MR WOLFF (Critique)

Par Cliffhanger @cliffhangertwit

SYNOPSIS: L'histoire de Christian Wolff, un expert-comptable dans le civil qui est en réalité à la solde de la mafia.
Petit génie des mathématiques, Christian Wolff est plus à l'aise avec les chiffres qu'avec les gens. Expert-comptable dans le civil, il travaille en réalité pour plusieurs organisations mafieuses parmi les plus dangereuses au monde. Lorsque la brigade anti-criminalité du ministère des Finances s'intéresse d'un peu trop près à ses affaires, Christian cherche à faire diversion : il accepte de vérifier les comptes d'une entreprise de robotique ayant pignon sur rue. Problème : la comptable de la société a décelé un détournement de fonds de plusieurs millions de dollars. Tandis que Christian épluche les comptes et découvre les rouages de l'escroquerie, les cadavres s'accumulent...

Christian Wolff est un expert-comptable un peu particulier, ses clients comptent parmi les plus dangereux de la planète : cartels mexicains, familles mafieuses, font appel à lui pour repérer tout détournement dans leurs comptes forcément illicites mais c'est également un autiste savant, génie des mathématiques doublé d'une véritable machine à tuer ... enfin M.Wolff n'est qu'une de ses nombreuses identités. Quand il accepte d'auditer les comptes d'une société technologique dirigé par Lamar Black ( John Lithgow) où la comptable ( Anna Kendrick) a décelé un détournement de fonds il va se retrouver confronter aux fantômes de son passé alors que Ray King ( J.K Simmons), directeur de la brigade anti-criminalité du ministère des Finances est bien décidé à capturer le mystérieux " comptable du crime " avant son départ à la retraite. Le cinéma hollywoodien est parcouru de cycles nostalgiques où il revisite les modes de décennies précédentes et logiquement après le revival des années 80, Mr Wolff ranime les codes en vogue dans les années 90 : le thriller " à concept " né dans le sillage de Die Hard - qui avait contraint les stars d'action des 80's à ajouter une couche de " sophistication " à leurs films ( Eraser pour Arnold Schwartzenegger ou The Specialist pour Sylvester Stallone par exemple) - le thriller financier, l'archétype de l'autiste savant (inauguré avec le personnage de Dustin Hoffman dans Rain man). Là ou Code Mercury (1998) mixait le concept de Rain Man avec celui du Fugitif, le film de Gavin O'Connor offre un croisement entre Rain man et la mythologie du tueur à gages qui devient la cible de ses employeurs pour protéger une innocente (on se souviendra que The Killer de John Woo est sorti en 1989). M.Wolff joue avec tous ces clichés avec un tel aplomb que l'humour qui en découle ne peut être involontaire. C'est un authentique pastiche du genre, pas une parodie mais un " à la manière de " des plus réjouissants.

Bien qu'il prenne les atours d'un thriller de luxe, M. Wolff est un pur moment de pulp digne des romans de gare (comme souvent les thrillers de studio des 90's) . Tout autiste qu'il soit le personnage de Ben Affleck avec son aptitude surhumaine au tir et sa manière de détruire à mains nues ses adversaires sans se départir de son attitude imperturbable est une version de Batman, à peine moins compétente, en costume trois-pièces ( Affleck qui a tourné le film après Batman v Superman a la carrure d'un tank) qui entre deux carnages couvre un mur de formules mathématiques. Cette dimension batmanienne est renforcée par de petits détails comme sa remorque -batcave qui contient un véritable arsenal ainsi qu'une collection de devises, un Renoir, un Pollock et sa copie originale d' Action Comics, Vol. 1. (oui M.Wolff est un geek !). L'humour imprègne le script de Bill Dubuque ( The Judge) et surgit au travers des répliques de l'impassible Chris et ses interactions maladroites avec Dana Cummings (une charmante Anna Kendrick qui fait du Anna Kendrick mais le fait bien). Celui-ci évite au film le ridicule même quand s'enchaînent les péripéties et révélations les plus rocambolesques. Le script est assez malin pour garder le public en haleine jusqu'à une scène, plus maladroite, où un personnage, dans un long monologue explique (presque) tous les tenants de l'intrigue.

La réalisation sans fioritures de Gavin O'Connor ne surligne jamais l'humour des situations, au contraire il filme la violence de manière sèche et brutale aidé par un mixage sonore agressif. Sans être un grand réalisateur son apport au film n'est pas anodin , il y injecte une thématique familiale proche de celle de son drame sportif Warrior qu'il traite avec une rudesse bienvenue. Ses détracteurs diront que le rôle d' autiste mutique inexpressif convient parfaitement à Ben Affleck mais ils ont tort, Affleck apporte sa stature de star mais aussi un jeu nuancé qui évite de faire de Chris Wolff un avatar de Steven Seagal. Il est entouré d'excellents acteurs qui se régalent et nous régalent au premier rang desquels on trouve Jon Bernthal, l'acteur remarqué dans The Walking Dead et au cinéma dans Fury explose littéralement cette année avec sa prestation dans la saison 2 de Daredevil sur Netflix. Dévorant chacune de ses scènes il mélange menace, comédie et drame avec aisance dans le rôle du mystérieux Braxton un " opérateur " tout aussi dangereux que Wolff . J.K Simmons (qui retrouvera Batfleck en commissaire Gordon dans Justice League) est parfait en vieille baderne à l'esprit vif. Conclusion : M.Wolff,hommage réjouissant aux thrillers à concept des années 90 avec ses rebondissements rocambolesques, conjugue action, drame et humour assumé servi par une excellente distribution avec Ben Affleck, Jon Bernthal et J.K Simmons en MVPs.

Titre Original: THE ACCOUNTANT

Réalisé par: Gavin O'Connor

Genre: Action, Thriller, Drame

Sortie le: 1er novembre 2016

Distribué par: Warner Bros. France

TRÈS BIEN