Kubo est un être aussi intelligent que généreux, qui gagne chichement sa vie en sa qualité de conteur, dans un village de bord de mer. Cette petite vie tranquille, ainsi que celle de ses compagnons Hosato, Hashi et Kamekichi va être bouleversée quand par erreur il invoque un démon du passé. Surgissant des nues cet esprit malfaisant va abattre son courroux sur le village afin d’appliquer une vindicte ancestrale. Dans sa fuite, Kubo fait équipe avec Monkey et Beetle, pour se lancer dans une épopée palpitante afin de sauver sa famille et percer le secret de la chute de son père, le plus grand samouraï que le monde ait jamais connu. À l’aide de son Shamisen- un instrument musical magique-il va affronter toutes sortes de dieux et de monstres, notamment le terrible Moon King assoiffé de vengeance ainsi que les affreuses sœurs jumelles afin de dénouer le mystère de son héritage, réunir sa famille et accomplir sa destinée héroïque.Kubo et l'armure magique – 21 Septembre 2016 – Réalisé par Travis Knight
Au cinéma, je ne privilégie que trop rarement l'animation et je dois avouer que j'ai tort ! Surtout que c'est un genre ou l'on a plus souvent droit à des films de qualités que dans les autres, avec des studios comme Pixar, Disney ou encore le célèbre studio Ghibli. A cela on peut ajouter Dreamworks et d'autre productions indépendantes comme « The Book of Life » par exemple. Mais dans cette équation, j'ai oublier le studio Laika ! Si ce nom vous évoquera l'adorable petit chien envoyé en orbite par l'URSS lors du lancement de Spoutnik 2 en 1957, c'est aussi le nom d'un studio au combien singulier, crée par Phil Knight en 2005 qui à l'heure du tout numérique à fait le choix du stop-motion pour ces productions animés ou Kubo est le dernier né de cet entreprise au combien ambitieuse.
« If you must blink, do it now. Pay careful attention to everything you see, no matter how unusual it may seem. If you look away, even for an instant, then our hero will surely perish. It's time to follow my own path. My name is Kubo. This is my story. »
Kubo est un jeune musicien, un conteur d'histoire qui vit dans la montagne ou il prend grand soin de sa mère, marquée par une histoire familiale tragique. Débrouillard et extrêmement talentueux avec son shamisen, il gagne un peu d'argent dans le village voisin en tenant en haleine avec ses histoires un auditoire amusée. Hélas il ne les finit jamais, car il ne doit surtout pas se trouver dehors quand la nuit tombe parce qu'il risque de se faire retrouver par son grand père, l'homme qui convoitait ces yeux. Mais un jour, malgré les mises en gardes de sa mère, Kubo se laisse piéger par le temps, alors qu'il se recueille près d'une lanterne, espérant parler avec son père. C'est ainsi que ces deux tantes, deux démons le retrouvent et le prennent en chasse. Kubo ne doit son salut qu'a sa mère, qui se sacrifie pour le sauver et qui le somme de retrouver l'armure magique, la seule chose capable de battre son odieux grand père. Déstabiliser après sa rencontre avec ses tantes, il se retrouve transporté à des lieux de là ou il se trouvait, un lieu ou il fait la rencontre d'un singe chargé de le protéger, un singe qui n'était jusqu’alors qu'une amulette et ce duo atypique se met en route pour une quête pleine d'incertitude et de danger …
Au final, ce fut 101 minutes d'un plaisir intégral ! Un film d'animation d'une beauté et d'une telle intégrité que je n'avais pas ressenti depuis le magnifique « The Book of Life » réalisé par l'excellent Jorge R. Gutierrez. Si le parallèle n'est pas évident pour tout le monde, il est assez simple en réalité. Lors de ce film d'animation je n'avais pas trouvé qu'une histoire palpitante, mais un film qui s'adresser à tous et qui était une déclaration d'amour à la culture mexicaine que chéri Jorge R. Gutierrez ; une chose que j'ai retrouver à l'identique ici et qui m'enchante au plus haut point …
Scénaristiquement parlant, le film est à la fois très riche et d'un autre coté peu surprenant. Ce qui n'est pas un défaut a proprement parlé, car comme d'autre avant lui, il reprend les grandes lignes de tout récit mythologique qui se respecte et qu'un certain Campbell à théoriser. On retrouve ainsi le jeune héros déraciné de chez lui qui doit subir une série d'épreuves pour éprouver son courage et enfin devenir un nouveau « lui ». Mais ce qui le fait sortir des sentiers perdus, c'est ce qu'il raconte et comment il le raconte.
