Ce film assez peu connu en France est pourtant un film culte au Etats-Unis, une fable dans la veine de "La vie est belle" (1946) de Franck Capra déjà avec James Stewart. D'ailleurs les points communs entre Capra, Stewart et ce film sont nombreux. Adapté d'une pièce de Mary Chase qui est aussi la co-scénariste du film, travaillant avec Myles Connolly scénariste régulier pour un certain Franck Capra pour "Mr Smith au Sénat" (1939) de Franck Capra, "L'homme de la rue" (1941) et "L'Enjeu" (1948). "Harvey" se dote d'un casting cohérent avec entre autres Jesse White et Joséphine Hull qui retrouvent leurs rôles respectifs jouer à Broadway pour la pièce, cette dernière ayant également tourné dans le film "Arsenic et vieilles dentelles" (1944) de Franck Capra, ce dernier ayant fait tourner plusieurs fois le monstre sacré James Stewart et surtout dans le chef d'oeuvre "La Vie est Belle" (1946).
Outre le jeu des chaises musicales entre les filmo de Capra et Henry Koster c'est bien l'univers du conte moderne qui rejoint les deux films comme "La vie est belle" et "Harvey", deux histoires contemporaines avec une dimension fantastique qui donne une réelle sensation de bonheur, une message de paix et de concorde malgré les aléas difficiles de la vie quotidienne. On suit donc Elwood P. Dowd dont l'amitié avec un lapin géant que lui seul peut voir déconcerte et chamboule sa pauvre tante qui l'aime pourtant et sa nièce dont le quotidien est perturbé par les facéties incompréhensibles du tonton Elwood. Ce dernier est interprété par James Stewart impeccable en bourgeois philanthrope et bon que certains vont plutôt juger comme un simple benêt avec une araignée au plafond. Elwood est simplement un grand dadet qui reste enfermé dans une sorte d'enfance heureuse qui a le meilleur ami du monde. Les autres, jaloux sans le savoir, ont grandi trop vite pour pouvoir imaginer qu'un être sain d'esprit puisse s'imaginer un tel ami.
Dans "La vie est belle" James Stewart était plongé dans un monde parallèle qu'il se refusait à croire avant de comprendre l'opportunité qui lui était donné, cette fois il est celui qui choisit sa propre liberté de se choisir son ami idéal, qui n'est pas vraiment un lapin mais un pooka (référence aux légendes et mythes celtes). Le film de Koster est un hymne au bonheur mais avec la force des émotions un peu moindre que dans "La vie est belle" à cause d'un rythme moins soutenu, et des sentiments moins marqués. Le film de Capra est plus passionnel, "Harvey" se termine sur une note presque mélancolique, ce qui donne un sentiment partagé entre l'appel au bonheur et un pessimisme teinté de solitude. Néanmoins ce film reste un très beau et très bon film, trop inoffensif peut-être mais qui inspirera bon nombre de films plus tard dont le non moisn culte "Donnie Darko" (2002) de Richard Kelly, anti-thèse parfaite à "Harvey". Henry Koster qui réalise pratiquement que des comédies jusque là va étonnament bifurquer pour réaliser ensuite une majorité de drames en commençant notamment en retrouvant James Stewart pour le thriller "Le Voyage fantastique" (1951) avant de tourner son film le plus connu, le peplum "La Tunique" (1953).
Note :