CALLS : Les histoires se racontent aussi sans images

La semaine dernière est sorti Calls, un court métrage assez original puisqu’il a la particularité de n’être que sonore. Pendant dix minutes, pas une seule image, juste cette bande sonore et votre imagination pour tout mettre en scène. On a beaucoup aimé ce format et on a voulu en savoir plus sur ce projet en rencontrant ses créateurs, Timothée Hochet et Norman Tonnelier.

Si vous arpentez régulièrement Youtube et les réseaux sociaux, il est quasiment impossible que vous ne soyez pas tombés sur Calls, l’expérience auditive de Timothée Hochet et Norman Tonnelier. Depuis sa mise en ligne le 3 octobre dernier, le court métrage a déjà été vu plus de 350 000 fois et partagé sur de très nombreux sites. Il faut dire que le format est assez original pour un court métrage posté sur une plateforme vidéo puisque vous ne verrez pas une seule image. Tout a été pensé pour faire travailler l’imagination des spectateurs. Au début de la vidéo, on nous propose même de partager l’expérience que nous allons vivre au travers de dessins, réactions face caméra, descriptions écrites, etc …

Timothée Hochet n’est pas un nouveau venu dans l’univers de Youtube, il a posté sa première vidéo, un podcast humoristique, en juin 2011. « J’aimais faire des petites vidéos, rien de fou dans ces podcasts. J’en ai fait un et ça a bien marché dans mon lycée, du coup j’en ai fait d’autres et ça s’est exporté. C’était la mode des podcasts, c’était Norman, c’était Cyprien.» Mais très vite, le côté podcast l’a lassé et il a voulu faire des vidéos plus ambitieuses, plus personnelles peut-être car le monde des podcasteurs tourne assez vite en rond. « J’en ai eu marre assez rapidement de faire toujours la même chose, je voulais tenter d’autres choses, je voulais plus aller dans la fiction. A cette époque, je me suis mis à voir beaucoup de films et en regardant les choses que j’aimais, je me suis mis à vouloir faire mes propres créations. C’est ce que j’ai essayé de faire en faisant des petits courts métrages de quatre, cinq minutes. » Après ces premiers courts métrages, il se lance dans un projet plus ambitieux avec Relationship, une web-série en huit épisodes qui a, dès le lancement du projet, enthousiasmé les abonnés de la chaîne puisque le Ulule mis en place pour financer le tournage a été validé à 170%. Relationship est ensuite diffusé de septembre à octobre 2014 et rencontre une belle audience sur les huit épisodes. En parallèle de sa chaîne personnelle, Timothée Hochet écrit et réalise des courts métrages pour la célèbre chaîne Studio Bagel. Il a par exemple travaillé sur UP’LIFE, La chasse au trésor ou encore Histoire Vraie.

Web Série Relationship

Depuis la création de la web-série Relationship, Timothée Hochet travaille avec Norman Tonnelier, qui s’occupe de toute la partie sound design des courts métrages. « Maintenant, dès qu’il fait une vidéo, on travaille ensemble. On fait du mixage, de la musique. En parallèle, j’ai lancé une chaîne Youtube pour parler de la musique et du son au cinéma et dans les séries car c’est un sujet souvent un peu délaissé ». Plutôt autodidacte, Norman Tonnelier nous a expliqué les principaux enjeux du montage sonore de Calls. Il faut dire que c’est un court métrage assez particulier puisqu’il est volontairement dénué d’images, ce qui fait que le travail du son est primordial. Si vous avez déjà écouté Calls, vous aurez remarqué que le rythme est crescendo, plus on avance dans la narration, plus le rythme accélère, et ce rythme, il a fallu qu’ils le trouvent et qu’ils l’adaptent à l’histoire. « On a fait un premier montage où au niveau du rythme et de la dynamique tout était ok et ensuite j’ai exporté le tout dans un autre projet (ndlr : sur le logiciel de montage sonore) afin de commencer à faire la musique. Une fois que le rythme de la musique était posé et que j’ai commencé à composer des trucs par dessus, je me suis rendu compte qu’à certains moments, ça n’allait pas au niveau du montage du son. Du coup, j’ai rajouté de l’air entre certaines répliques pour caler tout ça de façon parfaite avec la musique. On a fait pas mal d’allers-retours entre le montage sonore et le montage de la musique. »

La discussion avançant, on s’est aussi posé la question de l’enregistrement des voix. Naïvement, on s’est dit que cela avait dû être compliqué de réunir toutes ces personnes et de leur faire enregistrer leurs rôles. Mais ils sont allés au plus simple. Vu qu’il s’agit d’enregistrements téléphoniques, ils ont demandé aux différents acteurs de jouer leurs répliques en s’enregistrant avec leurs téléphones et de faire plusieurs prises de chaque réplique pour choisir les meilleures. Ce qui fait que presque personne ne s’est rencontré physiquement pour les enregistrements. Le succès de la vidéo a beaucoup touché les deux jeunes hommes mais ils en retiennent un montage assez long et éprouvant. « Au début c’est cool, nous confie Timothée, on fait vivre une petite histoire d’amour mais quand ça devient le bordel c’est éprouvant. A chaque fois, on devait se réunir pour choisir les bonnes prises, dérusher toutes les prises de sons, etc… Il fallait écouter toute la piste et choisir la meilleure en fonction des situations, du ton, des enchaînements. C’était ça qui était long. Et après il fallait tout mettre en rythme et surtout que ça sonne naturel. »

Norman Tonnelier et Timothée Hochet

Quand il a écrit Calls, Timothée Hochet voulait jouer avec l’imagination des gens et il souhaitait dès le départ du projet savoir ce que les gens imagineraient en écoutant son expérience auditive. « On a reçu des dessins, on a reçu des théories écrites et c’est assez cool de pouvoir découvrir l’expérience que les gens ont eu » explique-t-il. Au Cinéphile Anonyme, vu qu’on a beaucoup aimé Calls, on a demandé furtivement à Timothée et Norman s’ils comptaient refaire une seconde expérience auditive du même type. Pour l’instant, ce n’est pas prévu dans leur programme mais ils n’excluent pas de le refaire un jour. Donc qui sait, n’hésitez pas à suivre leur projet et peut-être qu’un jour, ils rejoueront subtilement avec votre imagination.