Partir gagnant avec son scenario

Par William Potillion @scenarmag

Un scénario est toujours plein de promesses pour celui qui va le lire. Pour qu’il reste accroché jusqu’à la dernière page, il y a cependant quelques recommandations auxquelles le premier acte doit répondre.

Faire une première bonne impression

Lorsqu’un lecteur s’empare de votre scénario, il va passer au moins deux heures à le lire.
Mais pour cela, il faut maintenir son attention.

Les premières pages d’un script sont primordiales. Si elles sont couvertes de symboles, elles ressembleront davantage à un roman qu’à un scénario.

Mais des descriptions économiques (essentielles) ne sont pas la seule considération.

La clarté

Il faut aller au but. Si un lecteur se sent obligé de relire votre prose pour visualiser ce qui se passera à l’écran, il ne sera pas enclin à continuer sa lecture plus avant.

La clarté n’est pas un élément aussi passionnant qu’un arc dramatique. Mais c’est un problème dont beaucoup d’auteurs ne sont pas conscients.
Car ils partent du faux principe que si cela est clair dans leur esprit, ce le sera aussi pour le lecteur.

Si votre histoire joue sur deux époques différentes, il est probable que le temps que vous avez consacré à sa recherche a rendu les choses limpides pour vous.
Et vous pourriez tout naturellement basculer d’une époque à une autre. Mais si vous ne prenez pas quelques précautions, votre lecteur ne pourra vous suivre car lui, il découvre votre histoire.

La solution est évidente. Il faut passer par un carton pour situer la scène. Ainsi, le lecteur comprend qu’il a changé d’époque.
Donc ce qui faisait sens pour vous le fait aussi maintenant pour le lecteur.

C’est dans ce manque de clarté que se situe le problème. Si le premier acte contient deux ou trois moments confus, le lecteur ne vous suivra pas davantage.
Bien sûr qu’il peut comprendre ce qui se passe, mais si les détails qui constituent votre scénario sont brumeux, vous risquez d’être frustré.

Nous vous conseillons la lecture de :
LA CLARTE DANS VOTRE SCENARIO
pour compléter ce paragraphe.

La révision de votre script est indispensable

Si votre scène d’ouverture est telle que vous l’aviez inventée au premier jet, il est fort probable qu’elle soit empreinte de choses que vous avez lues ou vues.

Vous devez donc creuser un peu plus afin de vous sortir du lot.

A lire :
LE PREMIER JET DE VOTRE SCENARIO

Montrez, Ne dites pas

Le sempiternel mantra du scénariste. Quelle que soit votre histoire, il doit bien y avoir une raison pour en faire un scénario.
C’est-à-dire un média essentiellement visuel.

Démontrez à votre lecteur que vous comprenez le média pour lequel vous écrivez en communiquant visuellement ce que vous avez à dire.

Les 10 premières pages

Elles doivent consister en votre accroche. C’est-à-dire ce qui va retenir l’attention de votre lecteur.
Mais cela ne signifie pas que vous devez les barder d’actions.

L’ouverture de votre scénario doit être profondément et distinctement liée à l’histoire.
Le lecteur doit s’engager émotionnellement dans celle-ci. Un feu d’artifice d’actions ne lui suffiront pas pour s’investir dans votre histoire.

Voici trois moyens pour accrocher votre lecteur :

Introduire un personnage qui va le fasciner

Que ce soit un héros classique ou bien quelqu’un qu’il va adorer haïr, le personnage principal doit être quelqu’un d’intéressant à suivre.

Il est donc préférable d’introduire des personnages forts. Ces personnages n’ont pas à être nécessairement sympathiques mais ils doivent posséder en eux quelque chose qui donnera envie au lecteur de passer du temps avec eux.

A lire :
DE LA BONNE INTRODUCTION DE VOS PERSONNAGES

Le monde de votre histoire

Qu’il soit similaire ou différent de notre réalité, le monde fictif de votre univers doit être fermement établi parce que vous allez demander à un lecteur de s’y immerger tout au long de votre histoire.

Nous vous conseillons la lecture de

LIEU, EPOQUE & STYLE DE VOTRE MONDE

Les enjeux

Les 10 premières pages d’un scénario devraient établir les enjeux. Car les enjeux sont un des éléments facilitateurs de l’empathie.

Un lecteur s’investit dans une histoire par son personnage principal. C’est sur lui que porte l’empathie. En définissant clairement les enjeux, vous aiderez le lecteur à se prendre de passion pour un personnage.

Pourquoi John McClane risque-t-il sa vie à tenter de libérer les otages ?
Ce n’est même pas sa juridiction. Mais sa femme fait partie des otages. Même s’ils sont séparés, c’est un enjeu suffisant et puissant pour justifier ses décisions.

Et c’est par ce biais que nous allons à la rencontre intime avec ce personnage.

Visez la confiance dès le premier acte

Acquérir l’attention d’un lecteur et la maintenir consiste d’abord à lui procurer tout ce dont il a besoin et à ne pas le surcharger de ce dont il n’a pas besoin.

La mise en place d’une histoire consiste à rendre clair et distinct le lieu et l’époque à laquelle elle va se dérouler. A déterminer qui veut quoi dans cette histoire et pourquoi ce qui est si résolu à obtenir ce quoi.
A définir quelle sera la force qui va s’opposer à la réussite de l’objectif (les raisons de cette opposition n’ont cependant pas à être forcément expliquées au cours du premier acte).
Et à définir ce qui se produira si l’objectif n’est pas atteint (en somme, les enjeux).

Et que faut-il éviter pour que s’installe la confiance entre le lecteur et l’histoire ?

Des personnages à l’emporte-pièce

Des personnages unidimensionnels sont une des raisons de l’échec d’un scénario.
Ne négligez aucun de ceux-ci.

Nous vous conseillons la lecture de notre série d’articles
CREEZ DES PERSONNAGES FORTS ET CREDIBLES
afin d’aborder le travail sur vos personnages d’une façon méthodique et efficace.

Les dialogues aussi doivent refléter la personnalité de vos personnages. Comme le dit William C. Martell, on devrait pouvoir identifier un personnage à ses dialogues comme l’on reconnaît la voix de son interlocuteur au téléphone.

Des scènes qui ne vont pas à l’essentiel

C’est vrai pour l’ensemble du scénario mais encore plus pour le premier acte.

Il vous faut comprendre quand entrer dans une scène et quand en sortir.
Découvrez toute une série d’articles sur la construction la plus utile des scènes :
SCENES & DIALOGUES

Des changements de tonalité

Une tonalité cohérente aide à maintenir les choses ensemble. La tonalité est comme une atmosphère continue dans laquelle baigne votre lecteur.

On peut l’assimiler au genre. Lorsque le lecteur se sait dans une comédie romantique, il est face à certaines expectations. Si vous versez dans le macabre abruptement, le lecteur sera déboussolé.
A moins que vous l’ayez prévenu au préalable qu’il s’agisse d’une comédie horrifique.

Et dans ce cas, il conviendra de certaines conventions et cette concordance de vues facilite la compréhension de l’histoire.

Vous mettez le lecteur en confiance dès le premier acte en établissant sans ambiguïté le genre dans lequel votre histoire évoluera.