L’odyssée – 14/20

L'Odyssée : AfficheDe Jérôme Salle
Avec Lambert Wilson, Pierre Niney, Audrey Tautou

Chronique : L’ambition de l’Odyssée est à la hauteur de la stature de l’homme qu’il projette de raconter. Une icône française, une figure du 20ème siècle parmi les plus marquantes. C’est dire les pièges qui guettaient ce biopic particulièrement attendu. Parce qu’il couvre une période très large et parce qu’il s’agit de respecter l’œuvre tout en évitant de glorifier l’homme, le projet se devait d’être à la fois impressionnant sur la forme et honnête sur le fond. Mission accomplie.
L’Odyssée est une fresque dense et romanesque, loin de l’hagiographie que l’on aurait pu redouter. Le film rend hommage au visionnaire mais n’épargne par l’homme. JYC est un héros tour à tour chef de famille, explorateur, utopiste, businessman… aucune facette de sa personnalité n’est négligée, le clinquant comme les côtés sombres. Salle illustre assez finement comment le rêve de Cousteau s’est trouvé à un certain moment dépassé par la réalité.
Il s’appuie pour cela sur la relation du marin avec son fils Philippe, c’est elle qui cristallise toutes les ambigüités de JYC. D’ailleurs, L’Odyssée ne couvre par la période pendant laquelle le fils est à l’internat et se trouve éloigné de son père. Il ne raconte pas les débuts de la notoriété du commandant, et n’informe par exemple de la Palme d’or cannoise reçue pour le monde du silence que par un flash-back en coupures de presse. Le film ne reprend que lorsque Philippe retrouve son père sur le Calypso. Il sert au réalisateur de filtre pour traduire à la fois l’admiration porté à Cousteau et le ressentiment éprouvé face à un personnage parfois aveuglé par sa mégalomanie.
Le scénario est dynamique et prenant, on ne s’ennuie jamais. On est intrigués par l’évolution des relations entre le fils et son père et subjugués par les magnifiques images des grands espaces que nous offre L’Odyssée. Car le film rend fortement hommage au travail du Commandant Cousteau en restituant des paysages splendides, brillamment mis en valeur par la musique de Desplat.
Le réalisateur peut aussi compter sur des acteurs impliqués, visiblement conscients de l’ambition du projet. Si Lambert Wilson fait plus du Lambert Wilson qu’il n’incarne Cousteau, cela suffit à faire le job. Il a en tout cas la carrure du personnage et n’est jamais hors-sujet. Mais ce sont Pierre Niney, mélange de charme, de fragilité et de détermination et surtout Audrey Tautou, bluffante de sincérité gouailleuse en épouse blessée qui marquent les esprits. Avec l’Odyssée, Jérôme Salle signe donc un biopic ample et réussi, naviguant entre zones d’ombre et instants de grâce.

Synopsis : 1948. Jacques-Yves Cousteau, sa femme et ses deux fils, vivent au paradis, dans une jolie maison surplombant la mer Méditerranée. Mais Cousteau ne rêve que d’aventure. Grâce à son invention, un scaphandre autonome qui permet de respirer sous l’eau, il a découvert un nouveau monde. Désormais, ce monde, il veut l’explorer. Et pour ça, il est prêt à tout sacrifier.