Une passion
Portrait d’Eric Bouttier
Harry Baur aurait 116 ans s’il n’était mort il y a 73 ans! Voilà pour l’intro à la con; c’est fait. Pour les plus jeunes, attention les yeux ! Tous ses films sont en Noir et Blanc…
Je voue donc, presque raisonnablement, une passion au comédien Harry Baur.
Les ciné-clubs sur Antenne 2 et FR3 de ma jeunesse portent la responsabilité de cet amour, où étaient régulièrement programmés les films estampillés: Patrimoine. Notamment 7 films avec Julien Duvivier de « David Golder » à « Un carnet de bal » en passant par « Poil de carotte » ou « la tête d’un homme »… Harry Baur inspire quand il ne révèle pas.
L’homme dégage une force à la fois douce et dangereuse : ou bien bonhomme, patelin, ou alors Pachyderme inquiétant, à l’instar d’un hippopotame, d’une dolence qui peut couver une menace.
A travers sa filmographie, où il a incarne chaque facette de l’Humanité, la bienveillance douloureuse domine. « Un carnet de bal » (Duvivier) : protecteur. « Le président Haudecoeur » (Dréville) : dupe. « La tête d’un homme » où il joue un inspecteur Maigret tour à tour, dur ou compréhensif. « Mollenard » (Siodmak) abîmé et trahi, il ne tend que dureté. Il livre une interprétation déchirante de Beethoven dans « Un grand amour de Beethoven » (A. Gance). Il sait même être facétieux « Volpone » (M. Tourneur). Chacun de ses rôles est habillé de l’Humanisme du comédien, c’est un chose rare.
Extrêmement convaincant en Porphyre du « Crime et châtiment » de Chenal, et bouleversant dans le rôle-titre « Samson » de Tourneur, ainsi que son ultime interprétation, noyée de tendresse « L’assassinat du Père Noël » (Christian-Jacque).
Mais Harry Baur sera, avant tout et à jamais, le Jean Valjean des « Miserables ». Version filmée de l’oeuvre de Hugo par Raymond Bernard, sorti en 1934, en 3 films. Harry Baur y est, y incarne, y démesure, y transpire, y compose, un Jean Valjean unique, inoubliable et inégalé. Dans ce film il est l’homme plusieurs à l’aune de ce qu’était le comédien.
Biographie Allocine Harry Baur :
Fils d’un horloger-bijoutier d’origine lorraine, Harry Baur ambitionne de devenir marin. Après une enfance à Paris, il s’enfuit d’une institution religieuse et gagne Marseille. Au bout de quelques mois de fugue, il est rappelé à l’ordre par sa mère, qui l’envoie poursuivre sa scolarité à Saint-Nazaire. Il repart ensuite dans la cité phocéenne, où il s’inscrit à l’école d’hydrographie mais l’adolescent indiscipliné ne tarde pas à en être renvoyé. Ses rêves de marin envolés…