Synopsis : " Dans un monde où les sentiments sont considérés comme une maladie à éradiquer, Nia et Silas tombent éperdument amoureux. Pour survivre, ils devront cacher leur amour et résister ensemble. "
Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position " je m'installe comme à la maison "ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te demande : " Alors ? "
Alors, encore une fois il va être question d'un film privé de sortie dans les salles de cinéma françaises. Sauf que cette fois, ce n'est pas une grande perte. Passionné par les romances et après avoir traité de l'amour à distance à cause d'une société caractérisée comme étant réaliste, Drake Doremus s'attaque à un amour impossible dans une société futuriste où le sentiment amoureux est considéré comme une maladie. À la manière d'un Perfect Sense (en moins poussé dans son exploitation des sens), Equals est un film sensitif. Sensitif non pas parce qu'il va chercher à exploiter les sens des personnages, mais bel et bien ceux mis en place par le cinéma. A savoir l'image et le son. Un film où le traitement du son est aussi, voire plus important que le traitement visuel. Ce qui va créer une atmosphère, décupler les émotions que vont ressentir les personnages et donner du corps à un univers froid et lisse. Un univers où les personnages agissent suivant un diktat qu'ils suivent sans se révolter. Il y a incontestablement un rapprochement à faire avec la série de Charlie Brooker, très à la mode en ce mois d'octobre : Black Mirror.
Au travers de ce film, Drake Doremus met en place une société et plus généralement système où les émotions sont considérées comme néfastes pour l'homme. Néfastes pour l'homme, en sous-entendu : cela empiète sur leur productivité et pourrait venir à détruire ce système si bien rôdé. Le metteur en scène, mais avant tout Nathan Parker qui signe ici le scénario, dénonce ce genre de système en optant pour le point de vue du protagoniste. Personnage qui souhaite en sortir pour vivre son histoire d'amour et plus concrètement devenir libre de ses actes et émotions. Cependant, là où Charlie Brooker développe un concept dystopique afin de mener à une morale et à une fin souvent dramatique dans le but de dénoncer, Drake Doremus n'exploite ce concept que dans la simple volonté d'embellir une histoire d'amour. L'environnement froid, et de ce fait oppressant, est intéressant, à l'image de la façon dont le réalisateur cadre ses personnages, mais incontestablement sous-exploité. Personnages cadrés de façon à démontrer qu'ils sont seuls et évoluent dans une société vide. Vide d'humanité, de sens, de tout. Ce qui va contrebalancer avec les nombreux plans d'insert fait sur les mains, visages, regards des personnages, servant à embellir encore une fois l'amour qu'ils partagent.
Equals est un beau film, un film intéressant dans sa manière de mettre en avant l'amour au travers d'un système froid et dénué d'émotion. L'utilisation du son est très intéressante, le mixage sonore très bon et apporte un côté mystique non négligeable, en parfaite cohérence avec l'univers visuel. Cependant, Drake Doremus n'exploite que partiellement cet univers à cause d'un scénario qui ne cherche qu'à être : une simple romance. Une romance qui cherche à s'émanciper d'une société déshumanisée. C'est beau, c'est bien fait et intéressant, mais plat et redondant, car sans véritable évolution ou ambition. Et cette fin... cette fin... quel dommage.