Iris (2016) de Jalil Lespert

4ème long métrage comme réalisateur pour l'acteur Jalil Lespert. Après les drames "24 mesures" (2006) et "Des vents contraires" (2011), après son biopic "Yves Saint-Laurent" (2014) l'acteur-réalisateur qui est aussi scénariste et dialoguiste signe un thriller érotico-psychologique qui du style et du fond. Remake du film "Chaos" (1999) de Hideo Nakata (réputé pour son film "Ring" en 1997) ce film a été inspiré par les films "Sueurs Froides" (1958) de Alfred Hitchcock et "Body Double" (1984) de Brian De Palma selon Jalil Lespert lui-même. C'est l'histoire de Max, mécano à la merci de sa banque, qui se voit offrir une opportunité de se refaire, une épouse lui demande de l'enlever pour demander une rançon au mari. Un plan sans accroc jusqu'au jour où il retrouve sa victime morte.

Iris (2016) de Jalil Lespert

Dès le début le cinéaste impose une atmosphère sombre et inquiétante dans une cité qui semble dénuée de bonheur. Le scénario est très bon, avec un prologue (mise en place du rapt) qui nous plonge dans le vif du sujet avec ensuite une alternance avec des flash-backs afin de dévoiler l'ensemble de l'intrigue petit à petit. Ce qui est fort c'est que sans réel suspense (le twist arrive vite) Lespert arrive à instaurer une vraie tension. Car à y regarder de plus près l'enquête est secondaire. En effet ce qui se dessine c'est une réflexion sur les frustrations sexuelles, les compromis légitime ou non au sein d'un couple, la routine avec laquelle on vit... Résultat ici, chantage, RDV sado-maso, manipulations, perversions (pour qui ?!)... Le mécano est joué par Romain Duris (qui n'avait pas joué un rôle aussi sérieux au cinéma depuis "L'homme qui voulait vivre sa vie" en 2010 de Eric Lartigau), l'époux est joué par Jalil Lespert lui-même et l'épouse/maitresse par Charlotte Le Bon (déjà tourné pour Lespert dans "Yves Saint-Laurent", et avec Duris dans "L'Ecume des jours" en 2013 de Michel Gondry) en femme fatale. Mais il ne faut pas oublier le duo de policiers, interprétés par Camille Cottin et Adel Bencherif (déjà joués ensemble dans la comédie "Les Gorilles" en 2015 de Tristan Aurouet) qui forme un duo intéressant mais peut-être pas assez exploité. On a tous les codes du Film Noir pour un thriller qui se veut érotique, doté d'une intrigue solide et d'un réel fond.

Iris (2016) de Jalil Lespert

Malheureusement le film aurait pu être plus puissant. L'érotisme du film manque de sensualité, ça reste trop froid et la mise en scène de Lespert est un peu trop racoleuse pour atténuer le tout. L'érotisme même malsaine a besoin d'un minimum de chaleur et de chair, la musique et/ou le climax y participe. Outre les deux chefs d'oeuvres sus-cités on pense aussi à "Eyes Wide Shut" (1999) de Stanley Kubrick et dernièrement "Elle" (2016) de Paul Verhoeven. Mais Jalil Lespert, bien que cinéaste solide, n'est ni Kubrick, ni Verhoeven, ni Hitchcock ni De Palma. Point commun entre ces derniers ?! Le sens de l'image qui sert leur appétit d'érotisme malsain mais diablement attirant. Il manque cette attraction chez Lespert. Il a l'idée, il a le scénario (servi par un excellent montage), un bon casting, mais il manque au film cette ambiance où le sexe respire à chaque image. Un très bon thriller, au-dessus du panier dans la filmo hexagonale du moment mais le potentiel promettait encore plus.

Note :

Iris (2016) Jalil LespertIris (2016) Jalil Lespert