Après la révélation " Suzanne " en 2013, Katell Quillévéré risque d'être à nouveau acclamé émotionnellement avec un projet plus ambitieux : L'adaptation du roman de Maylis de Kerangal, " Réparer les vivants " . Aussi ambitieux que réussi, retour sur une oeuvre bouleversante.
Tout commence au petit jour dans une mer déchaînée avec trois jeunes surfeurs. Quelques heures plus tard, sur le chemin du retour, c'est l'accident. Désormais suspendue aux machines dans un hôpital du Havre, la vie de Simon n'est plus qu'un leurre. Au même moment, à Paris, une femme attend la greffe providentielle qui pourra prolonger sa vie...Préparez-vous, les larmes seront aussi fortes que les vagues présentes dans le film à l'issu de votre séance. Sur une puissance cathartique redoutable, le film de Katel Quillévéré saisit son public en mettant-en-scène une histoire forte, rempli d'humanité. A l'ordre du film-choral , les chroniques de vies de ces personnages déboussolés par les événements sont ainsi racontés avec simplicité et pudeur pour laisser place à notre coeur.
Comme un film aussi culte que " Magnolia" , ce drame choral s'entoure d'un casting singulier, où se côtoient grands acteurs ( Anne Dorval, Tahar Rahim, Bouli Lanners), comédiens montants ( Finnegan Oldenfield) ou d'autres plus éclectiques ( Kool Shen, Monia Choukri) afin de contribuer à l'humanité du film avec ces héros du quotidien aux parcours différents.
On pense un peu à Paul Thomas Anderson, parfois à Innaritu, parfois à la catharsis émotionnelle d'un mélodrame de Todd Haynes mais Katell Quillévéré réussit à s'imposer en tant qu'artiste par des choix de mises-en-scènes plus qu'audacieuses sans tomber dans l'esbrouffe pure et dure.
Sortez les mouchoirs, " Réparer les vivants " est un film parfois dur, parfois joyeux qui ne laissera personne insensible, sauf si vous avez un " coeur " de pierre.
Victor Van De Kadsye