Capitaine Fantastic (2016) de Matt Ross

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Un film qui fait sensation dans les festivals (multi-primé notamment à Cannes et Deauville) depuis quelques temps déjà avec ce second long métrage du réalisateur-dialoguiste-scénariste Matt Ross (plus connu comme acteur de diverses séries) après son confidentiel "28 Hôtel Rooms" (2012). Le film relate l'aventure de la famille de Ben qui vit avec ses 6 enfants dans un coin de forêt à l'écart du monde moderne, un monde qui est pour lui vicié et dont il veut protéger ses enfants en leur apprenant la philosophie et la survie. Ben est interprété par l'excellent Viggo Mortensen dans un rôle taillé sur mesure pour cet artiste complet. La star est entourée de 6 enfants (de 8 à 18 ans par des acteurs allant de 7 à 24 ans) impeccables d'abnégation, investi dans une osmose palpable dans cette famille de Robinsons modernes.

Evidemment la vie recluse de ce genre nous fait penser à des films comme "Mosquito Coast" (1986) de Peter Weir et "Vie sauvage" (2014) de Cédric Khan, dans le thème de la vie en autarcie on peut aussi citer "The ballad of Jack and Rose" (2005) de Rebecca Miller et "Paradis Perdu" (2012) de Eve Deboise. Mais comme tous ces films précédents ce mode de vie à ses défauts et ses dangers, Matt Ross ne fait pas exception à la règle même si il y a un message plus optimiste et une morale qui se veut plus apaisante. En effet la vie en autarcie et 100% écolo prônée par Ben (et sa femme à l'origine) est d'une utopie flagrante et l'intelligence de Matt Ross est justement de ne pas tomber trop loin dans une démagogie moralisatrice. Néanmoins le personnage de Ben est rempli de contradiction dont on ne sait si c'est voulu ou pas par le réalisateur-scénariste. En effet Ben rejette tout du monde moderne (pas de télé, pas de jeux vidéos, honni le capitalisme et la société consommatrice... etc...), bref un anar écolo pur jus mais qui finalement use du système sans vergogne (va à la banque, roule en car polluant, offre des armes extrêmement coûteuses et issues de fabrique tout ce qu'il y a de plus capitaliste, accepte l'argent de ses beaux-parents plein aux as... etc...). Les valeurs de Ben sont bafoués en premier lieu par lui-même. Parallèle utopiste et contradictoire assumé par le cinéaste pour son personnage central où est-ce tout bonnement des facilités pour étoffer un scénario qui repose essentiellement sur l'amour intra-familial ?! Le propos du réalisateur n'est pas complètement clair et donc pas franchement assumé sur le fond anti-capitalise écolo, finalement on apprécie plus la partie filiale, solidarité familiale et amour fraternel. Une belle mise en scène, une belle photographie (signée Stephane Fontaine fidèle de Jacques Audiard) et des acteurs au diapason pour une belle aventure humaine mais qui pêche juste un peu par une conclusion facile et sans prise de risque.

Note :

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