[Série] Pemberley, petit meurtre entre aristocrates

[Série] Pemberley, petit meurtre entre aristocrates

Comme elle en a la réputation, la BBC a produit une adaptation de fort bonne prestance de La mort s’invite à Pemberley, roman de P.D. James, qui donne une suite polaresque à Orgueil et Préjugés, classique de Jane Austen, l’intrigue se déroulant six ans plus tard. Une réalisation et une photographie soignée, des enjeux intéressants et un scénario rondement mené, menant de front enquête policière et visées romanesques, sont des qualités dont a perdu l’habitude à la télévision en matière de téléfilm. La mini-série Pemberley, créée par Juliette Towhidi, est sorti, en DVD, le 12 octobre 2016, chez Koba Films.

Alors que Mrs Elisabeth Darcy (Anna Maxwell Martin) envisage de donner la main de sa cousine Georgiana (Eleanor Tomlinson) au colonel Fitzwilliam (Tom Ward-Thomas), tandis que le cœur de celle-ci penche pour le jeune Mr Alverton (James Norton), un avocat talentueux aux idées libertaires. Lors d’une soirée de réception où les pensionnaires de Pemberley vont donner un grand bal, Lydia (Jenna Coleman) fait irruption en affirmant que, sur le chemin de la propriété, George Wickham (Matthew Goode que l’on a vu dans Imitation Game) a trouvé la mort lors d’une rixe. Ce même Wickham qui tenta par le passé de séduire Elisabeth et que Mr Darcy (Matthew Rhys que l’on a vu dans En mai fais ce qu’il te plaît) refuse de recevoir.

Matthew Rhys

Mr Darcy (Matthew Rhys)

Prenant le point de vue du petit peuple, Pemberley débute, sur un air de mystère, autour d’une malédiction dont Mrs Reilly, une pauvre femme qui s’est pendu dans les bois après que son fils ai été condamner à mort pour braconnage, est le centre. On prête à son fantôme le pouvoir de hanter le bois. Ainsi, cette trame initiale perdurent durant tout le récit, n’excluant pas immédiatement une explication surnaturelle aux événements. Au-delà, c’est le règne des apparences qui perdurent. A travers plusieurs aspects, dont le principal est la facilité avec laquelle Sir Selwyn Hardcastle, le magistrat, tente de classer l’affaire, est dénoncé l’absence de recherche de la vérité, pourvu que le coupable désigné arrange tout le monde. Et c’est le cas car Wickham, délirant, s’accuse lui-même sous le coup de la fièvre. Détesté du couple et résolution facile pour l’enquêteur, on ne cherche pas plus loin. Il est arrêté. Pris de remords et de doute, Darcy engage tout de même un avocat pour défendre Wickham. Malgré le drame, la maîtresse de maison n’est obnubilé que par les préparatifs retardés de sa réception qu’elle doit, désormais, annulé.

Georgiana (Eleanor Tomlinson)

Georgiana (Eleanor Tomlinson)

Sur ce point d’ailleurs, l’adaptation de Pemberley est assez acerbe, insistant sur l’agitation dont fait preuve l’aristocrate alors même qu’elle ne fait, finalement, strictement rien d’autre que de presser son petit personnel. C’est assez drôle de souligner, à quel point cette classe parasite, est convaincu par elle-même de son dur labeur imaginaire. Paternaliste selon la coutume, les Darcy font dans l’œuvre sociale en s’inquiétant de la santé du fils de leur homme à tout faire, Mr Bidwell (Philip Martin Brown). Pemberley évacue quelques intrigues secondaires du roman pour s’appesantir sur le procès de Wickham, tentant de décortiquer les ficelles d’une erreur judiciaire. Fort heureusement pour cet attroupement de gens respectables dont la principale préoccupation est que leur honorabilité ne soit pas trop éclaboussée par les rumeurs, le meurtre sera avoué in-extremis par le fils du vieux maître-cocher, William (Lewis Rainer). Bien que l’ambiance de Pemberley soit rondement mise en scène, que l’on se laisse happé par cette atmosphère particulière de XIXème siècle naissant, que l’arrière plan scénaristique soit soigné, on parle dans les dialogues de la révolution française et de Napoléon, c’est peut-être par cette conclusion facile et subite que le récit pêche.

Elizabeth (Anna Maxwell Martin)

Elizabeth (Anna Maxwell Martin)

Les amateurs de polars, de films en costume et de romance, où l’un ou l’autre, pourront passer un agréablement moment devant cette série qui évite les principaux écueils du genre. A savoir que les acteurs n’ont pas été recruté avec les pieds, disposant même de certains acteurs que l’on a remarqué ces dernières années, que l’on ne verse jamais dans la sensiblerie et que l’on est en présence d’un minimum de moyen qui donne la possibilité d’une œuvre plus ambitieuse qu’à l’accoutumé.

Boeringer Rémy

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