« Un conteur qui raconte l'histoire d'un conteur qui conte son histoire »
La structure du film est assez réjouissante, car elle dénote une volonté de s'implique dans le récit et surtout de faire passer un message. De l'entreprise qui produit, jusqu'au résultat final, c'est un ensemble qui fonctionne en parfaite harmonie et qui à l'instar de Kubo est aussi un conteur, un conteur moderne qui implique des centaines de personnes dévouées dont le seul but est de créer ! Un acte de création et d'affirmation de soi que Travis Knight porte à merveille, qui réaffirme l'engagement du studio Laika et qui s'adapte à merveille au récit du jeune Kubo. De ce fait le récit nous parleras aussi bien à nous adulte qu'a un jeune public qui devra faire face à une histoire qui ne l'épargne pas (Adulte compris). C'est rare de trouver des films d'animations dit pour « enfant » avec une histoire aussi sombre et tragique dans le fond, Kubo est un jeune garçon orphelin de père qui fait subsister sa mère et lui en travaillant comme conteur dans le village du coin, avec comme épée de Damoclès une famille prête a tout pour lui voler son œil et le plonger dans les ténèbres.
Une noirceur qui est tout sauf agréable pour le jeune Kubo, mais que les scénaristes ont su dosé et amener avec une grande honnêteté. Rien n'est travesti ou atténué par des effets quelconques, le prologue est à la fois impressionnant et terrifiant, la première attaque des tantes de Kubo m'a fait sursauté et surtout il voit sa mère « mourir » sous ses yeux ! Des passages obligés qui donne le ton et qui font avancer l'histoire vers une autre étape, celle de l'affirmation de Kubo en tant que personne à part entière. Il n'est plus le jeune garçon que l'on connaît au début, mais le conteur, l'acteur de sa propre histoire qui prend conscience du monde qui l'entoure et de ses difficultés. Grâce à cela et à une fin inattendue, le film brasse un éventail de thème large, comme le rôle du père et de la mère (le « two strings » du titre original), celui de la famille et de son héritage, celui du deuil, l'amour, la confiance en soi et surtout le pardon ! Un acte qui permet de réconcilier le passé avec le présent et d'envisager le futur avec une sérénité retrouvé et que quoi qu'il arrive, il faut rester fidèle à ses valeurs (cf : les méthodes du studio laika)
Si épique et émouvant soit il, « Kubo and the two strings » est une « p.... » de prouesse technique aussi réjouissante que parfaite. Loin d’être de la « stop-motion » à papa, Travis Knight et ses équipes s'approprient le procédés tout en s'aidant des techniques modernes de productions, ce qui incluse l'assistance d'effets numériques. Et à l'écran cela rend admirablement bien. Concernant la direction artistique, l'influence des œuvres de Kiyoshi Saito se fait sentir, c'est à la fois épurée, détaillé et extrêmement chaleureux ou glacial , selon l'action à l'écran. Le résultat ? C'est un plaisir pour les rétines et je vous défie de ne pas dire « woow » au moins une fois. Une constante que l'on retrouve tout au long du film, que cela soit dans les moments calmes ou encore dans les scènes d'actions aussi généreuses qu'inventives ! La première apparition des sœurs ? Terrifiante ! Le squelette qui garde l'épée ? C'est palpitant de bout en bout ! Et ce ne sont que deux scènes parmi tant d'autre et l'on doit ça à la mise en scène dynamique du réalisateur qui concilie avec aisance, émotion, action et développement des personnages sans aucune faute de rythme. A cela on peut ajouter une bande originale de qualité et un doublage français pour une fois de qualité et c'est garanti sans aucune star de la tv ou de youtube …
Un film unique puissant, épique et émouvant !!!
" KUBO AND THE TWO STRINGS par MATT FERGUSON "