[critique] tu ne tueras point

[CRITIQUE] TU NE TUERAS POINT

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisateur : Mel Gibson
  • Scénaristes : Randall Wallace, Andrew Knight et Robert Schenkkan
  • Durée : 2h10

L'agent Smith est devenu alcoolique. Comment lui en vouloir : Néo lui a botté le cul pour qu'il dégage de la matrice afin de subir la première Guerre Mondiale, et il se retrouve en plus avec une engeance quelque peu relou sur les bords. Entre un premier fils qui a une tête de brique et un second qui se prend pour un Peter Parker piqué non pas par une araignée radioactive mais par la Foi, y'a de quoi taper dans la picole (et taper tout court d'ailleurs, l'un sans l'autre c'est pas rigolo).

Seulement, ce qu'il ne sait pas (alors que c'est écrit " histoire vraie " noir sur blanc au début du bazar), c'est que son cadet du nom d' Andrew Garfield va finalement devenir un grand héros de l'Histoire, en réalisant un miracle : venir en aide à une sacrée paire de barbac aux portes de la mort, que Ratatouille aurait bien voulu tester dans ses cuisines de Paris.

Et en sachant ça, une question se pose tout naturellement : comment ce rejeton concon va-t-il réussir cet exploit ? Car quand même, avec son sourire niais de " je viens de Bouseux-Ville ", son allergie pour les fusils au gluten et ses demandes lourdingues pour ses samedis off, c'était pas gagné pour le garçon !

C'est à se demander comment 1) il a réussi à choper la plus belle infirmière du comté (sublime Teresa Palmer), et 2) il a survécu à cette putain de guerre mon Colonel sans aucune arme ! Pas d'inquiétude cependant, Tu ne tueras point donne la réponse. Et elle est claire et nette : sa survie, il la doit à Dieu. Seulement à Dieu. Oui. Même que c'est Mel Gibson qui le dit. Alors c'est que ça doit être vrai. Tout comme c'est Dieu qui a dû lui murmurer de réaliser son sixième film sur le sixième commandement (si ça c'est pas se la jouer comme Quentin Tarantino, tiens).

Bon, maintenant, on veut bien adhérer au message, mais ce n'était peut-être pas la peine d'en faire tout un pataquès. Parce qu'à cette dose-là, ce n'est même plus un discours sur la religion, c'est carrément une seconde messe du dimanche ! Durant toute la première partie du film, le contexte familial est imbibé d'évangélisme, qui se perpétue encore pendant son instruction, son entraînement et forcément son procès à l'armée. Ça radote du dialogue sur la différence et l'incompréhension des principes et croyances, ça envoie du symbole christique, bref, ça glorifie à outrance le Créateur sur un fond naïf et un brin chiant. Et c'est surtout inutilement long, quand on sait où tout cela va mener, connaissant la passion de Mel Gibson pour l'hémoglobine.

Puis débarque cette deuxième partie, où Mad Mel déploie tout son talent de réalisateur de spectaculaire. L'imagerie de Tu ne tueras point est puissante, qu'elle passe par des effets pyrotechniques sublimes, un cadrage jubilatoire ou des ralentis lyriques. Féroce, implacable, le premier assaut pénètre le spectateur sans vaseline, aidé par des bruitages ahurissants. Le souffle des explosions fait vibrer de terreur, l'absence de musique accentue la brutalité des images, et le charcutage en règle des soldats peut vous dégoûter du steak haché.

Les séquences de bravoure suivantes, toujours aussi violentes, sont plus mâtinées d'héroïsme, avec (beaux) thèmes homériques et témérité du paysan sans peur à la clef, qui s'apprête à sauver d'innombrables vies grâce au miracle de Dieu (ouais, l'est toujours là, lui). Qu'il s'agisse de déambuler entre toutes les explosions, d'éviter les ennemis dans leur propre repère ou de leur échapper en se planquant sous des cadavres, Peter Parker réussit tout ce qu'il entreprend, et c'est emballé d'une magnifique façon. Ça impose encore plus le respect quand l'épilogue propose quelques images d'archives des vraies personnes de cette sombre histoire.

Quant au casting, si on pense toujours le plus grand bien d' Andrew Garfield, aussi à l'aise dans les scènes dramatiques que dans celles un peu plus enjouées, on notera également les prestations fascinantes de Hugo Weaving ( Matrix), Vince Vaughn ( Into the wild) et Sam Worthington ( Avatar), ainsi que la très juste Teresa Palmer ( Triple 9).

[CRITIQUE] TU NE TUERAS POINTPOUR LES FLEMMARDS : Mel Gibson offre une boucherie lyrique renversante au casting irréprochable. Ça sauve grandement le film, d'une niaiserie religieuse lourdingue.

Bande-annonce de Tu ne tueras point :