L’équipe du Palmashow débarque enfin au cinéma avec La Folle Histoire de Max et Léon, un film d’aventures rendant hommage à la comédie française des années 60-70. Nous avons rencontré les deux membres de ce duo incontournable, David Marsais et Grégoire Ludig, ainsi que le réalisateur, Jonathan Barré.
Comment décririez vous votre film ?
David Marsais : C’est une comédie d’aventures dans laquelle on essaye de parodier l’époque de la Seconde Guerre mondiale, tout en s’inscrivant dans la veine des films avec lesquels on a grandi et qu’on connaît par cœur : La Grande Vadrouille, La Septième Compagnie, Le Corniaud, Papy fait de la résistance…
Grégoire Ludig : Sans essayer de plagier bien sûr, mais plutôt en essayant d’en faire perdurer l’esprit, avec notre sauce à nous et avec des éléments comiques propres à notre époque.
On retrouve aussi des références au duo de La Chèvre ou à Laurel et Hardy… Une sorte de « buddy movie » avec une histoire d’amitié où deux opposés s’attirent…
Jonathan Barré : Bien sûr, même si on a voulu déconstruire un peu ce genre là, où effectivement ce sont toujours deux opposés qui s’attirent alors qu’ici, même s’il y en a un qui est plus timide et un autre plus grande gueule et moins futé, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Si le premier commet une énormité, le second en remet une couche, comme dans Dumb et Dumber. Ça permet d’aller plus loin dans la comédie.
DM : Et puis habituellement, dans les « buddy movies », ce sont deux opposés qui sont contraints de s’allier pour mieux avancer et qui finissent par s’apprécier. Ici, c’est le contraire, ils sont amis depuis le début mais vont devoir se séparer pour grandir.
GL : Et puis comme c’est un duo, on n’avait pas envie de les mettre en opposition mais plutôt de les voir ensemble. C’est la même chose dans nos sketchs. Quand on est tous les deux pour la même cause ou qu’on se bat ensemble contre quelque chose, c’est là que le public a envie d’être avec nous. On voulait qu’ils soient très soudés malgré leurs engueulades… qui d’ailleurs ne sont basés sur rien ou alors sur le fait que l’un et l’autre ne savent pas imiter le chien et le chat (rires).
J’imagine que ça a dû être plaisant de passer de vos formats courts à un format long avec plus de moyens, d’ampleur et d’ambitions ?
JB : Ça a été un travail différent et nouveau pour nous mais on en avait très envie car il y a un léger inconvénient avec le « format court », c’est qu’on est très vite limité dans le développement et l’approfondissement des personnages. On souhaitait vraiment prendre le temps de développer une histoire pour enrichir les personnages et varier la mise en scène.
GL : En fait, on rêvait depuis toujours de faire du cinéma mais on tenait à prendre notre temps et à ne pas nous lancer dans cette aventure dès le début. On a d’abord écrit, réalisé et joué nos sketchs, ce qui nous a permis de développer des mécaniques d’écriture, de trouver nos repères en termes de jeu et de mise en scène. Puis on a fini par trouver l’idée qu’il nous fallait pour développer un film de cinéma.
L’ambition dont je parlais se retrouve également dans la facture du film… Les décors, les costumes, les paysages sont très impressionnants et apportent au film un souffle épique que l’on voit rarement dans la comédie française contemporaine…
JB : C’est vraiment une consécration pour nous parce qu’en tournant nos sketchs, nous n’avions pas d’argent et pourtant il fallait qu’on essaie de leur donner le plus de gueule possible. J’utilisais une longue focale avec une grosse amorce pour que ce soit flou à l’arrière plan et qu’on en voit le moins possible. Heureusement sur ce projet là, on n’a pas manqué de moyens alors j’ai élargi le cadre pour faire des petits tableaux à la manière de cartoons. Les décors ont également été hyper travaillés alors qu’on en a utilisé certains pour une seule scène. Le décor de la radio par exemple, on y a tourné qu’un plan. C’était fou, l’équipe déco a bossé un mois, on arrive là dedans, on y reste une heure et puis on démonte le décor. Notre chef décorateur, Stéphane Cressend, est vraiment incroyable, c’est lui qui conçoit les décors des films américains qui se tournent en France. D’ailleurs, juste après notre film, il est parti bosser avec Christopher Nolan sur Dunkerque où on lui a fait construire des digues de 300 mètres qu’ils ont fait sauter par la suite. Ils ont aussi crashé un avion de la seconde guerre mondiale dans la flotte. Ça promet…
En effet ! Juste pour en revenir à vos personnages, il y a quelque chose de très attachant chez eux car ils semblent très tournés vers eux-mêmes dans un premier temps mais s’avèrent finalement plus généreux qu’on pouvait le croire…
GL : On croit en la bonté humaine. Ce sont deux grands naïfs qui préfèreraient être entre eux et draguer des filles puis la guerre arrive et là, ils se révèlent à eux-mêmes.
JB : On est dans l’esprit de Forrest Gump, ce type sans aprioris, doté d’une naïveté qui le fait traverser plein d’événements et l’amène de rencontre en rencontre. Mais il s’en sort toujours car il est profondément bon. Max et Léon suivent le même chemin.
DM : Dans le fond, c’est quelque chose de très français, on a peur des autres mais on est aussi très humanistes. Alors oui, ils ont plein d’aprioris et ne veulent pas sortir de leur village mais les rencontres qu’ils vont faire et les aventures qu’ils sont contraints de vivre les amènent à évoluer.
Pour conclure, avez-vous des projets en cours ?
GL : Moi je suis en train de tourner Bonne Pomme de Florence Quentin avec Gérard Depardieu, Catherine Deneuve et Guillaume de Tonquédec.
DM : Quant à moi, je viens de finir Mariage Blanc, un premier film de Tarek Boudali avec Philippe Duquesne.
Je vois que vous commencez à tourner chacun de votre côté… Serait-ce la fin du Palmashow ?
JB : En fait, on n’a pas de plan de carrière. Donc ce n’est pas parce qu’on fait du cinéma et même chacun de notre côté qu’on va pour autant arrêter de faire des sketchs.
GL : D’autant plus qu’on ne s’est pas connu pour le travail. David et moi nous connaissons depuis le collège et on a connu John il y a dix ans grâce à ma copine de l’époque qui était la babysitter de son petit frère. On s’est tous vite aperçu qu’on avait les même goûts et les mêmes références. David et moi étions doués pour l’écriture mais pas pour la mise en scène, contrairement à John qui lui est vraiment réalisateur alors, très naturellement, on s’est dit qu’il réaliserait nos sketchs. On ne s’est pas rencontrés après s’être contactés pour se donner un rendez-vous professionnel et se dire qu’il serait avantageux pour nous trois d’associer nos talents. Au contraire, l’amitié a toujours été au cœur de tous nos travaux.
Sortie le 1 novembre 2016.