Critiques Cinéma
Cinq ans après l'adaptation du dernier tome de la saga Harry Potter voici que débarque le premier volet d'une nouvelle série de films (adapté d'un livre court écrit par J. K. Rowling pour une association humanitaire) se déroulant dans le même univers à une époque et sur un continent différent, l'Angleterre contemporaine cédant la place à l'Amérique des années folles, servant de facto de prequel puisqu'on annonce déjà la présence de personnages connus dans les prochains films. Si David Yates le réalisateur des quatre derniers Harry Potter est toujours derrière la caméra (et réalisera les cinq films prévus) c'est la romancière qui signe le scénario du film (c'est son premier pour le cinéma). C'est l'oscarisé Eddie Redmayne qui prend la tété d'un casting comprenant Katherine Waterston ( Inherent Vice bientôt Alien Covenant), Ezra Miller ( Le monde de Charlie bientôt The Flash) ou Colin Farrell. En langage Harry Potter l'auteur de ces lignes est un " moldu " et n'a jamais été sensible à cet univers, un des rares à n'avoir pas produit de grands films même si ils sont pour la plupart honorables. La faute essentiellement à un trio de jeunes comédiens médiocres dans les rôles principaux, au caractère répétitif des opus et à leur manque de souffle épique. De ce fait nous entrions dans cette nouvelle saga sans enthousiasme mais sans à priori non plus.
L'intrigue conçue par JK Rowling est assez simple. Notre nouveau héros le cryptozoologiste Norbert Dragonneau ( Eddie Redmayne), employé introverti du ministère de la Magie arrive dans le New York des années 20 avec une valise remplie de créatures magiques. Après un incident impliquant un " non maj " (le nom donné aux moldus outre-atlantique) Jacob Kowalski ( Dan Fogler), une partie de ses créatures s'échappe. Il va devoir les retrouver en échappant à Tina Goldstein ( Katherine Waterston), ancienne enquêtrice du Congrès magique des États-Unis d'Amérique (MACUSA), qui pense retrouver son poste en l'arrêtant. Mais ils ignorent que dans l'ombre un magicien rebelle Gellert Grindelwald compte profiter du chaos pour exposer l'existence des sorcières et des sorciers à la population humaine.
La bonne nouvelle c'est que le monde des Animaux Fantastiques ne nécessite pas une connaissance extensive du monde d' Harry Potter en dehors des bases à savoir qu'une société de sorciers et sorcières vit parmi les humains. Les références à Harry Potter sont présentes sans être envahissantes (mais il est très possible que beaucoup nous soient passées au dessus de la tête). Il est d'ailleurs moins claustrophobique que les Harry Potter car le film se déroule essentiellement dans le monde des " non-maj " ce qui donne l'occasion à Stuart Craig décorateur attitré de la franchise (tous les Harry Potter mais aussi Gandhi, les Liaisons Dangereuses ou Le patient anglais) d'échapper aux murs de Poudlard et de livrer une reconstitution monumentale du New York des années 20 fantasmé dans sa magnificence art-déco, qui nous rappelle le King Kong de Peter Jackson ou le Shadow de Russell Mulcahy (ce qui nous donne une excuse pour évoquer ce film que nous aimons beaucoup).
Le coté " Creature feature " du film lié aux créatures éponymes du titre et leur chasse très rythmée à travers Manhattan pleines de gags, confère au film un coté dessin animé Disney classique live très agréable. le rythme devient plus erratique dans sa seconde moitié ou l'on retombe hélas sur des intrigues de sorcellerie plus familières de la franchise avec ses métaphores lourdaudes sur le racisme, ses duels à la baguette magique et son dénouement a la Scooby-Doo. Le film aurait gagné à être plus resserré même si il se suit sans déplaisir. On notera que par une étrange coïncidence le film, comme Dr Strange contient une scene qu'on pourrait décrire comme du " reconstruction porn " en réaction au terme " destruction porn " qui décrit les scènes de destruction massive des blockbusters récents.
Comme beaucoup de premier volet en devenir Les Animaux Fantastiques se doit de mettre en place les éléments qui seront exploités dans les films à venir. Beaucoup de personnages sont ainsi introduits sans être développé comme placés sur l'échiquier narratif pour de prochaines parties. Néanmoins le film offre une histoire complète autonome. L'amélioration la plus significative par rapport à la franchise mère tient à l'interprétation, le trio de héros, Norbert, Tina et Jacob (le quatuor même si on y rajoute Queenie la sœur de Tina) est attachant et interprété par de bons comédiens en lieu et place des calamiteux Daniel Radcliffe, Rupert Grint et Emma Watson. Certes Eddie Redmayne interprète Norbert Dragonneau comme un Stephen Hawking avec une baguette magique mais le fait bien, Dan Fogler est un acolyte beaucoup plus fin et convaincant que Ron Weasley et Katherine Waterston confirme tout le bien qu'on pensait d'elle après l'avoir découverte dans le Inherent Vice de Paul Thomas Anderson. A l'aise dans l'émotion ou la comédie elle illumine le film et on se languit de la retrouver face au xénomorphes dans le Alien Covenant de Ridley Scott . Autour d'eux on retrouve le toujours excellent Colin Farrell en sorcier ténébreux qui mène la traque des fugitifs, Samantha Morton ( Minority report) en fanatique anti-sorcier et Ezra Miller (futur Flash de Justice League) compose un personnage expressionniste qui ne dépareillerait pas dans un film de monstres de la Universal. Conclusion : Les Animaux Fantastiques est un divertissement familial assez rythmé , visuellement riche et plein d'humour mais qui reste réservé aux (nombreux) fans de Harry Potter et de l'univers de J.K Rowling.
Titre Original: FANTASTIC BEASTS AND WHERE TO FIND THEM
Réalisé par: David Yates
Casting : Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Colin Farrell,
Ezra Miller, Dan Fogler, Samantha Morton...
Genre: Fantastique, Aventure
Sortie le: 16 novembre 2016
Distribué par: Warner Bros. France