La Fille du Train (2016) de Tate Taylor

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Adapté du roman éponyme de Paula Hawkins, les droits du film ont été achetés par Dreamworks qui ont proposé le film au réalisateur Tate Taylor qui n'est pourtant pas amateur du genre puisque jusqu'ici on lui doit les films "La Couleur des sentiments" (2011) et "Get on Up" (2014). Le spitch est difficile à faire tant il y a de personnages et de ramifications mais en gros les thèmes abordés sont la violence domestique et l'alcoolisme féminin. Thriller psychologique complexe on y décèle surtout le potentiel énorme d'une telle histoire. Malheureusement Tate Taylor n'est pas David Fincher auquel on pense irrémédiablement et notamment à "Gone Girl" (2014), mais on pense aussi à Denis Villeneuve et son "Prisoners" (2013).

Tate Taylor a de bonnes idées comme choisir la caméra portée pour le personnage de Rachel (angoisse, hésitation) ou plus statique pour celui de Anna (femme au foyer, frustrée ?!) et fluide pour Megan (femme libre ou qui veut être libre), des idées sans doute à mettre aussi au profit de la directrice photo Charlotte Bruus Christensen dont on reconnait la patte notamment chez Thomas Vinterberg ("La Chasse" en 2012). Par contre on s'aperçoit que le récit a dû être complexe à adapter d'où l'utilisation d'une voix Off et d'un chapitrage qui alourdit d'entrée la narration. Le montage finit de jouer avec la chronologie passant d'un instant à l'autre (il y a 6 mois, hier, aujourd'hui, il y a 3 mois... etc...) sans franchement être clair. On a surtout la sensation d'un travail qui a dû être très laborieux ; on imagine Tate Taylor souffler après le dernier clap de tournage ! Par moments le récit est un peu poussif pour ne pas dire peu vraisemblable ce qui donne parfois un thriller parasité par la littérature Harlequin.

Néanmoins tout n'est pas mauvais à commencer par l'interprétation avec un joli casting. Chez les hommes on a Justin Theroux parfait de sobriété, l'excellent Luke Evans qui gagne encore des galons au fil du temps et Edgar Ramirez dans un rôle aussi ingrat que sous-exploité. Chez les femmes un superbe trio mené par Emily Blunt (fabuleuse), suivi de Rebecca Ferguson, ces deux dernières ayant en point commun d'avoir été action woman aux côyés d'un certain Tom Cruise respectivement dans "Edge of tomorrow" (2014) de Doug Liman et "Mission Impossible - Rogue Nation" (2015) de Christopher MacQuarrie tandis que la belle Hayley Bennett marque encore des points après un début de carrière timide, notamment dernièrement dans "Les 7 Mercenaires" (2016) de Antoine Fuqua. Tout repose donc sur les trois personnages féminins autant dans le fond que dans la forme et le film surnage essentiellement grâce à elles. Malheureusement les méandres du récit ont bien du mal à créer un tissu cohérent dans le scénario et le montage qui font un canevas inabouti. Aussi prenant que lassant donc mais non dénué d'intérêt.

Note :