Réalisateur : Mel Gibson
Acteurs : Andrew Garfield, Vince Vaughn, Teresa Palmer, Sam Worthington, Luke Bracey, Rachel Griffiths, Hugo Weaving,...Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Drame, Guerre, Biopic.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h11min.
Synopsis :
1945, alors que la guerre dans le Pacifique faisait rage et que les forces américaines menaient l’une des batailles les plus acharnées du conflit sur l’île d’Okinawa, un soldat s’est distingué. Desmond T. Doss, un objecteur de conscience, qui bien qu’ayant fait le serment de ne jamais tuer ni toucher à une arme, voulut servir son pays et s’engagea dans l’infanterie. Fidèle à ses convictions et armé de son seul courage, il a sauvé la vie de dizaines de soldats blessés en les ramenant un par un en sureté, sous le feu ennemi.Critique :
#TuneTuerasPoint : Gibson filme l'apocalypse comme personne,laisse parler les images et non les hommes,glorifie les soldats et non la guerre pic.twitter.com/JJuMYsvoyi— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) October 21, 2016
Ce n'est un secret pour personne, et encore plus pour les cinéphiles endurcis que nous sommes, Hollywood est une véritable putain qui recrache ses enfants chéris presque aussi vite qu'elle les propulse au sommet; et plus violemment encore, les talents ayant un trop net penchant pour l'auto-destruction.
Sans l'ombre d'un doute l'acteur-réalisateur le plus doué et insaisissable de sa génération - avec Kevin Costner -, Mel Gibson paye depuis près d'une décennie, une dette bien trop élevée pour un seul homme, boycotté quasiment de toute part par une industrie qui ne veut plus vraiment de lui (autant pour ses frasques que son âge/date de péremption trop avancé au goût des producteurs visant la jeunesse éternelle), malgré des compositions toujours exemplaires (Hors de Contrôle, Le Complexe du Castor).
Gageons au fond que, comme son cinéma qui est férocement marqué par le thème de la rédemption, Mad Mel semble doucement mais sûrement organiser son retour et (enfin) entrevoir le bout du tunnel, lui qui, après l'excellente série B Blood Father cet été, nous revient derrière la caméra ces jours-ci avec l'alléchant Hacksaw Ridge - Tu ne tueras point par chez nous, plus sentencieux -, dans lequel on fondait énormément d'espoir.
Tiré d'une histoire vraie extraordinaire, le film suit le parcours rugueux de Desmond Doss, un objecteur de conscience, qui bien qu’ayant fait le serment de ne jamais tuer ni toucher à une arme, voulut servir son pays en pleine guerre du Pacifique et s’engagea dans l’infanterie sur l’île d’Okinawa; là ou la bataille était la plus acharnée.
Fidèle à ses convictions - quitte à être sauvagement malmené par l'hostilité des siens - et armé de son seul courage, il a sauvé la vie de dizaines de soldats blessés en les ramenant un par un en sureté, sous le feu ennemi.Fasciné depuis les prémisses de son cinéma, par les thèmes de la rédemption et de la religion - étroitement liés -, Mel Gibson profite du parcours initiatique douloureux de Doss (figure extrêmement croyante perçu comme dangereuse par ses pairs, avant de devenir un héros insoupçonné et courageux), pour mieux laisser exploser à l'écran la puissance visuelle et idéologique qui régit son oeuvre, à travers une chronique aussi violente que furieusement humaniste, poussant constamment à la réflexion son spectateur autant sur l'impact de la foi sur une âme croyante malmenée, que face à l'horreur de la guerre; volontairement outrancière - et le mot est faible - mais réaliste.
Pamphlet anti-guerre maitrisé et moraliste, prenant son temps pour croquer aussi bien la personnalité fascinante et emplit de détermination qui lui sert de sujet, que pour faire grimper la tension et la force évocatrice de ses scènes de combat profondément viscérales (leur impact sur nos rétines est dévastateur); Tu ne tueras point est une expérience de cinéma radicale, inconfortable, émouvante et en tout point remarquable, qui n'est pas sans rappeler le chef-d'oeuvre La Ligne Rouge de Terrence Malick (et même Braveheart).
Si Gibson n'a rien perdu de sa maestria aussi bien d'un point de vue mise en scène (de son découpage virtuose à certains plans, littéralement à tomber) que d'un point de vue direction d'acteurs (Andrew Garfield et Vince Vaughn, parfaits, trouvent ici l'un de leurs meilleurs rôles); il filme encore une fois l'apocalypse comme personne, laissant parler les images et non les hommes, glorifiant les soldats et non la guerre.
Oui, Mad Mel est définitivement de retour, et ça nous fait franchement chaud au coeur.
Jonathan Chevrier