Ce n'est peut-être pas si mal que Les Mystères de Laura aient été annulés parce qu'il semblerait que Greg Berlanti ait suffisamment de pain sur la planche cette année. Le producteur ultra-productif est en effet surbooké avec ses six séries actuellement sur nos écrans ( Arrow, The Flash, Legends of Tomorrow, Supergirl, Blindspot et Riverdale) et trois films annoncés pour l'année prochaine. On pourrait s'émerveiller sur les capacités de ce bourreau de travail pendant des heures et il est certain que 2015 avait été l'année Berlanti, confettis et champagne inclus, mais le doute commence à s'installer avec la rentrée des séries et l'on a de quoi se demander si au final, le producteur n'aurait pas eu plus gros yeux que gros ventre.
Supergirl, c'est (vous l'aurez deviné) la version féminine de Superman. Melissa Benoist), cousine de l'homme en collants, est une kryptonienne arrivée sur Terre à l'âge de douze ans, qui travaille de jour comme assistante de Cat Grant ( Calista Flockhart), magnat des médias aux allures de Miranda Priestly et qui sauve le monde de menaces extraterrestres la nuit (ou pendant son temps libre). Elle est épaulée dans sa mission par sa sœur adoptive Alex ( Chyler Leigh), agent du DEO, une organisation gouvernementale super-secrète dirigée par Hank Henshaw ( David Harewood), et par le geek/amoureux potentiel qui fan-girle à chaque fois qu'un super-héros se présente : Winn Scott ( Jeremy Jordan). Ce début de deuxième saison se concentre principalement sur l'avenir professionnel de Kara et l'arrivée de deux personnages venus apporter un peu de piment à une formule hyper-conventionnelle : Clark Kent ( Tyler Hoechlin) et Lena Luthor ( Katie McGrath), sœur du célèbre méchant. On ferait bien mal d'oublier qu'en bonne saga américaine, Kara Danvers, ( Supergirl est surtout et avant tout une histoire de famille.
Ce premier épisode s'inscrit parfaitement dans la lignée de la saison 1 : ça coche toutes les cases de la formule, du méchant de la semaine au monologue symbolique-mais-pas-si-obscur-que-ça de la patronne en talons hauts. Chaque personnage remplit sa fonction de façon tout à fait adéquate et d'un point de vue de structure, l'enchaînement des actes (preuve que l'équipe créative a bien lu la Poétique d'Aristote) rendrait sans doute le philosophe heureux d'avoir des pupilles si dévoués. Le hic, pourtant, dans cette machine si bien huilée, vient de la personnalité de l'héroïne. Certes, Melissa Benoist est adorable avec son sourire de gamine, son enthousiasme inépuisable et son côté girl-next-door qui fera chavirer le cœur de ces messieurs, mais le personnage de Supergirl manque de spécificités. Elle a des collants et une cape, comme tout héros qui se respecte, mais on a vraiment l'impression qu'on pourrait la remplacer par n'importe quelle autre super-héroïne, ça ne changerait rien à l'histoire. Kara Danvers vit sa vie davantage comme une réaction aux évènements que comme la source principale d'énergie de l'intrigue, ce qui en fait une protagoniste qui certes fonctionne du point de vue narratif, mais qui manque douloureusement de souffle.
On s'était dit l'année dernière qu'il fallait laisser à la série le temps de trouver son rythme mais vu le démarrage cette année, il semblerait que les problèmes n'aient pas été franchement adressés. Reste à espérer que les producteurs surveilleront la performance de la deuxième saison et sauront redresser le cap si les choses partent en vrille. Quoiqu'avec l'emploi du temps de Berlanti, on serait en droit de s'inquiéter.
Crédits: The CW