L'amour... toujours l'amour
Woody Allen filme ici, au-delà de ses sujets de réflexion traditionnelle, son amour d’un New-York bouillonnant de vie (nuit et jour se succèdent sans que l’on s’en aperçoive, la vie ne s’arrête jamais à New-York). Un New-York, un brin nostalgique (un New-York du passé voire romancé), d’où son choix d’un noir et blanc sublime (certaines photographies sont passées à la postérité dont l’affiche, magnifique) ; mais aussi un New-York de cartes postales surtout dans l’introduction. Introduction aussi très littéraire qui rend compte du caractère universel et complexe de la mégalopole, difficile de résumer une ville. Donc derrière cette intro très écrite (une habitude chez Woody) et très graphique (on oublie souvent le metteur en scène derrière l’excellent dialoguiste et scénariste) ; ce film est la quintessence des interrogations alleniennes sur l’amour, la mort, la futilité, la culture et la fatalité. Un condensé efficace et riche qui mérite plusieurs visions afin d’en apprécier la profondeur.Les angoisses multiples de Woody ressortent ici avec son ton saccadé et son phrasé si particulier. Sur Dieu, Woody montre un monde en perte de repère, sans idéaux et ne croyant plus en Dieu. Ce qui lui fera répondre à son meilleur ami qui lui dit « Tu te prends pour Dieu ! » ; « Il faut bien que quelqu’un me serve de modèle ». Et le film foisonne de répliques aussi précises. Sur les bourgeois intellos des grandes villes, pas de cadeau, il nous les montre par pur snobisme débiner des génies de la peinture, de la littérature,… Sur la société, son ex femme élève leur fils avec une autre femme ce qui le laisse dubitatif sur l’avenir d’un petit être élevé par deux mères : « alors que peu de gens parviennent à survivre à une seule… ».Mais au-delà de tout çà, c’est bien l’histoire amoureuse entre Woody, la snob catho Mary aussi hésitante que lui, la trop jeune Tracy (qui une fois largué par Mary ne semble plus avoir 17 ans aux yeux de Woody) ; le tout supervisé par un vieil ami indécis qui est au centre des débats. Les va et vient amoureux entre ces 4 là sont délectables car toujours objectivés avec un triste bilan final que personne n’est vraiment jamais au bon moment avec la bonne personne. Allen et Keaton (Mary dans le film) sont des alter ego de névrose et Tracy au milieu de çà est délicieuse de gravité. La plus jeune (Tracy, 17 ans) est la plus lucide sur la comédie humaine du haut de sa candeur ce qui fait dire à Woody : « Tu es la réponse de Dieu à Job. Dieu t’aurait désignée et aurait dit : « Je fais des choses horribles, Job, mais je suis capable de faire çà » ». Et l’épisode des œufs reflète bien la pensée de Woody sur l’amour. Docteur, mon frère se prend pour une poule. Eh bien faites le interner répond le médecin. Ce n’est pas que je ne veux pas mais j’ai besoin des œufs. Et Woody : « c’est comme çà que je vois les histoires d’amour. On sait pertinent que c’est irrationnel, dingue, absurde. Mais je suppose qu’on s’accroche parce que la plupart d’entre nous ont besoin des œufs. ».Cependant Woody a bon ton de remettre tous ces petits maux de la comédie humaine à leur juste hauteur en se présentant devant le squelette d’un homme préhistorique alors qu’il apprend la trahison de son meilleur ami reprenant sa relation avec Mary. Ces petits agissements ne sont rien au regard de l’histoire de l’Homme.
Grande leçon Allenienne hyper dense et concise.Sorti en 1979Ma note: 17/20
Woody Allen filme ici, au-delà de ses sujets de réflexion traditionnelle, son amour d’un New-York bouillonnant de vie (nuit et jour se succèdent sans que l’on s’en aperçoive, la vie ne s’arrête jamais à New-York). Un New-York, un brin nostalgique (un New-York du passé voire romancé), d’où son choix d’un noir et blanc sublime (certaines photographies sont passées à la postérité dont l’affiche, magnifique) ; mais aussi un New-York de cartes postales surtout dans l’introduction. Introduction aussi très littéraire qui rend compte du caractère universel et complexe de la mégalopole, difficile de résumer une ville. Donc derrière cette intro très écrite (une habitude chez Woody) et très graphique (on oublie souvent le metteur en scène derrière l’excellent dialoguiste et scénariste) ; ce film est la quintessence des interrogations alleniennes sur l’amour, la mort, la futilité, la culture et la fatalité. Un condensé efficace et riche qui mérite plusieurs visions afin d’en apprécier la profondeur.Les angoisses multiples de Woody ressortent ici avec son ton saccadé et son phrasé si particulier. Sur Dieu, Woody montre un monde en perte de repère, sans idéaux et ne croyant plus en Dieu. Ce qui lui fera répondre à son meilleur ami qui lui dit « Tu te prends pour Dieu ! » ; « Il faut bien que quelqu’un me serve de modèle ». Et le film foisonne de répliques aussi précises. Sur les bourgeois intellos des grandes villes, pas de cadeau, il nous les montre par pur snobisme débiner des génies de la peinture, de la littérature,… Sur la société, son ex femme élève leur fils avec une autre femme ce qui le laisse dubitatif sur l’avenir d’un petit être élevé par deux mères : « alors que peu de gens parviennent à survivre à une seule… ».Mais au-delà de tout çà, c’est bien l’histoire amoureuse entre Woody, la snob catho Mary aussi hésitante que lui, la trop jeune Tracy (qui une fois largué par Mary ne semble plus avoir 17 ans aux yeux de Woody) ; le tout supervisé par un vieil ami indécis qui est au centre des débats. Les va et vient amoureux entre ces 4 là sont délectables car toujours objectivés avec un triste bilan final que personne n’est vraiment jamais au bon moment avec la bonne personne. Allen et Keaton (Mary dans le film) sont des alter ego de névrose et Tracy au milieu de çà est délicieuse de gravité. La plus jeune (Tracy, 17 ans) est la plus lucide sur la comédie humaine du haut de sa candeur ce qui fait dire à Woody : « Tu es la réponse de Dieu à Job. Dieu t’aurait désignée et aurait dit : « Je fais des choses horribles, Job, mais je suis capable de faire çà » ». Et l’épisode des œufs reflète bien la pensée de Woody sur l’amour. Docteur, mon frère se prend pour une poule. Eh bien faites le interner répond le médecin. Ce n’est pas que je ne veux pas mais j’ai besoin des œufs. Et Woody : « c’est comme çà que je vois les histoires d’amour. On sait pertinent que c’est irrationnel, dingue, absurde. Mais je suppose qu’on s’accroche parce que la plupart d’entre nous ont besoin des œufs. ».Cependant Woody a bon ton de remettre tous ces petits maux de la comédie humaine à leur juste hauteur en se présentant devant le squelette d’un homme préhistorique alors qu’il apprend la trahison de son meilleur ami reprenant sa relation avec Mary. Ces petits agissements ne sont rien au regard de l’histoire de l’Homme.
Grande leçon Allenienne hyper dense et concise.Sorti en 1979Ma note: 17/20