L'idéal

Un grand merci à Orange Studio ainsi qu’à l’Agence Darkstar pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « L’idéal » de Frédéric Beigbeder.

Ideal« A qui je pourrais te vendre moi ? Parfums ? Cosmétiques ? Tampons ? Tu aimes les tampons ? »

L'ancien concepteur-rédacteur Octave Parango de « 99 francs » s'est reconverti dans le "model scouting" à Moscou. Cet hédoniste cynique mène une vie très agréable dans les bras de jeunes mannequins russes et les jets privés de ses amis oligarques... jusqu'au jour où il est contacté par L'Idéal, la première entreprise de cosmétiques au monde, secouée par un gigantesque scandale médiatique. Notre antihéros aura sept jours pour trouver une nouvelle égérie en sillonnant les confins de la Russie postcommuniste, sous les ordres de Valentine Winfeld, une directrice visuelle sèche et autoritaire. Entre les réunions de crise à Paris, les castings à Moscou, une élection de Miss en Sibérie, une fête chez un milliardaire poutinien et une quête des "new faces" aux quatre coins de l'ex-URSS, le fêtard paresseux et la workaholic frigide vont apprendre à se supporter et peut-être même à se sauver.

« Octave Parango est davantage un touriste sexuel à tendance pédophile qu’un model scout d’élite »

Ideal_BeigbederVoilà déjà un quart de siècle que Frédéric Beigbeder promène sa plume cynique de livre en livre et sa personnalité snob et débonnaire de plateau télé en évènements mondains. Neuf romans plus tard, l’auteur du célèbre « 99 Francs » est devenu un auteur populaire au talent reconnu, récompensé notamment  d’un Prix Interallié (« Windows  on the world » en 2003) et d’un Prix Renaudot (« Un roman français » en 2009). Signe de son succès, son roman « 99 francs » a même fait l’objet d’une adaptation au cinéma par Jan Kounen en 2007. Après un essai sans-suite du côté de la bande-dessinée au début des années 2000, il s’essaye en 2012 à la réalisation en adaptant son roman « L’amour dure trois ans », ajoutant ainsi une corde à son arc. Quatre ans plus tard, il repasse derrière la caméra pour réaliser « L’idéal », adaptant ainsi un autre de ses romans, en l’occurrence « Au secours pardon » publié en 2007.

« Dépêchez-vous. Depuis le début de ce meeting, j’ai perdu l’équivalant de trois douze maisons en Corse ! »

ProustA l’instar du roman dont il s’inspire, « L’idéal » se présente comme une fausse suite - ou du moins une suite indirecte - de « 99 francs ». Nous y retrouvons donc l’égocentrique Octave Parango (sous les traits de Gaspard Proust, sorte de double avantageux de l’auteur/réalisateur) devenu désormais « model scout » en Russie pour « L’idéal », leader incontesté de l’univers des cosmétiques dont la (malicieuse) ressemblance avec une célèbre marque n’est pas tout à fait fortuite. L’occasion pour l’auteur/réalisateur de brocarder dans une satire grinçante le cynisme et la futilité du monde de la mode et du luxe, poursuivant d’une certaine manière le travail de sape entamé avec « 99 francs ». Un monde de frivolités dans lequel le contenu importe moins que le contenant. Un monde d’images, surtout, dans lequel tout est pensé par et pour l’argent. Ce même argent qui permet - comme toujours chez Beigbeder - des fêtes décadentes où l’alcool et la drogue engendrent le sexe facile. Avec son regard ironique et l’acidité de ses dialogues, l’auteur dépeint cet univers moralement corrompu jusqu’à la moelle avec un humour sarcastique qui donne lieu à de nombreuses situations savoureuses (l’affaire de la sextape de l’égérie de la marque, l’hystérie de la Directrice de la firme génialement interprétée par Jonathan Lambert, les castings où le héros critiques de façon vachardes les "défauts" physiques des candidates). Seul bémol : que l’auteur ait fait le choix d’édulcorer son récit en sabrant toute l’ambiguïté - quasi incestueuse - de la relation de Parango avec sa fille cachée, qui donnait une dimension beaucoup plus dérangeante au récit et au personnage principal, l’auteur préférant ainsi une dernière partie plus apaisée et un brin moraliste. Un peu trop sage donc pour être véritablement mordant, « L’idéal » n’en demeure pas moins une comédie réjouissante et efficace.

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Le DVD : Le film est présenté en version originale française (5.1). Aucun sous-titrage n’est prévu. Côté bonus, le film est accompagné de scènes coupées et d’un making-of.

Edité par Orange studio, « L’idéal » est disponible en DVD depuis le 18 octobre 2016.

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