[CRITIQUE] : Doctor Strange

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Scott Derrickson

Acteurs : Benedict Cumberbatch, Mads Mikkelsen, Chiwetel Ejiofor, Tilda Swinton, Benedict Wong, Rachel McAdams,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Science-Fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h55min.
Synopsis :
Le film suit les aventures du talentueux neurochirurgien Stephen Strange qui, après un terrible accident de voiture, doit mettre son égo de côté et découvrir les secrets d'un monde mytique et de dimensions alternatives.
Installé à Greenwich Village, Strange doit devenir l'intermédiaire entre le monde réel et ce qui existe au-delà, en utilisant sa grande palette de pouvoirs et un ses artefacts pour protéger le monde Marvel.


Critique :
Origin story (très) classique, #DoctorStrange n'en est pas moins un blockbuster audacieux et divertissant, magnifié par un visuel renversant pic.twitter.com/7nSqh7iHnD— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 23 octobre 2016


Et si l'édifice Marvel n'était plus aussi solide et inébranlable qu'auparavant ?

Si son succès en salles n'est pas (plus ?) à prouver, son amour auprès des cinéphiles que nous sommes lui, se voit de plus en plus discuté par une concurrence des plus féroce, menée par un DC-verse certes moins solide et serein, mais bien plus généreux et enclin à offrir des moments de cinémas généreux et originaux aux spectateurs, avec des cinéastes talentueux à la barre (enfin plus ou moins, pas vrai David Ayer).
Pire, même la propre section télé du MCU logée chez la belle enseigne Netflix, fédère presque autant de fidèles à sa cause que les aventures du Cap America et Iron Man sur grand écran.
Si le fight en salles entre Batman V Superman et Captain America : Civil War n'a pas forcément eu lieu (le second a dominé autant les avis que le box-office), en revanche, la version longue du premier a sensiblement renversé les débats quand au potentiel évident de l'écurie DC a frapper là ou sa fait mal l'empire MCU.

Second métrage annuel de la major, à la production compliquée mais moins tumultueuse que celle récente d'Ant Man (coucou Edgar Wright), Doctor Strange, personnage majeur des comics prenant ici les traits du so cool Benedict Cumberbatch, attisait autant les craintes que les attentes d'un auditoire espérant que cette (obligée) origin story soit aussi singulière et réussite que celle des Gardiens de la Galaxie signée James Gunn, tout en étant marqué autant par l'ADN du comic original (psychédélique et inclassable, la campagne promotionnelle laissait présager que Scott Derrickson s'imprégnait pleinement du matériau mère) que par celui de l'ADN Marvel (le Doc étant appelé à devenir un Avenger d'ici Infinity War).


Odyssée occulte façon origin story Kafkaïenne plongeant tête la première dans les méandres délirants d'une figure imposante de l'écurie Marvel (et même de la pop culture, tout court), le film de Scott Derrickson, tiraillé par l'envie de s'écarter de l'aspect consensuel Marvel tout en restant à porté de vue de celui-ci; incarne un trip improbable - mais hautement divertissant - entre Inception et Iron Man, bourré jusqu'à la gueule d'idées inventives tout en restant sagement dans les griffes d'une " méthode " Marvel affreusement classique et castrant (un brin) tout élan singulier.

Pillant (volontairement ?) le chef d'oeuvre de Nolan à coups d'outrances visuelles et de distorsions de l'image/espace absolument grandiose, magnifié par une 3D remarquable (la meilleure depuis Gravity) et des SFX éblouissants, Doctor Strange retranscrit avec malice l'esprit psychédélique des comics par la force d'un visuel bluffant et d'une richesse folle; embarquant tout du long son auditoire au sein d'une aventure vertigineuse (et tranchant complètement avec l'esprit super héroïque habituel sur grand écran) tentant de masquer, comme le ferait son Sorcier Suprême, les grosses facilités scénaristiques que même les nombreux puzzles urbains et autres jeux de miroirs, ne peuvent pleinement faire oublier.

Annoncé depuis des lustres comme le successeur évident d'un Iron Man/Robert Downey Jr (logiquement) en fin de parcours, Marvel pousse son yes man Derrickson à ne pas dementir ses intentions en faisant du métrage un copie-calque peu inspiré - mais presque inévitable - de la péloche de Favreau, avec une présentation schématisée et sans grande saveur du Doc (Cumberbatch, parfait), ici jumeau un brin appuyé de Tony Stark.

Prévisible, ne s'imprégnant jamais vraiment de ses personnages (à la caractérisation fébrile) et tronqué par un humour pas toujours bien amené, le script du papa de Sinister est sans aucun doute le maillon faible du film, malgré une pluie de seconds couteaux impliqués (Chiwetel Ejiofor et Mads Mikkelsen en tête) et un score remarquable du talentueux Michael Giacchino.

Excentrique, élargissant joliment le spectre du MCU, classique tout en étant bluffant et visuellement délirant, Doctor Strange est un opus de présentation aussi novateur et jubilatoire qu'un brin anodin.

Pas un blockbuster lambda pour autant, le métrage aurait sans doute mérité un meilleur cinéaste à sa barre pour s'inscrire pleinement dans les pas des Gardiens de la Galaxie, encore et toujours le meilleur film du MCU.

Jonathan Chevrier