[Avant-Première] A fond, oui, mais à fond de cale

Publié le 09 octobre 2016 par Rémy Boeringer @eltcherillo

Dans le cadre de la Soirée des Passionnés, nouvel événement à destination des cinéphiles organisé par les cinémas Pathé, composé d’une première partie de bande-annonces exclusives et d’une projection surprise, nous avons pu voir en avant-première, le dernier long-métrage de Nicolas Benamou, A fond, qui sortira le 21 décembre 2016. Un nom trompeur pour une comédie plan-plan.

Tom (José Garcia que l’on a vu dans Tout Schuss), père de famille et chirurgien esthétique et Julia (Caroline Vigneaux) , mère de famille et psychiatre embarque avec leur deux enfants, Noé (Stylane Lecaille que l’on a vu dans Une rencontre) et Lison (Josephine Callies), à bord de leur monospace flambant neuf et tout électronique. A part que le père de Tom, Ben (André Dussollier que l’on a vu dans La belle et la bête, Diplomatie, Adopte un veuf et entendu dans Le Petit Prince), s’incruste au dernier moment, tout se passe bien jusqu’à ce que le régulateur de vitesse se bloque.

A fond se propose de mélanger Speed et comédie française pour un résultat mitigé qui navigue plutôt vers le fond et surnage péniblement. Hommage improbable et déguisé à la gendarmerie française, le long-métrage est tourné comme une séquence publicitaire pour les recrutements de l’Armée de Terre à laquelle on aurait adjoint une dose de rire forcée style pub Maaf. Les gags sont distribués chaque seconde à la cadence d’un métronome sans que, visiblement, se soit posé la question de leur efficacité. Côté action, il ne se passe véritablement rien, tant est si bien que cette désagréable impression de suivre un spot publicitaire à la gloire des motards est plus prégnants chaque minute. En effet, le suspens n’est construit sur rien d’autre que l’éventualité d’un accident qui ne survient jamais tant l’Adjudant-chef Besauce (Vincent Desagnat que l’on a également vu dans Adopte un veuf) et la Gendarme Vignali (Ingrid Donnadieu) veillent au gré avec un professionnalisme à toute épreuve. Ces deux compères semblant constituer un film dans le film, sont excluent, à peu de choses près, de toutes les péripéties comiques.

Julia (Caroline Vigneaux), Lison (Josephine Callies, Melody (Charlotte Gabris), Ben (André Dussollier),) Noé (Stylane Lecaille) et Tom (José Garcia)

Les deux enfants, à leur tour, sont quasiment inexistants dans le scénario. Tant et si bien qu’on les cachent derrière un masque comme pour cacher leurs jeux et qu’on les oublie. Tom, suffisant, et Julia, feignant un agacement fort mal interprété, sont déjà insupportable mais pourquoi alors fallait-il nous affubler du personnage de Melody (Charlotte Gabris), tout bonnement imbuvable. Ce personnage semble tout droit sorti d’un Besson des années 90, caricature punk d’une adolescente de nos jours jouée par une trentenaire… dont un vieil homme libidineux tombe amoureux… C’est le comble du mauvais goût et ne parlons même pas de cet érotisme douteux, Dussolier matant la culotte d’une actrice majeur incarnant une mineure, mis en scène dans un film familial. Mais pourquoi font-il ça ? Le seul acteur tirant son épingle du jeu, le seul ressort comique qui fonctionne est à aller chercher du côté de Danieli (Jérôme Commandeur), un fondu de voiture de sport totalement timbré qui pète une durite, c’est le cas de le dire et se lance dans une course poursuite bien plus drôle que le huit-clos étouffant de ridicule se déroulant dans la voiture.

Tom (José Garcia)

A fond, oui mais pas trop les gars, de toute façon, on le sort pendant les fêtes et on l’impose aux abonnés de la carte Pass, y’en a bien quelques cerveaux fatigués qui nous feront de la publicité, hein les gars ? Ben non…

Boeringer Rémy

Retrouvez ici la bande-annonce :