La pagode en flammes

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à ESC Conseils pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « La pagode en flammes » de Henry Hathaway.

« Je suis désolé si le bruit vous dérange mais l’exécution des espions est devenue une part importante de la guerre moderne »

Lors de l’invasion de la Chine par le Japon, profitant du chaos ambiant, le photographe Johnny Williams parvient à s’évader de la prison où il est enfermé.

Dans sa fuite, il est accompagné par un couple, le Major BudWeed et son amie. Durant sa cavale, le trio rencontre une jeune femme dont Williams tombe immédiatement amoureux.

« C’est tellement américain d’être aveugles et arrogants. Vos compatriotes sont parfois un peu stupides »

Ancien technicien ayant œuvré pendant près de dix ans au sein des studios, Henry Hathaway apprend les bases du métier en devenant l’assistant de Victor Fleming puis de Joseph Von Stenberg. Il profite ainsi de l’avènement du cinéma parlant au début des années 30 pour embrasser une carrière de réalisateur. Excellent faiseur, il connait ainsi une décennie particulièrement faste et prolifique. Se spécialisant dans les genres du western et du film d’aventures, il multiplie alors les succès (« Les trois lanciers du Bengale », « Peter Ibbeston », « La fille du bois maudit », « Ames à la mer ») et s’impose comme l’une des figures majeures de l’Age d’or Hollywoodien. Toutefois, avec l’imminence de la seconde guerre mondiale, les modes cinématographiques évoluent et le réalisateur délaisse alors quelque peu ses genres de prédilection pour se consacrer à des films centrés sur la guerre.  C’est d’ailleurs à cette période qu’il développera son goût pour le traitement réaliste (et quasi documentaire) des films, qui deviendra sa marque de fabrique jusqu’au début des années 50 (« Appelez North 777 », « 14 heures », « Courrier diplomatique »). Alors que l’Amérique  vient juste d’entrer en guerre suite au bombardement de Peal Harbor, il réalise en 1942 « La pagode en flammes », film patriotique sur la menace et les exactions japonaises en Asie inspiré d’une histoire de Darryl F. Zanuck. A noter que le rôle féminin attribué à Gene Tierney fut un temps proposé à l’actrice Betty Grable.

« Les bombes qui tombent détruisent tout ce que nous aimons. Mais il y a une chose qu’elles ne détruirons pas : la bonté au fond de vos cœurs »

« La pagode en flammes » est un film fortement marqué par l’immédiateté de son contexte politique. En l’occurrence, celui de l’année 1942, marquée par le traumatisme de l’attaque de Pearl Harbour et par la domination sur tous les fronts des forces de l’Axe. C’est dans ce contexte qu’Henry Hathaway nous plonge dans un étonnant film de guerre, prenant pour décor la Chine du sud-ouest alors théâtre d’une bataille sans merci pour stopper l’avancée des troupes d’occupation japonaises. Mais plus qu’un film de guerre, « La pagode en flammes » est avant tout un film d’espionnage dans lequel se croisent dans un hôtel birman un photographe américain, des pilotes anglais, des espions à la solde des japonais ou encore une belle exilée chinoise (interprétée par l’ensorcelante Gene Tierney, pas asiatique pour un sou !) qui rêve d’ouvrir une mission de l’autre côté de la frontière. Si les personnages sont par moment un peu caricaturaux (l’américain particulièrement machiste et arrogant, les femmes étonnement faibles), le film, lui, regorge de rebondissements inattendus donnant lieu à quelques scènes épiques (l’évasion de la geôle, la bagarre dans la chambre). Tout juste regrettera-t-on que certaines sous-intrigues ne soient pas complètement exploitées (le carnet codés japonais, l’attaque des voleurs de vases). Mais pour Hathaway l’essentiel du film est ailleurs et notamment dans sa symbolique. Dans tous les cas, il pointe les exactions des japonais, qui n’hésitent pas à emprisonner un américain (pourtant alors non belligérant) pour le soumettre, à bombarder des civils innocents ou, pire encore, à bombarder des églises et des chrétiens. Le film trouvant ainsi ses climax lors de la terrible scène d’ouverture dans laquelle des partisans chinois sont massivement fusillés devant l’église, et lors de la très spectaculaire scène de bataille finale. L’évolution du personnage interprété par Georges Montgomery (sorte de double un peu falot d’Errol Flynn) est ainsi à l’image de l’Amérique d’alors : d’abord égoïste et franchement isolationniste, il finira malgré lui par prendre part au conflit contre la barbarie et pour protéger la liberté. En cela, « La pagode en flammes » est un modèle de film de propagande efficace doublé d’un film d’aventures très réussi.

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Le DVD : Le film est présenté en version restaurée en haute définition. Il est proposé en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également proposés. Côté bonus, le film est accompagné du module « La pagode en flammes », entretien avec Jean-Loup Bourget, critique cinéma chez Positif (15’).

Edité par ESC Conseils, « La pagode en flammes » est disponible en DVD depuis le 2 novembre 2016.

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Le DVD de « La pagode en flammes » est disponible ici.