[Direct-to-Vidéo] We are still here, scènes de la vie conjugale et spiritisme

Publié le 06 novembre 2016 par Rémy Boeringer @eltcherillo

We are still here de Ted Geoghegan, sorti directement en vidéo, le 27 septembre 2016, semble tout droit sorti des seventies, sans pour autant reprendre la gouaille de l’époque, instillant un ennui profond dont le casting nullissime n’est pas exempt de responsabilité.

Cherchant un refuge pour recommencer leur vie après la perte de leur fils en accident de voiture, Paul (Andrew Sensenig que l’on a aperçu dans l’excellent The battery) et Anne (Barbara Crampton) décide de quitter la ville pour la campagne. Pour une bouchée de pain, ils acquièrent une demeure du XIXème siècle. Les habitants du coin les dévisagent et leur plus proches voisins viennent les avertir qu’ils courent un danger.

Anne Sachetti (Barbara Crampton)

A la lecture même de ce synopsis, vous pourriez être tenté de ne pas chercher à aller plus loin et vous auriez probablement raison. We are still here n’implique aucune nouveauté, reproduisant un schéma éculé qui a eu raison de notre patience. Certains cinéastes nostalgiques s’en sortent en rendant un hommage amoureux au genre et réussissent à nous captiver en faisant du neuf avec du vieux mais la péloche de Geoghegan n’a pas d’attraits susceptible de plaire aux habitués de suspenses horrifiques et ennuiera d’autant les novices en quête de sensations fortes. We are still here, c’est Derrick en Nouvelle-Angleterre. Tout est ici d’une lenteur extrême, la mise en scène comme la structure scénaristique. Le choix des acteurs change, certes, des habituels groupes de jeunes (ou du jeune couple), installant un couple d’âge murs, en quelque sorte, déjà revenu de l’enfer, mais cette particularité se transforme rapidement en malus tant ils semblent avoir été recruté sur un plateau télé allemand. Le long-métrage s’enlise dans des considérations d’ordre psychologique dont les acteurs eux-même semble se rendre compte de la saveur insipide. On frise parfois Scènes de la vie conjugale d’Ingrid Bergman, c’est dire si l’on contemple le néant de ce couple. Ce que l’on peut trouver génial ou intriguant chez ce dernier ne convient absolument pas à un film d’horreur.

C’est que cette quiétude est à peine troublée par le surnaturel qui se manifeste à travers des problèmes de chaudières matérialisant ce qu’est We are still here, un film hors-temps (et non intemporel), perdu dans les années 2010, déjà daté avant que d’être. On imagine, avec un brin de complaisance, l’inspiration lointaine de Geoghegan venir du cinéma carpentien et l’idée originale (sic) des écrits lovecraftien mais du sens de la mise en scène et de la folie dure qui découle de ces œuvres, il ne reste rien. On a beau évoqué secte millénariste, culte occulte et joué sur la dépression d’Anne, ces nobles intentions sont noyés dans l’œuf avec l’arrivé d’un couple d’ami hippies, Jacob (Larry Fessenden) et May (Lisa Marie) aussi désagréables et inintéressants qu’inutiles. L’une des principales manière de rater un film d’horreur est celle-ci, proposer des personnages ne déclenchant aucune empathie. Une seconde est d’émettre des pistes sans jamais leur donner de la substance, une erreur dans laquelle se vautre We are still here. A la fin du film, on se demande bien à quoi servait les personnages secondaires, et pourquoi, bon Dieu, mourir fut si long pour tous ces apôtres de l’ennui et du jeu à encéphalogramme plat.

Daniella (Kelsea Dakota) et Harry (Michael Patrick Nicholson)

We are still here est de ces nanars prétentieux qui ne s’assument pas et aurait mieux fait de se laisser glisser vers la parodie. Dans la mémoire trouble de la rédaction, cela faisait longtemps que l’on ne s’était pas senti aussi volé de notre temps. Apparemment, les esprits frappeurs étaient déjà là, c’est un peu notre faute, on aurait pas du ouvrir la porte.

Boeringer Rémy

Retrouvez ici la bande-annonce :