A l’occasion du Festival Viva Mexico à Paris, nous avons pu rencontrer Diego Luna afin de parler de son dernier film: Mr. Pig, présenté en avant première française. L’occasion pour nous de lui parler du cinéma Mexicain, des thèmes de son film mais aussi de Star Wars Rogue One dont il est l’un des acteurs principaux.
Le film Mr. Pig raconte l’histoire d’un fermier américain (interprété par Danny Glover) traversant le pays avec son cochon en direction du Mexique.
Comment vous est venue l’idée de votre film Mr. Pig ?
C’était il y a trois ans. Je voulais faire un film sur la relation entre un père et sa fille, sur l’idée du père absent qui cherche à renouer les liens avec sa fille. Je m’intéresse particulièrement à la figurine paternelle dans tous les films que j’ai fait. J’ai perdu ma mère à 2ans alors la relation que j’ai avec mon père m’est très chère. Je voulais ainsi dans ce film parler de cette relation paternelle mais avec plus de maturité. Etant moi même devenu père je me suis rendu compte qu’il faut vraiment profiter des instants de vie et pardonner. Les enfants ont besoin de leur père, d’une figure paternelle présente mais au bout d’un certain temps c’est l’inverse le père a besoin que ses enfants soient là pour l’aider.
Danny Glover interprète le rôle principal de votre film, comment ça s’est passé ?
Je n’ai pas pensé à lui quand j’ai écrit le scénario. J’avais quelque chose d’autre en tête, quelqu’un de plus proche de mon père. Ma directrice de casting me l’a proposé, j’ai accepté de le rencontrer. Danny était très intéressé par le script, ça lui rappelait son enfance et son propre grand-père éleveur de cochons. J’ai compris qu’il était fait pour le rôle, qu’il apportait au personnage quelque chose inattendu. Danny est un acteur fantastique, très talentueux. On peut le voir dans la façon dont il se consacre totalement au projet. Et son personnage est très important.
Dans le film, vous privilégiez un angle décalé pour parler de la frontière du Mexique. Pourquoi ?
Pourquoi ? Parce que pour parler du Mexique, vous devez comprendre la relation entre le Mexique et les USA. Ca a beaucoup d’influence, ça nous définit dans beaucoup d’aspects. C’est la plus longue frontière entre le « Premier Monde » et le « Tiers-Monde » (ou Nord et Sud), et beaucoup de nos problèmes viennent de là. Je pense que souligner ça de manière décalée est plus intéressant, nous mettre dans une situation afin d’évoquer le problème, sans qu’on se focalise totalement dessus.
Et pourquoi un cochon pour expliquer ça ? Vous souhaitiez parler de la condition des animaux dans ce film ?
Ca, c’était juste une folle idée qu’on a eu un jour ! Mais c’était aussi pour parler de notre relation avec les animaux. Nous ne pensons pas à ce qui est derrière tout ce que nous mangeons. Nous ne devons pas oublier nos responsabilités. En tant que consommateurs, nous avons la responsabilité de connaître ce dans quoi nous sommes impliqués.
Vous avez parlé de plusieurs thèmes dans votre film. Quel est celui qui vous tient le plus à cœur?
L’amour d’un père pour sa fille bien sûr, c’est cela le principal sujet, ce qui compte vraiment. Tout le reste fait partie du film, mais le cœur du film, c’est cette relation.
Pensez-vous que le cinéma est plus ouvert aux films qui contiennent un fort message aujourd’hui ?
Je ne pense pas. Cela dépend de qui raconte l’histoire, mais il y a toujours eu des réalisateurs et des producteurs qui ont une intention, une idée derrière ce qu’ils font, qui sont honnêtes avec leurs projets et qui racontent leurs histoires sous une perspective qui leur semble importante. Le cinéma a toujours été un instrument de changement, depuis le premier jour. Il y a beaucoup réalisateurs intéressants aujourd’hui, mais nous ne pouvons pas parler d’un nouveau cinéma.
En France, et dans beaucoup de pays, nous connaissons le cinéma mexicain depuis Cuarón, Guillermo del Toro…
Tout à fait, et aussi Alejandro González Iñárritu… ces gars-là sont des portes ouvertes pour nous tous, ce sont de grandes références. Ils nous font comprendre qu’il n’y a pas de limites, pas de frontières. Tu peux réussir où que tu sois. Ce n’est pas parce que nos films sont mexicains qu’ils ne peuvent pas voyager.
