La plus grande difficulté pour un auteur est de créer des histoires que les lecteurs aient envie de lire.
Si ces derniers trouvent l’histoire ennuyeuse, il va de soi qu’ils n’iront pas bien loin dans la découverte de celle-ci.
Pour ne pas provoquer l’ennui, la réponse la plus évidente est de susciter les émotions du lecteur. Cela demande seulement quelques connaissances.
Donc une histoire ennuyeuse pourrait se réduire à un défaut d’engagement du lecteur.
L’idée d’engagement
Cette idée est essentielle. Elle consiste à ce qu’un lecteur s’investisse dans une histoire par le biais de ses émotions.
Qu’il soit curieux de savoir ce qui va se passer est un engagement. Qu’il soit bouleversé par la mort d’un personnage qui avait de l’importance pour lui est un engagement.
C’est d’ailleurs étonnant d’éprouver une émotion envers un personnage de fiction comme s’il était réel. Mais il en est ainsi alors pourquoi s’en priver ?
Donc un lecteur qui s’investit dans une histoire suit un processus actif.
Actif vs Passif
Que signifie être actif ? En quoi cette qualité est-elle fort utile pour un auteur pour trouver l’engagement de son lecteur ?
Inventons un héros qui soit un petit criminel.
A propos d’héros antipathique, nous vous conseillons la lecture de :
UN PROTAGONISTE QUI MERITE SON SORT
Comme il s’agit du personnage principal de l’histoire, il est indispensable de lui créer un passé.
Et dans ce passé, il apparaît un élément clé de la personnalité de ce personnage : il a peur des chiens, par exemple.
Et cette particularité jouera un rôle important au moment du climax de l’histoire. Il va donc s’avérer nécessaire que le lecteur ait une compréhension de cette peur des chiens.
La difficulté maintenant est de déterminer comment cette compréhension peut-elle être amené chez le lecteur.
Deux possibilités s’offrent à l’auteur.
Soit vous passez par les dialogues immédiatement. C’est probablement la méthode la plus facile.
Le personnage lui-même ou d’autres parlant de lui informent le lecteur de sa peur des chiens.
Le problème avec cette approche est que le lecteur est passif. Il reçoit l’information comme s’il était nourri à la cuillère. On lui donne juste l’information sans lui laisser aucune chance de construire des hypothèses sur des indices ou d’interpréter sur des actions.
Et la plupart du temps, il n’a même pas la possibilité de lire entre les lignes. Aucune confusion n’est possible, ce qui n’est pas nécessairement une bonne chose.
Très rapidement, le lecteur s’ennuiera s’il est soumis à ce régime tout au long de l’histoire.
Cependant, il existe une autre option. Un véritable mantra : montrer les choses.
Dès la séquence d’ouverture ou en flashback, vous pourriez montrer que votre héros change de trottoir à la vue d’un chien qui s’avance vers lui.
C’est juste une affaire de description. Les dialogues ne sont même pas nécessaires Vous faites changer votre héros de trottoir sans donner plus d’explications.
Le voir agir suffit pour que le lecteur comprenne qu’il a peur des chiens. Ou du moins qu’il interprète ce qu’il voit comme une peur.
Et il est alors inutile d’en dire plus.
Supposons pour créer une scène avec plus d’énergie que votre héros est en fuite. La police est à ses trousses et il s’engage dans une ruelle sombre.
Soudain, dans l’ombre, un chien. Votre personnage stoppe. Puis il fait demi-tour.
Vous n’avez décrit que la réaction de votre personnage. Cela est suffisant pour que le lecteur tire ses propres conclusions de cet incident et s’implique ainsi dans l’histoire.
Des dialogues pour expliciter
Ce n’est qu’après avoir fait la démonstration de la peur que vous pouvez alors expliquer à votre lecteur par des dialogues la raison de cette peur.
Inventez une situation où votre personnage pourrait être questionné sur sa peur des chiens.
Ainsi, il semble bien plus naturel donc crédible que ce type d’explication prenne lieu dans une conversation. C’est un moyen de transmettre une information en deux étapes bien plus efficace que du simple verbiage.
Par ailleurs, vous n’êtes nullement obligé de donner des explications. Il est important que vous compreniez cette peur pour vous en servir dans votre histoire.
Mais si vous jugez que cela ne pourrait que ralentir le rythme de votre histoire ou si les raisons de cette peur ne sont pas pertinentes, vous ne pouvez conserver que les réactions.
Ce que l’auteur doit comprendre, c’est pourquoi son personnage réagit comme il le fait dans toutes les situations qu’il imagine pour lui.