The Crown, 1re saison royale sur Netflix

Par Fredp @FredMyscreens

Nouveau défi pour Netflix avec une vision à long terme pour sa nouvelle série 100% british. Et le pari est déjà rempli avec une première saison passionnante pour the Crown ! Le destin de la reine Elisabeth II est tout tracé dans l’univers des séries tv.

La honteuse Marseille pour la France, la plutôt réussie Narcos pour le public hispanique, il ne manquait plus qu’à convaincre les habitants du Royaume Uni avec une série qui concurrencerai la BBC pour que sa majesté adopte Netflix. Et avec un budget pharaonique et un casting au petits oignons, c’est bien parti. The Crown est sans doute l’un des paris les plus ambitieux de la plateforme puisque plusieurs saisons étaient déjà prévues avant même le lancement de la série. Il faut dire qu’avec son sujet, il y a de la matière. Ici chaque saison s’attaquera donc à une décennie du règne de la Reine Elisabeth II, de son accession au trône jusqu’à aujourd’hui. Le tout produit et réalisé (pour les 2 premiers épisodes qui mettent la série en place) par Stephen Daldry (the Hours) et écrit par Peter Morgan (qui connait déjà bien son sujet puisqu’on lui doit le scénario de the Queen), soit déjà un gage de qualité.

Cette première saison débute donc par le mariage de la future reine et les derniers instants sur le trône de son père, le roi George VI (servant presque de suite au film le Discours d’un Roi). C’est lors d’une tournée internationale qu’elle apprend ensuite sa mort et donc qu’elle doit porter la couronne alors que son mari Philip, Duc d’Edimbourg va devoir se mettre en retrait. Devant rapidement porter sur les épaules la pression de tout un pays qui a encore besoin d’un monarque pour le guider, Elisabeth va devoir apprendre très vite que le pouvoir est synonyme de solitude, de décisions qui ne plairont pas à son entourage et d’une bataille de chaque instant pour être respectée (à son jeune âge) face à des représentants politiques qui vont tenter d’en profiter. Du grand fog à la crise du Canal de Suez qui se profile en passant par les difficultés du couronnement, les doutes de Philip et de sa soeur Margaret ou encore la démission à venir de Churchill, les épisodes abordés sont centraux et forgent le destin de la reine de manière fascinante.

Il y a donc dans the Crown à la fois de grandes intrigues romanesques autour d’Elisabeth, de son mari et de sa sœur (la série ne tourne pas seulement autour de la reine et tout l’entourage est valorisé) mais aussi des sous-intrigues politiques avec une forte présence de Churchill, comme si nous avions un habile mélange entre Downton Abbey et House of Cards. Tout cela est fort bien écrit pour nous faire comprendre au fur et à mesure la solitude dans laquelle va être plongée la reine au fil de son règne et les responsabilité qu’elle choisit d’endosser, léguant sa vie entière à la couronne et à l’Histoire. Cela nous fait également mieux comprendre le rôle politique de la Reine dans le système politique anglais que nous connaissons moins en France. En effet, si pour nous français il s’agit de folklore, the Crown nous permet d’en comprendre tout le sens et c’est tout simplement passionnant.

Et il faut également dire que l’écriture est formidablement servie par une réalisation superbe, qui profite de son budget pour arborer une classe folle et nous emporter dans les coulisses de Buckingham et des années 50 au Royaume-Uni. Une vision globale emmenée par des destins individuels forts et formidablement interprétés. Ainsi, Claire Foy se révèle formidable dans la robe de la reine, passant de l’innocence des début à la solitude finale, on sent bien, petit à petit, qu’elle prend conscience de son rôle et assume des choix difficiles pour sa famille. A ses côté, Matt Smith révèle enfin le destin méconnu du prince Philip avec talent alors que John Lithgow nous offre un Winston Churchill qui en fait un peu trop au début mais se révèle de plus en plus attachant. Bref, un casting parfait qui nous entraîne sans mal auprès des personnages et des intrigues de cour.

Evidemment, on se doute bien que l’ensemble est suffisamment romancé pour éviter les zone d’ombre qui seraient trop politiquement incorrectes et l’on se demande si la série osera plus tard écorner un peu l’image de la reine jusqu’ici intouchable. Mais de toute façon, ce n’est pas là le sujet de cette première saison qui se concentre sur le sens de la Couronne et le fait formidablement bien, au point que l’on peut se dire qu’il s’agit surement là de l’une des séries les plus profondes et magnifiques de Netflix. Nous avons donc hâte de voir la saison suivante qui sera sans doute plus politique avec la crise du Canal de Suez, mais aussi familiale avec les enfants (dont un certain prince Charles) qui vont grandir.