Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature.Grave – 15 Mars 2017 – Réalisé par Julia Ducournau
Avant de le découvrir il y a quelque jours au « F.I.F.I.B », le premier film de Julia Ducournau « Grave » était tout ce que je n'appréciais pas ! Car son traitement médiatique est tout ce qui peut m'agacer. Oui c'est le dernier petit film à la mode qui fait fureur dans chaque festivals ou il est programmer et qui est encenser par une critique dithyrambique, alors que le simple mortel lui n'a pas vu encore une seule image. Ce non recul sur un film qui n'est alors réserver qu'a un public limité me rend toujours méfiant, car un festival reste toujours un monde à part et que personnellement je n'aime pas l'unanimité …
Mais force est de reconnaître que mes craintes furent vite dissipées et que « Grave » est à la hauteur de sa réputation, un film de genre (horreur) qui va au bout de ses idées et ça, c'est bien !
Justine est la petite dernière d'une famille de deux enfants, discrète et effacée elle n'en est pas moins une élève brillante. Une qualité qu'elle s’apprête à mettre à l’œuvre lors de sa rentrée à l'école vétérinaire. Une école que son père, sa mère et sa sœur ont ou fréquente encore. D'ailleurs Justine voit sa rentrée se passer convenablement, elle est une élève douée et sa sœur est là en cas de problème. Sauf qu'elle n'avait pas anticipé le bizutage et l'environnement hostile dans lequel elle va évoluer. Un monde nouveau s'ouvre alors devant elle, pleins de mystères et d'expériences d'un autre genres ...
Bref comme j'ai pu le laisser entendre plus haut, « Grave » de Julia Ducournau est un « vrai » bon film de genre qui aime ce qu'il fait et qui aime nous le montrer. Un petit miracle dans le paysage cinématographique français qui fait énormément de bien, car il rappelle que l'on sait faire autre chose que le diptyque comédie/drame, que l'on a les idées et surtout le talent. Diplômée de la Femis dans la section scénario et grande fan du cinéma de David Cronenberg, la réalisatrice Julia Ducournau écrit une histoire à la frontière de plusieurs genres, horreur, comédie et drame qui fait la part belle au corps dans le sens le plus général.
Celui que l'on a, celui qu'on explore et celui que l'on désire ! On parle ainsi de sexualité, de passage à l'age adulte, d'héritage familial, de relation fraternelle, du sentiment d'appartenance à un groupe tout ça par le prisme du cannibalisme. L'anthropophagie n'est alors pas un outil pour avoir du gore à l'écran, mais bien un moyen de faire avancer l'intrigue, d'étoffer la caractérisation des personnages et de participer à l'ambiance générale du film. Cette constante se trouve en balance avec un humour noir qui arrive toujours à point nommer et qui vous fera autant rire que frissonner.
Des petites bouffés d'airs que Julia Ducournau utilise avec parcimonie et qu'elle maîtrise totalement, tout comme le rythme de son film qui sait alterner, entre malaise et terreur pure. Ajoutons à cela le choix d'un cadre judicieux qui est assez vastes pour nous perdre et assez vieux pour nous faire ressentir l'état de décrépitude du lieux, symptomatique des choses qui se passent à l'intérieur depuis des années; la photographie de Ruben Impens dans les tons grisâtres, qui rappelle la pâleur et le corps émacié de l'interprète principale ; puis pour finir la musique de Jim Williams qui oscille entre lyrisme et tension maximale.
Quant au casting, il est tout aussi réjouissant que le film lui même. Tout d'abord dans le rôle de Justine, on trouve Garance Marillier. Une actrice au physique de crevette qui est étonnant de part son talent, son engagement et un charisme indéniable, qui dépasse totalement la première impression que l'on a d'elle. C'est une actrice qui fait mal et qui nous bouscule tant elle semble n'avoir aucune limite. Sa grande sœur est jouée par Ella Rumpf. Une actrice qui a elle aussi beaucoup de talent, de prestance et une énergie qui crève l'écran en un clin d’œil. La relation qui se créée entre elle et Garance est très naturelle, rendant leur complicité comme leurs conflits palpables et totalement crédible. Puis il y a aussi Rabah Nait Oufella dans le rôle d'Adrien, le coloc sympa qui joue à la fois le bon copain, l'amie et le confident. Il est le point d'ancrage dans la réalité pour Garance et l'assurance pour elle de trouver une épaule complaisante. L'acteur fait ça avec une réelle bonhomie et une sincérité a toute épreuve.
Cela sort au mois de Mars 2017 et je vous ordonne d'aller le voir !;