Besoin & ethique influencent la personnalite

Par William Potillion @scenarmag

La personnalité qu’elle soit réelle ou fictive est complexe. Elle est faite d’actions et d’attitudes qui montrent ce qu’aime et n’aime pas un personnage, ses idées, ses pensées et ses croyances.

Cependant, ces préférences et comportements ne sont pas déterminés à priori. La curiosité, par exemple, ou la détermination ou la capacité d’adaptation chez l’un ou bien le caractère réfléchi ou strict ou enclin à l’empathie chez l’autre ont certainement des causes.

L’éthique

La moralité qui décide si une action, un comportement est bien ou mal vient des profondeurs de l’individu.

Elle permet de juger la valeur de ce qu’on voit, expérimente et pense. Ce jugement nous soumet des choix relatifs à notre propre code moral. Ainsi le sacrifice de soi, par exemple, peut être une attitude acceptée si elle s’aligne avec notre propre éthique.

La moralité influence notre relation aux autres, interfère avec nos buts et nos désirs et organise notre quotidien.
C’est ainsi qu’un personnage de fiction aura une personnalité très souvent liée à un système de croyances.

Ce système spécifique pourrait ne pas être jugé moralement pertinent par d’autres personnages. Mais ce qui importe est que le personnage en question soit convaincu que ce système de croyances relève du bien et non du mal.
Le mal, dans ce cas, n’est pas celui qui renvoie à la souffrance physique, à la peine, à la maladie ou à la mort. Il s’agit bien d’un mal moral.

Cela permet aussi de relativiser le protagoniste et l’antagoniste, tous deux étant persuadés d’agir pour le bien.

Un environnement qui façonne une personnalité

Le monde extérieur c’est-à-dire les personnes et l’environnement familial ou autre dans lequel nous vivons possède une part importante dans la construction d’une personnalité.

Les normes sociales, les valeurs culturelles et les modèles sur lesquels nous pourrions prendre appui impactent le développement d’un système de valeurs.

Lorsqu’un auteur définit l’éthique de son personnage, il peut alors décrire des tentations crédibles dans le cours de l’histoire. Il peut aussi défier les valeurs de son personnage qui le caractérisent en profondeur (rejetez la superficialité qui n’est jamais plausible) et générer des troubles internes et du conflit (intérieur et extérieur).

Les besoins

Les besoins sont un second vecteur dans l’élaboration d’une personnalité. Il a été démontré que l’on pouvait classer les besoins en cinq catégories :

  • Les besoins physiologiques et biologiques. Le besoin de se nourrir, par exemple.
  • Le besoin de se sentir en sécurité. Ce besoin concerne non seulement l’individu mais aussi ceux qu’il aime.
  • Le besoin d’intégrer une communauté. Mais aussi celui de se faire accepter par la communauté. En d’autres termes, établir des relations significatives avec autrui.
  • Le besoin de reconnaissance et d’estime de soi. L’estime de soi tout particulièrement est un besoin permanent et est parfois difficile à trouver. Cela concerne aussi la confiance en soi.
  • Le besoin de réaliser tout le potentiel dont on est capable c’est-à-dire généralement de s’accomplir au cours de sa vie, d’atteindre à une sorte de plénitude.

Les attributs qui seront assignés à un personnage émergeront dans la nécessité de satisfaire ses besoins les plus importants.
Par exemple, s’il se sent en sécurité dans son quotidien, qu’il se sente aimé mais manque d’estime de soi ou de reconnaissance, il pourrait développer des traits de caractère tels que la détermination, la persévérance et l’efficacité.

Concrètement, l’auteur pourrait se fonder sur ce que son personnage veut dans l’histoire pour décider des traits qui pourraient l’assister au mieux dans cette quête.
C’est ainsi que bien souvent la détermination est un trait majeur chez le héros.
Parce qu’il veut par dessus tout obtenir ce qu’il veut dans l’histoire.

L’insatisfaction génère des comportements imprévisibles

Lorsque les besoins ne sont pas rencontrés, de l’anxiété ou une insatisfaction peuvent aboutir à des modèles comportementaux spécifiques.
Ainsi, un personnage même s’il s’agit du héros pourrait être amené à commettre des actes immoraux.

On peut aussi émettre l’hypothèse d’un parallèle entre la recherche de la satisfaction d’un besoin et l’arc dramatique. Après tout, même dans la vie réelle, tout individu n’est exempt de mutabilité.
Le changement fait partie de notre condition humaine. Poursuivre ses besoins pourrait correspondre à un besoin d’évoluer.

Ces besoins vitaux sont puissants. Un auteur devrait bien peser comment les utiliser pour construire les actions et réactions de ses personnages. Nous l’avons signalé : un personnage peut être amené à tordre son éthique pour satisfaire un besoin.
Comme de voler lorsque l’on est affamé.

Ce qu’une personne fera ou ne fera pas dans une situation donnée dépends de la profondeur du besoin et de la capacité de ce personnage à satisfaire ce besoin.
Imaginons un personnage qui s’est pleinement réalisé, qui a mis les siens à l’abri du besoin, qui est aimé et tout ce qui va avec.
Soudain, un événement se produit qui va rendre ce monde si bien ordonné vraiment dangereux.

Jusqu’à où ce personnage pourra-t-il aller pour protéger les siens ? Ira-t-il à commettre des actes immoraux comme de sacrifier un innocent pour préserver sa propre sécurité  ?

L’universalité du besoin

Il est facilement compréhensible que satisfaire des besoins primaires est une aspiration normale. Il se crée alors chez le lecteur une affinité avec les motivations personnelles du personnage.
C’est-à-dire pourquoi il a choisi de poursuivre tel but et pas un autre.

Cette identification nourrit l’empathie envers le personnage et d’autant plus, s’il est un héros.