Alors T’as Aimé ? | Avis sur La Colline a des Yeux par Wes Craven

Par Kevin Halgand @CineCinephile

Synopsis : " En partance pour la Californie, une famille se retrouve accidentellement au beau milieu d'une zone d'essais de l'aviation américaine. Contraints de quitter leur véhicule, ils se retrouvent pourchassés par une bande de dégénérés. "

Les lumières de la salle de cinéma s'allument, tu te repositionnes sur ton siège pour avoir fière allure parce que la position " je m'installe comme à la maison "ce n'est pas trop ça, et là, ton ami(e) se retourne vers toi et te demande : " Alors ? "

Alors, j'ai découvert le film La Colline à des Yeux réalisé par Wes Craven au cinéma dans sa version restaurée, qui sort dans les salles le 23 novembre 2016, à l'occasion des 40 ans du film. Et ce film est qualifié comme étant culte ? Il faut croire que le réalisateur français Alexandre Aja avait, contrairement à beaucoup, bien compris l'intérêt et ce que signifie pleinement le terme remake. Ce dernier a réalisé et sorti en 2006 un film d'horreur angoissant, saisissant et brutal à souhait. Là où Wes Craven avait en 1977, réalisé un film d'horreur qui à sa sortie paraissait peut-être effrayant (et encore, cinq ans avant John Boorman le faisait à merveille avec Délivrance, sans parler de Tobe Hooper...), mais qui en 2016 paraît avant tout kitch, et par concordance, drôle à souhait. Les idées scénaristiques et de mise en scène sont là, mais Wes Craven n'arrive pas à rendre effrayant les méchants de l'histoire qu'il nous conte. Récit qui par ailleurs manque de punch et de viscéralité.

Contrairement à un Nightmare on Elm Street, Friday the 13th ou encore Texas Chainsaw, The Hills Have Eyes dans son titre original, n'a pas de méchant emblématique sur lequel se reposer. Cette version n'a que de " simples humains " cannibales aux allures et réactions plus ridicules qu'effrayantes. Pour son remake soit une réussite et pas qu'une simple mise à jour de la version originelle, Alexandre Aja avait compris que l'essence de la peur de cette histoire ne résidait pas dans les créatures à proprement parler, mais bien dans cette vaste colline. Une colline omniprésente, qui en arrière-plan, oppresse toujours les personnages au point de les rendre paranoïaques. La réalisation et le montage du film étaient au service de l'ambiance. Créer une ambiance stressante et oppressante avec une direction artistique qui va osciller entre des journées où les personnages vont être oppressés par la chaleur et des nuits où ils vont l'être par une obscurité des plus totales. Ce que Wes Craven ne fait malheureusement pas. Ou plus précisément, tente de faire, mais en vain.

On accusera en grande partie un manque de moyens dû au fait que ce long-métrage n'est " que " son troisième film en tant que réalisateur. Un film qui n'était pas foncièrement mauvais. On notera quelques belles idées scénaristiques et un concept intéressant dans sa globalité. Concept qui n'aboutira cependant pas sur un bon film, notamment à cause de cette ambiance qui ne prend pas et de personnages caricaturaux qui ne traversent pas les générations avec facilité. Les acteurs ne sont pas en reste, même si pas aidés par l'écriture de leurs personnages respectifs et la direction d'acteur de Wes Craven qui laisse à désirer à de nombreuses reprises. Je croyais découvrir un film culte, je me suis finalement retrouvé face à une œuvre involontairement drôle.

Un mot sur cette version restaurée qui sort (ou est sortie) au cinéma le 23 novembre 2016. Une belle restauration signée Park Circus. A l'instar de tous les autres films restaurée par la société, le film n'est pas intégralement lissé et retravaillé. Le tout est plus fin, doté d'une meilleure résolution que la version de 1977, mais conserve un grain qui a son charme. Un grain qui va avec le côté kitch et rétro dont dispose le film. Non négligeable !

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