Synopsis : " À Los Angeles en 1965, une veuve et ses deux filles montent une nouvelle arnaque pour pimenter leur commerce de séances de spiritisme bidon. Chemin faisant, elles font involontairement entrer chez elles un esprit maléfique bien réel. Lorsque la fille cadette est possédée par la créature impitoyable, la petite famille doit surmonter une terreur dévastatrice pour la sauver et renvoyer l'esprit de l'autre côté... "
Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position " je m'installe comme à la maison "ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te demande : " Alors ? "
Alors, comme n'importe quel spectateur préférant juger avant de voir, je proclamais déjà haut et fort : " Dans quel bourbier t'es tu fourré Mike Flanagan ? ". Encore une fois, j'aurais dû me taire et voir l'œuvre en question avant de parler. Puisque oui, à ma grande surprise et après un premier épisode de piètre qualité, Ouija : Les Origines s'avère être une œuvre en marge des dernières productions américaines dites horrifiques parues sur nos écrans. À l'instar d'un Hush - Pas un Bruit (lire critique complète du film), Mike Flanagan se sert de son histoire et des outils mis à sa disposition par son art qu'est le cinéma, pour mettre en scène un film à ambiance plus qu'un film d'horreur. Loin des boîtes à jumpscares que s'avèrent être les autres productions américaines de ce type, le metteur en scène prend le temps nécessaire afin d'instaurer une véritable ambiance au sein de son film.
Les mouvements de caméra sont amples, légers, fluides et longs. Le découpage - qui joue également un rôle prépondérant dans les productions de ce type qui cherchent avant tout à créer la peur par l'apparition-surprise - est ici également plus léger avec un nombre de plans moins conséquent qu'à l'accoutumée. Là où d'autres productions chercheraient à faire du surdécoupage afin d'amplifier une tension, Mike Flanagan va le faire simplement avec le moins de plans possible. Réussir à faire transparaître quelque chose d'horrifique simplement par sa direction d'acteur et sa réalisation (exemple : plan rapproché taille en plongée sur la petite fille avec un mouvement vers l'avant jusqu'à la coupe via foudu enchaîné, ce qui montre l'opposition au cut sec). À noter une belle construction des plans grâce à une mise en scène qui joue habilement sur deux plans, ainsi qu'avec le hors champ. Ce qui va, avec l'aide omniprésente de mouvements vers l'avant (effets pouvant être créés en post-production), renforcer ce sentiment d'oppression et d'enfermement ressenti par le spectateur. Un spectateur sans cesse attiré vers l'avant ou à l'inverse projeté vers l'arrière, comme si l'esprit nous attirait ou à l'inverse nous repoussait.
Quelques jumpscares sont tout de même disséminés au cours du film, mais sont peu nombreux et simplement présents afin d'hausser la tension de la séquence en question. Ce n'est pas la séquence qui est au service de l'effet, mais bien l'effet qui est au service de la séquence. Car oui, le jumpscare n'est qu'un effet, une volonté de surprendre et de créer une peur sur l'instant chez le spectateur, mais si le climat n'est pas instauré au préalable par la mise en scène ou l'histoire, l'effet est totalement inutile. Néanmoins, là où techniquement le film est très intéressant, il l'est beaucoup moins concernant son histoire. Grâce à un trio d'actrices remarquable ( Elizabeth Reaser et Lulu Wilson en tête), l'on reste captivé, malgré une histoire banale, convenue et sans grandes surprises. Mis à part... la fin, qui réussit tant bien que mal à inscrire le film au cœur de ce qui semble devenir une saga. En faisant de cette suite un prequel et donc un premier épisode, Mike Flanagan confirme la légende que les suites sont toujours plus mauvaises que le film original. Malin !