Un grand merci à ARP Sélection pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Mr. Homes » de Bill Condon.
« Je dois en finir avec cette enquête avant de mourir »
En 1947, Sherlock Holmes, depuis longtemps à la retraite, vit paisiblement dans le Sussex, avec sa gouvernante et son fils, un détective amateur. Mais la quiétude recherchée n'est que de façade... Une affaire vieille de 50 ans le hante encore et toujours. Malheureusement seuls quelques fragments sont encore vivaces : une altercation avec un époux en colère, un lien profond mais mystérieux avec son épouse fragile. Si son légendaire pouvoir de déduction n'est plus intact, et si Watson n'est plus là, Holmes va se lancer dans son ultime enquête, la plus compliquée de sa longue carrière...
« L’imagination du Dr. Watson vous aurait-elle changé ? »
Ancien journaliste cinéma, Bill Condon s’essaye d’abord à l’écriture de scénario (« Les envahisseurs sont parmi nous » de Michael Laughlin en 1983) avant de passer derrière la caméra. Il fera ainsi ses premières armes à la télévision (sur la série « Sister, sister » puis sur plusieurs téléfilms) avant que les studios de cinéma ne lui donnent sa chance au milieu des années 90 avec « Candyman 2 » (1995). Mais c’est au cours des années 2000 qu’il se fait véritablement remarquer avec « Kinsey » (2004) puis « Dreamgirls » (2005). Il se voit ainsi proposer de réaliser les deux derniers volets de la saga « Twilight » (« Chapitre IV – Révélation » en 2011 et 2012). Après « Le cinquième pouvoir » en 2013 (consacré à Julian Assange et à l’affaire Wikileaks), il réalise en 2015 « Mr. Holmes », adaptation du roman « Les abeilles de Monsieur Holmes » écrit par Mitch Cullin en 2005. L’occasion pour le réalisateur de retrouver l’acteur Ian McKellen dix-sept ans après « Ni Dieux ni Démons », son deuxième film qui lui avait valu d’obtenir l’Oscar du meilleur scénario. A noter que le film a été présenté au Festival de Berlin.
« Les morts ne sont pas très loin. Ils ne sont que de l’autre côté du mur »
Pour tout admirateur du célèbre détective, les aventures de Sherlock Holmes prenaient fin au cours des années 20, période où son créateur, Sir Arthur Conan Doyle, cessa de lui en inventer. Inspiré par le roman de Mitch Cullin, ce « Mr. Holmes » imagine un Sherlock vieillissant et au crépuscule de sa vie et nous invite à le suivre pour une ultime aventure. Et pas de moindres, puisque la dernière énigme que le célèbre détective devra résoudre sera de dénouer les fils de sa mémoire devenue très défaillante pour rétablir la vérité sur sa dernière enquête, vingt-cinq années plus tôt, déformée et enjolivée par la plume de son fidèle Watson. Construite entre passé et présent, cette dernière aventure, plus mentale et mémorielle, apparait comme une course contre l’oubli qui permet à Holmes de dresser le bilan de sa vie. Avec une élégante mélancolie, il ne pourra ainsi que regretterson égoïsme, sa solitude (teintée d’une peur innée de ses semblables) et surtout son austérité chronique, qui l’aura empêcher de se laisser aller à s’ouvrir aux autres et d’insuffler un peu d’espoir à une jeune mère en deuil dont il n’aura pas réussi à sauver la vie, portant ainsi la culpabilité de son suicide. Le grand Ian McKellen apporte toute son élégance, mais aussi son humanité, à ce mythique personnage devenu faillible et vulnérable qui tente sur le tard de laver sa conscience avant qu’elle ne lui échappe totalement. Quant à Bill Condon il signe là un joli drame élégiaque dont la tonalité de douce mélancolie n’est pas sans rappeler celle qui dominait le magnifique « La vie privée de Sherlock Holmes » du grand Billy Wilder.
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