FIFAM 2016 | Un Regard Sur : Wulu par Daouda Coulibaly

Par Kevin Halgand @CineCinephile

Synopsis : " Ladji, un jeune chauffeur de bus cherchant à s'en sortir va parvenir à ses fins en entrant dans le crime organisé. "

Du 11 au 19 novembre 2016 se déroule la 36e édition du Festival International du Film d'Amiens. Un Festival qui met à l'honneur le cinéma du monde au travers de rétrospectives, d'hommages et de notamment une compétition dans le format long. Nous couvrons le festival dans son intégralité, l'occasion pour nous de vous parler dans un format court de films indépendants dont vous n'entendrez pas forcément parler partout. Tout est possible, les bonnes comme les mauvaises surprises !
Prix du Public | Festival International du Film d'Amiens 2016

Alors, Wulu est le septième et dernier film présenté dans le cadre de la compétition au Grand Prix du long-métrage du 36e Festival International du Film d'Amiens. Cinquième film en compétition que je découvre et dernier (je ne peux pas être partout !), mais pas des moindres. Première réalisation, premier film ambitieux qui a été difficile à monter, mais qui a réussi à se faire grâce à la persévérance de son équipe, mais avant tout de son réalisateur. Quelque peu inspiré par l'affaire " Air Cocaïne ", Daouda Coulibaly a décidé pour son premier film de transposer un récit digne d'un thriller hollywoodien au Mali et de le mettre en scène avec un budget plus que limité. L'argent ne fait pas tout. Tant que l'ambition et la détermination prônent, le résultat peut être concluant. Wulu en est la preuve.

Thriller peu original tant sur le fond que sur la forme (narration linéaire, histoire vue et revue, rebondissements prévisibles...), mais qui réussit à capter l'attention du spectateur et à le tenir en haleine jusqu'à son rebondissement final. Œuvre indépendante (même si c'est maintenant un film Canal+, Ciné+...), Wulu a la force de ne pas avoir à appartenir à un genre en particulier. Thriller avant tout, mais aussi drame et polar sur fond de trafic de drogue, qui ne va pas chercher à mettre l'action sur un piédestal. Porté par un rythme majoritairement lent, le film va réussir à toujours regagner l'attention du spectateur avec une scène d'action plus dynamique et un découpage qui va faire gagner à la séquence en question une certaine dose de nervosité. L'action va être au service de l'histoire, au service du film et non l'inverse. C'est en ça que l'on reconnaît qu'il s'agit d'un film indépendant qui cherche à conter une histoire et non à faire du spectacle pour du spectacle.

Wulu sort néanmoins des chemins qu'il arpente sur bien des aspects, grâce à sa manière de caractériser son protagoniste et de créer une forme d'attachement par l'empathie chez le spectateur. La direction d'acteur y est pour beaucoup et Daouda Coulibaly a fait un beau travail sur ce point. San oublier la belle prestation de l'acteur Ibrahim Koma qui tient ici son premier " premier rôle ". Le protagoniste est de tous les plans, mais toujours tête basse. Réservé, timide, rarement souriant, mais toujours déterminé et obnubilé par son objectif de réussite. Une sorte de Tony Montana toute proportion gardée et pour faire dans le cliché, mais sans l'expressivité et la grandiloquence presque narcissique, égocentrique et maniaque de ce dernier. Va en résulter un personnage qui va murir et se développer au fur et à mesure de l'avancée du récit, sans pour autant prendre en confiance. Le doute va le hanter même lorsqu'il sera au sommet, créant une empathie toute particulière de la part du spectateur à son égard. Comme quoi, une belle réalisation avec des cadres bien élaborés, un bon personnage principal et une direction d'acteur de qualité permettent à au film de ne pas souffrir du classicisme de l'histoire contée. Il aurait pu être plus grand, plus original, mais pour une première réalisation indépendante, on dit déjà bravo.

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