Tu ne tueras point (2016) de Mel Gibson

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Le retour en grâce de l'Acteur/réalisateur Mel Gibson après une période de purgatoire suite à ses scandales médiatiques. Et donc après "L'homme sans visage" (1993), "Braveheart" (1995), "La Passion du Christ" (2004) et "Apocalypto" (2006) il revient avec son 5ème film en tant que réalisateur avec un film de guerre hyper réaliste et hyper violent qui est un biopic sur un des plus grands héros américain de 39-45. Pas étonnant que le sujet intéresse le cinéma et notamment Mel Gibson, puisqu'il s'agit de Desmond T. Ross, le premier objecteur de conscience à recevoir la Medal of Honor pour acte de bravoure. Un projet de film a toujours été refusé par Desmond Ross en personne avant de rencontrer Bill Mechanic qui avait produit le documentaire "The Conscientious objector" (2004) de Terry Benedict et qui produit "Tu ne tueras point". La dimension chrétienne (Ross étant très croyant) a fini de décider la star sans aucun doute.

Après le film d'action "Blood Father" (2016) de Jean-François Richet où il a déjà plu Mel Gibson signe là un grand film dans un genre qu'il connait bien. En effet on se souvient de "Nous étions soldat" (2002) de Randall Wallace dans lequel il jouait, cette fois Wallace est co-scénariste pour Gibson aux côtés de Andrew Knight ("La promesse d'une vie" en 2014 de Russell Crowe) et Robert Shenkkan ("Band of Brothers" en 2010 et lauréat du Prix Pulitzer). Un trio de scénariste pour retracer le destin hors norme de Desmond Ross. Le film démarre quand il est enfant, associé à quelques flashbacks afin de comprendre les convictions du héros. Le film dure 2h15 et se scinde en deux parties, la première (40% de la durée environ) se base sur sa jeunesse et se rencontre avec sa future épouse avant de plonger ensuite dans l'horreur de la guerre. On constate alors d'un seul coup que le réalisateur place son film sous deux axes, la foi et la violence. Certains critiquent l'omniprésence de la religion, mais ici nous ne pouvons pas franchement contrer ce choix puisque le vrai Desmond T. Ross est effectivement un croyant à forte conviction et que la prière a été (semble-t-il) un pilier important de son courage. La violence est effectivement assez inouïe, dans la veine de "Il faut sauver le soldat Ryan" (1998) de Steven Spielberg, le choix n'est pas de minimiser les horreurs d'un combat. Le scénario ne s'éparpille pas et reste focalisé sur Desmond Ross et son cheminement. Malgré quelques facilités (on insiste sur le passé du père, amoureuse transie, vilain petit canard lors de son incorporation...) Gibson maitrise la narration fluide et logique, il sait jouer la douce musique entre violence et émotion le tout mis en musique par Rupert Gregson-Williams (en lieu et place de James Horner décédé en 2015 avant de pouvoir finaliser) qui est pourtant plus abonnés aux comédies siglés Judd Apatow.

Au casting on remarque qu'ils sont quasi tous en stand-by depuis 2-3 ans. On a l'éternel ado Andrew Garfield/Desmond T. Ross (33 ans !) qu'on aurait presque oublié depuis "The Amazing Spider-man : le destin d'un héros" (2014) de Marc Webb, à ses côtés on a Vince Vaughn (pas vu depuis "Les Stagiaires" en 2013 de Shawn Levy), Sam Worthington (pas vu depuis "Everest" en 2015 de Baltazar Kormakur), Hugo Weaving (pas vu depuis "Le Hobbit : la bataille des cinq armées" en 2014 de Peter Jackson) et la magnifique Teresa Palmer (vu récemment dans "Dans le noir" 2016 de David F. Sandberg). Humainement déchirant, hymne au courage, témoignage guerrier redoutable et efficace il n'en demeure pas moins que ce film est faussement pacifiste ! En effet Mel Gibson sous couvert d'un héros objecteur de conscience rappelle quand même que Desmond T. Ross veut être au front, il choisit juste un moyen de se battre différent des autres. Il n'en demeure pas moins que Mel Gibson offre son retour au plus haut avec un film de guerre digne des plus grands. Présenté à la Mostra de Venise ce film a reçu 10mn d'ovation, sans doute à cause du message pacifiste que tous préfère voir. Mais Mel Gibson est bel et bien un grand réalisateur, et quel film !