[critique] MA VIE DE COURGETTE

Réalisé par Claude Barras.

Avec les voix de Michel Vuillermoz, Gaspard Schlatter, Sixtine Murat ...

★★★★★

Sortie le 19 octobre 2016.

[critique] MA VIE DE COURGETTE

Attention, certains films d'animation ne visent pas les petits enfants. Ma vie de courgette est un de ceux-là. Le propos risque effectivement d'être incompréhensible pour les plus jeunes. Il poussera ensuite les parents à expliquer certains termes propres à l'adolescence. Ce magnifique moyen métrage s'adresse donc aux grands enfants (10 ans) et aux adultes.

Courgette, de son vrai nom Icare, tue par accident sa mère maltraitante. Sans père dans sa vie, il est confié à un foyer accueillant d'autres enfants, tous âgés d'une dizaine d'années, ayant déjà subi les rudes aléas de la vie. C'est donc le quotidien de ce jeune garçon que l'on suit dans Ma vie de courgette, entre conflits, rencontres et attachements.

Adapté du roman Autobiographie d'une courgette ( Gilles Paris, 2002), le film aborde des thèmes propres à l'adolescence mais nous confronte également à ces jeunes personnes victimes de traumatismes (maltraitance, abus, abandon, etc...). Au-delà de l'animation, le scnéario touche et interpelle. Il sera propice au débat dans les familles, atteindra probablement les enfants plus directement que n'importe quel spot de prévention contre les violences qu'ils peuvent subir.

[critique] MA VIE DE COURGETTE

Les sentiments sont là, à demi-mots exprimés, à travers des expressions faciales infimes et pourtant d'une incroyable précision. Car le travail réalisé en stop motion * est l'un des plus remarquables de ces dernières années. Le suisse Claude Barras et son équipe concurrencent les studios Aardman, pourtant très aguerris avec la série Shaun le Mouton. A raisons de 10 secondes produites par jour, les techniciens ont ici entremêlé les textures (bois, carton, pâte à modeler, laine...) pour faire de Ma vie de courgette un objet d'art digne des plus belles sculptures. Le film adopte un parti pris esthétique unique, avec des personnages à grosse tête, aux bras trop longs, qui renforcent leur air parfois misérable et tous leurs mouvements. La fluidité des gestes est exemplaire et on oublie vite les films surnumérisés aux dessins aseptisés et aux scénarios convenus. Ma vie de courgette est une œuvre esthétique forte, qui aborde de complexes notions tout en démontrant que l'animation n'est pas réservée aux plus jeunes.

Pauline R.

Voir l'article sur Le Cinéphile Anonyme

*Technique qui consiste à réaliser un film image par image : on prend une photographie, on bouge la marionnette, on reprend une photo, etc...Mises bout à bout, les photographies animent le film.