Les Têtes de l'emploi (2016) de Alexandre Charlot et Franck Magnier

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Les producteurs du film "Les Gazelles" (2014) de Mona Achache (entre autres film) ont proposé le projet aux duos de réalisateur Alexandre Charlot et Franck Magnier. Si ces deux-là ont signé les oubliables "Imogen MacCarthery" (2010) et "Boule et Bill" (2013) ils ne faut pas oublier qu'ils sont issus de l'écurie des auteurs des Guignols de l'info. A priori ils n'ont surtout pas voulu l'oublier et revenir à un humour plus proche d'eux, de l'esprit Canal. Ils réalisent et co-signent le scénario de cette comédie dans l'air du temps avec un fait de société concret et malheureusement omniprésent, le chômage. On se retrouve à suivre trois agents de l'Agence pour l'Emploi ( Pôle Emploi a refusé qu'on utilise leur nom !) qui, après avoir "trop bien travaillé", décide de créer du chômage pour sauver leurs propres emplois. De la bêtise administrative les cinéaste mettent en pratique avec un situation pas si dingue que ça. Dans l'idée on pense au génial "Cops" (2003) de Josef Farès où des flics décident de créer des infractions pour sauver leur commissariat.

Les trois agents pour l'emploi sont interprétés par Franck Dubosc, Elsa Zylbertsein et François-Xavier Demaison. Le premier était déjà dans "Boule et Bill" et a déjà tourné avec ses partenaires (Demaison dans "Disco" en 2008 de Fabien Onteniente et Elsa Zylbertsein dans "Plan de table" en 2012 de Christelle Raynal). L'un des atouts du film reste le casting et leur personnage. Dubosc est impeccable dans un rôle d'un agent aigri, désabusé, forte de tête le tout dans une sobriété qu'on ne lui connait trop peu. Demaison interprète un agent dont la jovialité cache en fait un homme proche de la dépression. Et enfin Elsa Zylberstein qui joue une employée mère célibataire en manque d'amour. L'actrice est la belle trouvaille du film, une actrice expérimentée qu'on avait encore jamais vu dans un genre aussi comique (passons sur les pseudo-"comédies" plus ou moins dramatique et /ou douce-amère). Elle est géniale oscillant toujours entre son personnage à fleur de peau qui nous fait rire à l'insu de son plein gré. C'est pourtant bien le burn-out qui rapproche ces trois employés en attente d'être virés. Après avoir tenu le coup des années à suivre des consignes inhumaines et contre-productives (tout dépend de là où on se place !) ils se retrouvent "puni" et vont à leur tour devoir pointer à Pôle Emploi, à moins qu'ils ne trouvent une solution...

Outre leur caractère les personnages sont tels qu'on à l'impression d'être entre deux époques, Dubosc roule en vieille volvo et vit dans une maison peu moderne, Zylbertsein s'habille à la mode Melanie Griffith des eighties mais surfe sur des sites de rencontres, Demaison s'habille en Tanguy alors qu'il est marié et roule en vélo électrique. Le point fort reste donc le casting judicieux qui offre une performance inspirée pour des personnages joliment dessinés. Par contre le point faible reste un (tout) petit soucis de rythme. En effet d'abord pensé comme une succession de sketchs on s'aperçoit vite que la problématique fut ensuite de combler les trous. Les parties sketchs sont réussies et certaines sont vraiment très drôles. Entre, le parties plus sentimentales et/ou intimes sont déjà plus inégales sans être pour autant décevantes ou râtées, elles sont surtout victimes d'un montage maladroits (1 séquences marrantes, intimité, 1 séquences marrantes, intimité... etc...). Néanmoins les gags sont efficaces et trouve un juste milieu entre drame social et farce qui frôle parfois l'audace ! Sans manichéïsme du tout (Pôle Emploi en prend pour son grade mais pas les employés plutôt victimes collatérales et chez les chômeurs tout le monde n'est pas chercheur de travail !) le duo Charlot-Magnier signent en quelque sorte un film à la Etienne Chatiliez en grande forme. Bancal certe mais diablement intelligent et lucide et quelques bons éclats de rires.

Note :