Synopsis : " Corée. Années 30, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d'une riche japonaise (Hideko), vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d'un oncle tyrannique. Mais Sookee a un secret. Avec l'aide d'un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d'autres plans pour Hideko... "
Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position " je m'installe comme à la maison "ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te demande : " Alors ? "
Alors, que dire... difficile de trouver les mots une fois les lumières de la salle allumée de nouveau. Après une première production américaine en demi-teinte, Park Chan-Wook revient avec une nouvelle oeuvre sud-coréenne qui ne marquera peut-être pas les esprits à l'image d'un Old Boy et de son fameux plan-séquence sanguinolent, mais dont vous n'oublierez pas de sitôt la virtuosité. Acclamé par beaucoup, mais également décrié par d'autres, Park Chan-Wook reste cependant un virtuose de la caméra. Il la manie à la perfection et réalise des chorégraphies absolument magnifiques. Les cadres sont soignés, il joue parfaitement avec la profondeur de champ, les mouvements (panoramiques et travelling magnifique) sont d'une fluidité exemplaire et en parfaite coordination avec une mise en scène digne des plus beaux ballets. Park Chan-Wook agit tel un chef d'orchestre sur ses acteurs, sur les mouvements et actions de ses derniers.
Tout est acté, millimétré, afin de ne pas réduire le mouvement de la caméra à sa plus simple fonction : dynamiser. En plus de ce dynamisme indéniable offert par cette chorégraphie visuelle, chaque mouvement opéré par les cadreurs va venir apporter un sens et une tension (majoritairement sexuelle) à chacune des actions réalisés par les personnages. Une beauté et poésie visuelle - et plastique pour ne pas laisser pour compte la magnifique direction artistique qui vient ici sublimer cette non moins magnifique réalisation - faisant directement contrepoint avec un scénario où se joignent conjointement violence physique et folie psychologique. Park Chan-Wook conte par le biais de ce long-métrage, une histoire d'amour hors normes, une histoire d'amour où il est question de manipulation par les sentiments et l'acte sexuel. Perversité est mot d'ordre de cette histoire dans laquelle vont s'épancher deux personnages l'un pour l'autre, mais dont la sincérité sera à prouver jusqu'à la dernière seconde. Sincérité venant de la maîtresse de maison comme de la servante. Laquelle joue avec laquelle ou ne seraient-elles pas toutes deux en train de jouer avec nous ?
Avec Mademoiselle, Park Chan-Wook réalise une œuvre imparfaite, à cause d'une narration rendue confuse à certains moments dans le simple but de perdre volontairement le spectateur et relancer le jeu, mais au combien envoûtante. Un jeu machiavélique que le spectateur observe tel un voyeur caché derrière la serrure de la porte. Une perversité et un machiavélisme renforcé par une plastique absolument superbe. Une film hors normes, un film qui a ses défauts (une narration qui cherche volontairement à perdre le spectateur pour rien), mais une oeuvre si malsaine qu'elle en devient fascinante et envoûtante. Magnifiquement pervers.