La revoilà donc ! La " vieille fille cinglée " la plus célèbre de notre époque, porte-étendard des serial-gaffeuses du monde entier. Une icône incontournable pour toutes les célibataires en mal d'amour, une sommité au panthéon des comédies romantiques : Bridget Jones. Elle revient dans ce troisième volet nous chantonner sa mélodie du bonheur à elle, pleine de fioritures et de fausses notes cela va de soi. On la pensait casée, comblée, éperdue de félicité... Et puis non. On retrouve une Bridget célibataire, sans enfant, dans le même petit appart cosy qu'il y a... douze ans, déjà. Retour à la case départ. On prend les mêmes - ou peut s'en faut - et on recommence. Avec une désagréable sensation de déjà-vu, certes, mais le plaisir aussi de renouer avec des personnages qui ont pris de la bouteille... mais sont restés égaux à eux-mêmes. La roue tourne, mais toujours dans le même sens, semble-t-il. Ce troisième film, c'est un peu l'apologie des éternels retours, où l'illusion du changement nous tient éloignée de la torpeur. Même si, dans sa première demi-heure, il laisse augurer du pire, comme si son intro n'était qu'un prétexte pour nous laisser pointer du doigt tous les défauts qui, au fil du temps, se sont accumulés autour (et sur) Bridget Jones. On atteint d'ailleurs le summum de la perplexité lors d'une parenthèse improbable dans un festival folk, avec un caméo, sympathique mais anecdotique, d' Ed Sheeran.
C'est là que Bridget va rencontrer le très (très) sexy Jack Qwant. Exit donc le malicieux Hugh Grant (il ne vieillit pas assez bien, d'après vous ?), place à l'appétissant Patrick Dempsey ! Mucho gusto ! Alors, jeu, set et match ? Ce serait sans compter sur le chevalier blanc, le très persévérant Mark Darcy, campé par l'irremplaçable Colin Firth. Le duel de coqs est annoncé, ne manque plus que la cerise sur le gâteau : un bébé. Oui, mais... de qui ? L'intrigue fait dans l'efficace, à défaut de donner dans l'originalité. L'affrontement pour le cœur (et les culottes géantes) de Bridget, on avait déjà vu ça (deux fois), il fallait bien que ces messieurs en viennent aux mains pour autre chose. Une histoire de progéniture (surprise), qui permet de surcroît d'analyser le phénomène des grossesses gériatriques (en cloque après 40 ans, quoi). La rivalité entre les deux possibles papas est assez cool au début, quoique franchement cruelle par moment. Les différences d'enjeux se ressentent rapidement que l'on penche pour Darcy ou Qwant. Et si ces trois-là sont en pleine confusion, les protagonistes satellites ont, eux, tous franchit le cap de la parentalité, et sont rangés des voitures depuis un moment. On se souvient alors avec une certaine émotion de " la brigade des cœurs en détresse ". Nostalgie, nostalgie. Renforcée par tous les ressorts soulignant l'âge de son héroïne, entourée de nouveaux amis... plus jeunes. Pour l'éternelle adolescente qui sommeille en elle, c'est l'heure du choix : mûrir, ou vieillir. Pas d'autre alternative, a priori.
On passera rapidement sur le pseudo suspense, entretenue par une hésitation factice, soutenue par la complexité des humains en matière de sentiments, toujours prompts à compliquer les choses, même les plus élémentaires. Rien n'y fera, pas même cette histoire d'algorithmes prétexte à se moquer des sites de rencontres, en rappelant au passage que rien ne vaut une bonne vieille rencontre IRL. Bah oui, on n'est pas dupes, nous. On la connaît, Bridget. Fidèle à sa réputation de feel-good movie, ce troisième (et dernier ?) opus est celui de la maturité, de la retraite, des adieux. Et nous promet que l'Amour, le vrai, le grand, vient à point à qui sait attendre... parfois très longtemps !
Titre Original: BRIDGET JONES'S BABY
Réalisé par: Sharon Maguire
Genre: Comédie, Romance
Sortie le: 5 octobre 2016
Distribué par: StudioCanal
BIEN