Richard Eyre, 2006
À la veille d'Halloween, sachez que ce ne sont pas les démons qui vont swinguer dans votre télé. Non, malheureusement non. Mais contre mauvaise fortune bon cœur et c'est avec un joyau dominicalement cinématographique que nous vous proposons de repriser votre déguisement. Ce soir, préparez vous à voir ce que l'on appelle dans le jargon professionnel un VVFDS, soit UN VRAI VRAI FILM DU DIMANCHE SOIR.
Barbara (Judi Dench), est une vieille enseignante d'histoire célibataire aussi proche de la retraite que de son chat. Incapable d'aimer, sa vie va pourtant changer à l'arrivée de Sheba Hart (Cate Blanchett), la remplaçante du professeur de dessin. Se rapprochant inexorablement de la nouvelle venue, les choses vont prendre un tour plus qu'enthousiasmant pour la future retraité lorsqu'elle découvre que son " amie " a une liaison avec un lycéen. En gardant son secret elle sait désormais qu'elles seront liées à vie et qu'elle obtiendra, de force ou de gré, l'amour qu'elle a toujours recherché...
Qu'on vous le dise, apprêtez vous à regarder le meilleur des téléfilms de tous les temps ! Et là est toute la force dominicale de Chronique d'un scandale.
Si le film à tel potentiel " soirée du jour du Seigneur " c'est parce qu'il s'agit tout bonnement d'un film d'action psychologique. Remplacez Bruce Willis par Judi Dench, les gunfights par de nombreuses petites perversités et la menace par un détournement de mineur. Avec ces rebondissements à répétition, le film réussit parfaitement à alpaguer le spectateur qui reste naturellement scotché à son écran. Mais pas parce qu'il s'agit d'une œuvre qui explore avec finesse les méandres de la perdition et de la folie, loin de là. En plaçant judicieusement ses pions sur l'échiquier de la chute inévitable, le film offre une heure trente de compte à rebours tout en sachant rythmer le cheminement qui amènera à une fin plus ou moins prévisible.
Mais si nous insistons sur le mot téléfilm, c'est tout simplement parce que ce film mérite amplement l'épithète " télé " devant. Comme pour de nombreuses œuvres audiovisuelles créées pour le petit écran (l'après-midi sur TF1 ou M6, n'est-ce pas), Chronique d'un scandale met tout en œuvre pour justement faire du scandale. Des motifs psychologiques tirés (très fort) par les cheveux en passant par la situation des personnages qui ne cessent de s'inverser, le téléspectateur en a pour son abonnement. Exit la profondeur des sentiments et bonjour à la perfidie clichée. Notre patronne du M.I 6 se transforme en vilaine mamie frustrée qui oscille entre Maléfique et Annie Wilkes, sans que l'on sache vraiment pourquoi ; mais l'intérêt pour le film n'est pas là puisque le public doit juste mesurer à quel point folle et méchante elle est. La reine des elfes subit le même sort et incarne une mater familias aussi candide que mal dans sa peau qui ne cesse de chercher une maman, sans savoir s'entourer. La facilité et la pauvre teneur psychologique des protagonistes n'enlèvent pourtant rien au jeu du trio d'acteur principaux - ajoutez Bill Nighy dans le rôle du mari - qui interprètent admirablement bien les rôles de série B qu'on leur a attribués. Mélangez à cela les thèmes du cycle et de la répétition du passé et vous obtiendrez une pure soirée scandale et drama.
Le mélodrame " cérébrale " n'est qu'une toile de fond au mélo et le manque de profondeur n'ôte en rien la charge de divertissement, bien qu'il puisse provoquer quelques accès de ricanements.
Ce qui nous pousse à conclure par " et pourtant, on est complètement dedans "! Rare sont les films qui multiplient autant de défauts tout en restant intéressants. Surfant sur la vague du paradoxe, Chronique d'un scandale se tient parfaitement en équilibre sur le fil dominical et vous offre tout ce que vous demandiez un dimanche soir : un film-téléfilm.
Crédits images: shaanig.com (couverture) - toutlecine.challenges.fr - toutlecine.challenges.fr- mubi.com