Qu’est-ce que cela vous fait de représenter ce cinéma au festival Viva Mexico ? D’être un ambassadeur du cinéma mexicain ?
Je suis très fier de faire partie de ce mouvement aujourd’hui. Beaucoup de choses se passent en ce moment, il y a beaucoup de jeunes réalisateurs qui font des films au Mexique et qui sont importants. Ce cinéma prend de l’ampleur, de plus en plus de films se font, c’est une industrie très diversifiée aujourd’hui. Je suis content de pouvoir représenter ce cinéma dans le monde et ici en France, montrer de quoi le Mexique est capable, que des talents existent derrière les grandes références que les spectateurs connaissent déjà. C’est aussi une chance de pouvoir faire découvrir au public d’autres films qu’ils n’ont pas l’habitude de voir, ce sont de bons moments pour les réalisateurs.
Vous faîtes partie de ce cinéma en tant que réalisateur mais aussi en tant qu’acteur en participant à quelques films mexicains…
Je suis très fier de faire partie de ce cinéma et de m’assurer qu’il ait de plus en plus d’adeptes. J’ai eu la chance de tourner sous la direction d’Alfonso Cuarón pour Y tu mamá también, de faire une voix dans le film d’animation mexicain La Légende de Manolo, je pense que ce sont surtout des opportunités qu’on me propose que je ne peux refuser. C’est important pour moi en tant qu’acteur de rappeler que le cinéma Mexicain existe et qu’il est en pleine expansion. -ndlr : Les trois derniers réalisateurs Oscarisés sont Mexicains –
En plus du cinéma mexicain vous jouez dans de très grosses productions (Rogue One, Elysium…) c’est important pour vous de diversifier vos films ?
Oui, je fais souvent des allers-retours. J’ai travaillé aux Etats-Unis, en Europe, au Mexique. J’essaie d’aller là où mon travail me porte et d’éviter de croire que j’appartiens à un endroit en particulier. J’ai la chance en tant qu’acteur de voyager et de découvrir et m’approprier plusieurs réalités. C’est une très bonne chose pour moi en tant qu’acteur. Je peux voyager autant que je veux, je peux découvrir le monde à travers mon travail, ce n’est pas pareil qu’être touriste, c’est une autre vision du monde.
Vous êtes réalisateur, acteur… Comment réussissez-vous à faire autant de choses ?
J’aime tout simplement ce que je fais. Je ne sais pas… J’ai commencé quand j’étais tout petit, ça fait longtemps que je fais ça, et j’ai eu le temps de faire beaucoup de choses. Je suis très chanceux d’avoir toutes ces opportunités.
Dans le futur, pensez-vous vous concentrer sur un métier en particulier, tel que réalisateur ou acteur ?
Là, maintenant, non. Je prends un peu de temps pour moi. J’ai tout juste fini de tourner un autre film, il y a deux autres films à venir, et je me concentre sur l’écriture en ce moment…
Vous avez rejoint l’univers Star Wars avec le prochain Rogue One. Qu’est ce que cela vous fait ?
C’est comme dans un rêve ! J’étais petit et j’ai grandi en regardant ces films et c’est très spécial de pouvoir faire partie de ce monde, et de pouvoir le partager avec mes enfants. On a même des figurines à notre effigie, c’était une expérience incroyable, j’ai vraiment adoré le tournage ! On réalise pas vraiment qu’on fait maintenant parti de l’univers de Star Wars. Que l’enfant qui jouait à Star Wars est devenu une des figurines. C’est étrange, mon fils a joué avec ma figurine.
Dans Rogue One, le personnage principal, Felicity Jones, est une femme. Que pensez-vous de ces nouveaux films qui cassent les codes en mettant par exemple en tête d’affiche personnages féminins forts ?
Je pense que le cinéma d’aujourd’hui doit parler du monde d’aujourd’hui. Le monde est différent maintenant, et je suis content que l’on parle de ces choses-là, de la diversité, de la relation homme/femme, de façon moderne. Le cinéma doit se concentrer sur le monde dans lequel nous vivons.
Mr. Pig n’a pas encore de date pour une sortie française cinéma ou DVD.