L’arene et ses personnages

Par William Potillion @scenarmag

On ne crée pas l’univers de son histoire que l’on peuple ensuite de personnages.
On crée un univers pour qu’il exprime les personnages et en particulier le héros.
Dans une fiction, tout est une question de relations. Principalement de relations entre les personnages.
Dramatica, par exemple, identifie des relations structurelles, situationnelles et émotionnelles.
Plus à ce sujet dans ces articles :
VOTRE SCENARIO ETAPE PAR ETAPE (20)
VOTRE SCENARIO ETAPE PAR ETAPE (26)
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Donc lorsque vous définissez les relations entre vos personnages, vous dramatisez pour une grosse part les oppositions entre ces personnages.

L’arène, alors, se définit en dramatisant visuellement ces oppositions.
Sachant que les oppositions se constituent de valeurs. Et il vaut mieux faire comme l’axiologie le préconise, c’est-à-dire opérer la distinction entre morale et valeur.
Vous ne portez pas de jugement de valeur lorsque vous construisez vos personnages.

Vous leur assignez des croyances, une éthique et tout un ensemble de valeurs disparates (éducation, expérience vécue…) qui feront leur personnalité.

Des oppositions visuelles

Visuellement, vous fabriquerez votre arène (que l’on peut assimiler à la diégèse) en observant la façon dont vos personnages s’affrontent les uns avec les autres, selon John Truby.

Ce sont les conflits de valeurs que vous devez d’abord comprendre intellectuellement qui vous guideront ensuite vers des métaphores ou des allégories.
Ces représentations dessineront les lignes de votre arène.

Considérons deux exemples que donne John Truby.

La vie est belle

de Frances Goodrich, Albert Hackett, Frank Capra et Jo Swerling, d’après la nouvelle de Philip Van Doren Stern The Greatest Gift.

La vie est belle est structurée de façon à nous donner à voir deux versions d’une même ville.
D’un côté nous avons Pottersville qui est la manifestation de ce que la cupidité sans borne d’un seul homme peut offrir à la société des hommes.

Et de l’autre, nous avons Bedford Falls qui est un exemple de cité de démocratie, de décence et de bonté.
Ainsi, Pottersville et Bedford Falls sont l’expression directe de l’opposition fondamentale entre George Bailey et Potter.
Ces deux cités sont la manifestation des valeurs que portent ces deux hommes.

Dance avec les loups

de  Michael Blake, d’après son propre roman.

Deux univers sont décrits dans cette histoire. D’abord la guerre de Sécession et l’arrivée de Dunbar dans cet avant-poste abandonné par les hommes.
Le monde décrit est celui du point de vue de John Dunbar qui croit en les valeurs de la civilisation américaine.

Puis ce point de vue change. Au contact des Sioux Lakota dont le séjour ressemble à une petite utopie permet à Dunbar de réaliser que les valeurs d’une Amérique expansionniste qui traite animaux et indiens comme des objets à détruire sont de fausses valeurs.

Le monde apparemment sauvage des indiens possède les véritables valeurs d’une vie en phase avec la nature et de respect de l’être humain jugé selon les qualités de son cœur.

Ce sont les deux points de vue successifs de Dunbar qui forment l’univers de Dance avec les loups. Et ces deux façons de voir le monde égrènent deux ensembles de valeurs opposées.