24, Homeland, Banshee, Breaking Bad, Daredevil – les séries tv « à la mode » établissent leur structure autour du vrai monde et abordent des thèmes anxiogènes noyés dans des trames réalistes. Terrorisme, violence, mort. Au-delà du qualitatif ces programmes ne permettent pas l’évasion, puisque les personnages sont confrontés à des enjeux et des horreurs qui font parti, peu ou prou, de notre quotidien. Dans Supergirl, le soleil brille et même les bad guys ne sont pas très méchants. Les morales sont simplettes, les questions trouvent toujours des réponses et tout va bien dans le meilleur des mondes. Les protagonistes sourient en permanence, la vie est belle puisque les Super-Man et -Girl veillent – figures christiques en combinaison lycra. La série capte l’essence même des premiers films Superman, pour le meilleur et pour le pire.
En cette période de tyrannie du qualitatif, ou chacun se juge et se jauge à la hype de ce qu’il regarde, il est certain que Supergirl fait figure de sombre merde. Mais c’est ma merde. Ma futur-ex madeleine de Proust. L’essence d’un style disparu qui rappelle la vie « rose bonbon » pré-11 septembre. Une œuvre sur laquelle j’ai crachée et qui au fil du temps à réussi à me convaincre – non pas grâce à ses qualités mais par ses défauts. Supergirl c’est la fausse moche dans le teen movie nineties, la ballade gnan-gnan du groupe à la mode, les épinards à la cantine – bref le truc que tout l’monde déteste mais que moi, par empathie ou par goût déstructuré, j’finis par aimer. Enormément.