires, rejouant des notes consensuelles intégrées depuis longtemps. Le recours anthropomorphisme animalier est sans risque, on ressort les bonnes vieilles recettes Disney, encore.

Cigognes et compagnie joue davantage sur le second degré, en s’appuyant sur une trame classique qui permet le travail plus subtil des dialogues et des sous-textes. Pas étonnant alors de découvrir qu’aux manettes de ce nouveau dessin animé se trouve Nicholas Stoller, qui se profile pour devenir le nouveau Judd Apatow. Le film ne s’adresse in fine pas plus aux enfants qu’aux adultes, que Warner tente de réunir dans la bulle fragile de l’innocence.

C’est par l’humour raffiné et un retour au classique que Cigognes et Compagnie brille le mieux.