C’est l’histoire de deux potes qui vont faire un plan à trois mais ça tourne court. Robert Hospyan s’inspire de la comédie trashouille américaine pour nous livrer un court-métrage touchant mais amusant sur une « angoisse typiquement masculine ».
Barney Stinson l’a pensé, l’a réfléchi, l’a écrit. Barney Stinson a inventé le Bro Code. Mais si, vous savez, cette petite bible qui dicte les règles et usages que tout bon pote se doit d’appliquer. On y trouve de tout, mais surtout des principes concernant le sexe et la drague en général. Et vous, vous l’avez déjà appliqué ? Même inconsciemment, je suis sur que oui. Mais dans le cas où le Bro Code n’est pas a porté de main, il reste la solution ultime : le meilleur pote ! On parle bien de celui qui t’accompagnera dans la moindre de tes aventures aussi étrange soit-elle, de celui qui t’encouragera au moindre doute mais aussi de celui qui te conseillera à chacune de tes peurs. Et c’est ainsi que Joffrey et Bob se retrouvent à discuter des inquiétudes du second lorsqu’un plan à trois se présente…
Produit grâce aux généreux dons d’internautes et réalisé par Robert Hospyan, Les Baloches n’est pas véritablement à prendre à la légère, malgré son sujet, puisqu’il s’inscrit dans la continuité d’autres productions où il a également tenu un rôle plus ou moins important. Comme un fabuleux hasard, ce film d’à peine sept minutes s’inscrit dans la lignée de deux autres précédents pour former une trilogie aussi explicite qu’officieuse. Après Lose Actually et Mecs Meufs, ce réalisateur-acteur mais aussi scénariste continue d’explorer les mœurs faciles d’une société libérée où nos potes sont à la fois les preux chevaliers sauveurs de notre sexualité en panique mais également de farouches concurrents dans un jeu où tous les coups sont permis.
Avec ce qui n’était au départ qu’une simple « scène d’ouverture d’un moyen métrage abandonné avant de devenir un épisode d’un programme court abandonné », trouve les mots justes avec Les Baloches pour évoquer un passage à l’acte plus que souvent délicat. On redoute surement tous cette fois où, en quête de gloire sexuelle, on se retrouve avec le caleçon sur les chevilles devant la conquête du soir nous dévisage de haut en bas. De cette «angoisse typiquement masculine » découle donc ce court-métrage qui résonne de manière universelle dans la tête de beaucoup d’hommes où la quête du « culte de la performance » est de mise.
Invités chez une belle inconnue pour accomplir un plan à trois, ils discutent de comment aborder cette situation et par quel bout prendre la chose (sans mauvais jeu de mots). Alors que l’un semble confiant dans son rôle de dragueur, l’autre est décidément plus peureux et hésitant pour passer à l’acte. En même temps, quoi de plus normal de douter de soi lorsqu’on s’apprête à concrétiser un fantasme d’ado? Car qui dit fantasme dit forcément craintes et inquiétudes et c’est ce qu’a voulu pointer du doigt le réalisateur Robert Hospyan. « Le problème de Bob est dans sa tête. (…) Tout le but de film est de montrer qu’un plan à trois, qui a tout du fantasme, peut s’avérer ne pas en être un mais plutôt un cauchemar » nous explique-t-il. Si le sexe est effectivement un élément central du film, il s’agit davantage de parler d’en parler avec humour, mais non « par le prisme d’un gag un peu beauf », le but étant de « déconstruire un fantasme en l’abordant via un angle réaliste et névrosé ». Pourtant Hospyan se défend de toute vulgarité dans ses dialogues pragmatiques et crus. En citant le cinéma de Kevin Smith et une scène de Clerks (la discussion sur la différence entre l’orgasme féminin et masculin, pour les connaisseurs) comme principales références, le réalisateur-acteur s’inscrit comme futur digne héritier des productions de « films de potes » sans pour autant s’y apparenter. Il prend même ses distances lorsqu’il explique que choisir le format court permet de palier au problème plus que récurrent de succession de « saynètes mettant en scène la camaraderie du groupe » dans ces films qui « peinent à trouver une histoire à raconter ».
Les Baloches est donc à lui seul la preuve que le format court peut regrouper autre chose que des travaux d’étudiants fauchés ou des essais expérimentaux de vidéastes en manque de reconnaissance. Grâce à l’aide d’une communauté généreuse, Robert Hospyan nous offre l’opportunité d’assister à une situation rocambolesque mais pourtant vraisemblable dans ce qu’il semble être une peur universelle pour la gente masculine.