Un grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Sweet Charity » de Bob Fosse.
« Tout le monde a besoin d’amour dans la vie. Disons que d’une certaine manière, l’amour est ma religion. En la matière je suis une vraie bigote ! »
La douce et rêveuse Charity Hope Valentine exerce la profession de « taxi-dancer » dans un dancing New-yorkais.
Alors qu’elle va de mésaventures en mésaventures sentimentales, elle continue de rêver du grand amour, de l’homme qui la sortira de sa vie sordide. Un soir, elle rencontre Oscar, un timide agent d’assurances…
« Et vivre, vous ne trouvez pas ça dangereux ? »
Fils de comédiens, Bob Fosse est un véritable enfant de la balle qui a passé son enfance dans les coulisses du monde du spectacle. Fort de ses dispositions naturelles, il commence lui-même sa carrière comme danseur. Mais c’est en tant que chorégraphe qu’il se fera connaître, à Broadway, au milieu des années 50. La réputation qu’il y acquiert, de même que la modernité de ses chorégraphies, lui valent d’être appelé à Hollywood. Sans délaisser son travail pour la scène, il chorégraphie plusieurs comédies musicales pour le cinéma, telles « Ma sœur est du tonnerre » (Quine, 1955) ou « Pique-nique en pyjama » (Donen, 1957). Encouragé par son amie Shirley McLaine, Bob Fosse passe pour la première fois derrière la caméra en 1969 pour réaliser « Sweet Charity », un remake musical des « Nuits de Cabiria » de Fellini (1957), qu’il a déjà adapté pour la scène à Broadway trois ans plus tôt. En dépit de l’échec en salles de son premier film, les quatre films suivants de Bob Fosse rencontreront d’importants succès critiques et publics, à commencer par « Cabaret » (1972, qui remporta 8 Oscars dont celui du meilleur réalisateur) et « Que le spectacle commence » (1980, Palme d’or à Cannes).
« Il y a des choses qu’on ne peut pas changer parce qu’elles font parties de la vie »
Si le musical fut l’un des genres phare de l’âge d’or du cinéma américain (années 30 à 50), force est de constater qu’en cette toute fin des sixties, il semble passé de mode, actant le déclin progressif du genre tout au long de la décennie écoulée. A l’évidence, réaliser un remake, qui plus est musical, d’un classique de Fellini sur un format long (2h30) à l’heure de l’avènement du Nouvel Hollywood et des polars virils de Don Siegel était un pari des plus risqués et des plus fous. Surtout pour un premier film. Comme si Bob Fosse s’était un peu trompé d’époque. Ainsi, sur la forme, la construction narrative du film obéit à des règles théâtrales, avec un découpage en actes clairement délimités et un entracte. Un format étonnement « rigide » et peu en phase avec le cinéma de son époque. Sur le fond en revanche, l’histoire de cette entraineuse gentille mais naïve rêvant de trouver le grand amour demeure plutôt sympathique, même si elle tend à enfermer quelque peu, une nouvelle fois, la pétillante Shirley McLaine dans un énième rôle de fille légère et sotte qu’elle a maintes fois tenues (« La garçonnière », « Comme un torrent », « Irma la douce »). Mais surtout, le film souffre d’un format inapproprié et beaucoup trop long, dans lequel chaque scène semble avoir inutilement été étirée à l’excès. Dommage, car les numéros musicaux (chantés et dansés) sont le plus souvent modernes et plaisants mais ne parviennent pas à insuffler plus d’énergie au film. Assez inégal, « Sweet Charity » donne un peu l’impression d’être un étrange entre-deux, une sorte de trait d’union entre un classicisme formel et une certaine modernité de son propos (avec notamment l’émergence d’une héroïne libre et derrière elle d’une génération de hippies). On en retiendra tout de même quelques jolis moments de cinéma, avec en point d’orgue la lumineuse apparition de Sammy Davies Jr. en gourou hippie qui se livre à un show endiablé. De même qu’on retiendra le joli final inattendu et peu ordinaire qui donne au film une charmante note douce-amère et étrangement optimiste.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un master numérique haute définition. Il est proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres optionnels français sont également proposés. Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation film par Xavier Leherpeur (13’), d’une fin alternative, ainsi que de deux modules documentaires : « De la scène à l’écran » et « La création des costumes d’Edith Head ».
Edité par Elephant Films, « Sweet Charity » est disponible en combo Blu-ray+DVD ainsi qu’en édition DVD depuis le 24 août 2016.
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Le blu-ray est disponible ici.