Tu ne tueras point, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Mad Mel Gibson est enfin de retour derrière la caméra pour nous offrir un nouveau film coup de poing ! Tu ne tueras point est donc blindé des obsessions religieuses et violentes de son auteur et nous donne à voir la Guerre du Pacifique comme on ne l’avait pas vue depuis longtemps.

Cela faisait 10 ans que l’on n’avait pas vu Mel Gibson derrière une caméra. En effet, son violent et incompris Apocalypto était sorti en 2006 et depuis, l’acteur-réalisateur a enchaîne les déboires puis les seconds rôles sans grand intérêt, devant faire amande honorable après son comportement douteux que nous ne jugerons pas plus avant ici. Non, ce qui nous intéresse c’est son film qui se déroule dans la parfaite continuité de sa filmographie, de l’Homme sans Visage à Apocalypto en passant évidemment par Braveheart et la Passion du Christ, à savoir la religion et son message de paix face à la violence de l’homme.

Et Tu ne tueras point, adapté d’une histoire vraie, n’échappe pas à ce propos et cette contradiction puisqu’il raconte l’histoire d’un soldat qui s’engage dans l’armée pour partir en pleine guerre du Pacifique pour y être infirmier mais refuse de toucher une arme et de tuer qui que ce soit. Cela nous est présenté dans la première partie du film avec une certaine naïveté, le jeune Doss campé par Andrew Garfield étant évidemment la risée de ses supérieurs et de ses camarades alors que cela lui permet de séduire la fille de ses rêve. Remplie d’innocence un peu lourde, cette mise en place est assez longue et souffre d’un ton peut-être trop léger et d’un Vince Vaughn qui n’est pas une seconde crédible en sergent instructeur.

Et cette innocence va nous exploser au visage dans la seconde partie du film qui envoie les troupes sur le front face à des japonais implacables. Là le déchaînement de violence est une véritable claque que l’on n’a pas pris depuis l’introduction du Soldat Ryan de Spielberg. Mel Gibson y va carrément pour montrer la guerre dans toute son horreur, les hommes s’écroulent comme des dominos, les jambes volent, les tripes explosent et bien d’autres sévices sont montrés. La réalisation est aussi immersive qu’iconique et au milieu de out cela, notre soldat qui refuse de toucher une arme vient en aide au plus grand nombre avec cette innocence et ce courage fou qui contrastent avec le reste de ce qui est montré.

Plus le film avance, plus Doss est montré comme un héros et il n’en faut pas beaucoup à Gibson pour presque montrer qu’il est touché par la grâce et est devenu intouchable. Et même quand il plonge dans les entrailles de l’île, au moment où l’on se dit qu’il ne pourra qu’être forcé de céder à la pression de la guerre, il reste fidèle à sa foi, toujours. Une naïveté ou une forte conviction inébranlable qui font de Doss un véritable héros de guerre peut-être trop lisse pour pleinement s’y identifier mais que Gibson arrive à nous faire comprendre. Il y a peut-être seulement les images d’archives qui précèdent le générique de fin qui sont un peu lourdes pour appuyer le propos mais rendent cet héroïsme encore plus véridique.

Tu ne tueras point est donc un véritable tour de force qui montre que Mad Mel n’a rien perdu de sa superbe tant sa vision violente de la guerre est viscérale. Mais il ne fait pas cela gratuitement et toute cette violence vient en contrepoint d’un discours sur la croyance en la non-violence et sur la seule raison qui devrait importer : sauver des vies. Il en résulte un film faussement naïf passionnant et surtout une bonne claque !