La voix interieure d’un personnage

Par William Potillion @scenarmag

Tous les personnages (c’est d’ailleurs vrai aussi pour nous) possède un ensemble de croyances plus ou moins manifestées.
C’est notre vie, nos expériences de la vie, notre vécu qui façonnent ces croyances.

L’auteur doit donc inventer une vie, des expériences de vie et un vécu pour chacun de ses personnages.
Parce que cela constitue un fond constant pour le personnage mais influence aussi énormément ses réactions selon les situations.
Et cette voix intérieure qui maintient un dialogue constant entre le personnage et lui-même est souvent muette dans le sens où il n’en a pas vraiment conscience.

L’environnement familial

On peut considérer comme un exemple l’importance de l’environnement familial dans le façonnage d’un personnage.
Il faut cependant reconnaître que cet environnement intervient dans de nombreuses constructions.

Imaginons, donc, un personnage principal qui a été élevé dans la crainte des personnes d’origine asiatique. Toute son enfance, il a entendu que ces personnes-là n’étaient pas des gens de confiance.

En grandissant, sur un plan intellectuel, il a évidemment aboutit à la conclusion que cette croyance était fausse.
Néanmoins, elle est enracinée en lui et en quelque sorte latente.

Cette attitude raciste virtuelle en conditions normales fait partie de l’intériorité du personnage. Et d’ailleurs, il est tout à fait possible que celui-ci soit conscient de cet aspect raciste de sa personnalité et qu’il lutte contre cela.

En d’autres cas, il pourrait s’être persuader qu’il n’est pas raciste car il n’a jamais œuvré dans ce sens. Jusqu’au jour où des circonstances provoquent cette résurgence raciste. Les sentiments refoulés s’expriment souvent dans les actes manqués.

La persona masque la véritable nature

Les auteurs utilisent souvent la persona comme moyen de cacher la véritable nature de leurs personnages jusqu’au moment où cette dernière se révélera.

Généralement, pour le meilleur.
Cependant, cette persona est foncièrement capable de révéler aussi le pire en l’être humain.
Votre personnage pourrait faire montre au quotidien qu’il n’est pas raciste. Et pour les autres personnages, c’est aussi une certitude.

Seulement, il pourrait s’avérer que lorsqu’il interagit avec des personnes asiatiques, son comportement pourrait être influencé par cette voix intérieure qui lui rappelle incessamment de ne pas faire confiance à ces personnes-là.

Comprenez-bien que la persona montre tout haut que le personnage n’a aucun préjugé sur les personnes asiatiques.
Cependant, certaines situations pourraient révéler un comportement contradictoire.
Et donc que l’environnement familial spécifique est à l’origine de cette attitude qui serait tout à fait différente chez un autre personnage qui n’est pas régi par les mêmes croyances.

En fait, on dit une chose et on en fait une autre.

Un passé bien travaillé

Tous les personnages de quelque importance dans l’histoire devraient posséder un passé bien dessiné. Vous pouvez retracer les principales influences qui ont défini votre personnage.

Et les influences clefs de son élaboration s’ancrent dans son passé.

Evidemment, il est inutile d’écrire des pans entiers de son passé (sauf si votre histoire l’exige).
Mais le passé devrait être au moins un résumé de tous les événements clefs de la vie d’un personnage ainsi que la description des modes de pensée (de ses proches, de l’éducation reçue, ses influences spirituelles…) auxquelles il fut confronté.

Concrètement, ce peut être une liste de ses croyances et éventuellement des événements à l’origine de ses positions et de ses propres vérités (qui peuvent être erronées, bien sûr).

C’est donc dans une compréhension approfondie de son personnage qu’un auteur peut développer la voix intérieure de celui-ci. Et plus est profonde cette appréhension du personnage, plus sa personnalité semblera réelle.
Et par conséquent plus apte à happer l’attention d’un lecteur.

Evidemment, dès que l’on parle de profondeur, on est face à l’obscurité. Etablir le passé d’un personnage exige des recherches.
Nous avons déjà abordé ce type de recherche chez Scenar Mag avec l’ennéagramme et la théorie narrative Dramatica.

On peut considérer que l’ennéagramme verse davantage dans le psychologisme que Dramatica. Le mieux est de considérer au moins ces deux approches et de tirer profit de ce qui vous parle le plus dans chacune d’elles.

Pour l’ennéagramme :
. L’ENNEAGRAMME POUR VOTRE PERSONNAGE – PART 1
. L’ENNEAGRAMME POUR VOTRE PERSONNAGE – PART 2
. L’ENNEAGRAMME POUR VOTRE PERSONNAGE – PART 3
. L’ENNEAGRAMME POUR VOTRE PERSONNAGE – PART 4

Concernant l’approche dimensionnelle que propose Dramatica :
. DRAMATICA : LA THEORIE EXPLIQUEE (17)
. DRAMATICA : LA THEORIE EXPLIQUEE (18)
. DRAMATICA : LA THEORIE EXPLIQUEE (19)

Un processus intimidant

Certes, mais vous n’avez pas non plus obligation d’écrire toute la vie d’un personnage avant que son histoire commence.
Quelques notes et les influences majeures peuvent suffire à démarrer le processus d’écriture de votre histoire.

Il suffit de se décider pour un point de vue du personnage sur le monde. Et de lui construire une perspective globale.
Vous pourriez aussi vous inspirer de personnes et aussi de personnages existants.
Au fur à mesure de la progression de votre histoire, vous pourrez élaborer et étendre cette inspiration.

En tant qu’auteur, vous devez pénétrer la tête de votre personnage, être à l’écoute de ses pensées intimes.
Une fois dans le scénario, rappelez-vous que vous devez trouver un moyen de montrer ces pensées à votre lecteur.

Car celui-ci ne vous accompagnera pas dans la tête de votre personnage. Il est fort probable qu’il trouverait cela assez ennuyeux.