De nos jours, Kaashmora (Karthik Sivakumar) est un exorciste si doué en apparence que, dans tout le pays, on le sollicite pour résoudre des problèmes paranormaux. Avec sa famille, c’est une véritable entreprise qu’il gère, dont son père (Vivek I) est le manager. Yamini (Sri Diviya), une étudiante dont la thèse concerne les médiums, tente de déterminer la véracité des faits. Malgré eux, ils se retrouvent embringués dans une aventure fantastique et dangereuse, appelé à l’aide par une princesse de légende, Ratnamahadevi (Nayanthara/Smrithi), menacé par le guerrier Rajnayak (également interprété par Karthik Sivakumar).
Rajnayak (Karthik Sivakumar)
Une fois n’est pas coutume, le cinéma tamoul se trouve être le reflet critique de la société indienne. Sous ces dehors extravagants, Bollywood a bien des choses à dire et confirme que le cinéma, peu importe le genre qu’il emprunte, peut-être un média de combat. Avec énormément de dérision, Kaashmora donne la parole à une vision athéiste, peu représentée et minoritaires dans un pays à la tradition hindouiste très forte. Son anti-héros est un véritable escroc que l’on pourrait condamner sévèrement mais que l’on prend immédiatement en sympathie en réaction à l’agaçante crédulité du commun des mortels. Il y a, dans ces arnaques, une part de sensationnel, qui le rend génial et l’on se dit que, finalement, ces victimes méritent un peu leur sort. Bien évidemment, ces exploits sont mis en musique et en chorégraphie, chose fort agréable, avec une bande sonore aux accents rock’n’roll qui détonne de l’habituel soupe électro, et donne un véritable élan au film, plagiant parfois celle de Shaft en nous susurrant « Kaash ». Pour des raisons insoupçonné, les voix de Bollywood sont parfois impénétrables, les séquences de clip piochent à droite et à gauche leurs influences, reprenant par exemple, des bolides de Mad Max : Fury Road. Fou rire garanti par l’absurde de la situation. Clairement divisé en deux parties distinctes, Kaashmora se présente donc, dans un premier temps, comme une pure comédie singeant les escrocs médiumniques, multipliant les occasions de nous montrer les dessous d’une industrie bien lucrative. Pour le meilleur et pour le rire.
Kaashmora (Karthik Sivakumar)
On ressent une sorte de jubilation à découvrir comment Kaashmora trompe ses clients, faisant des prouesses dans l’art de l’illusion, manipulateur de bout en bout. Il n’est cependant pas le seul, l’escroquerie étant une affaire de famille. Flirtant avec le Jim Carrey de la grande époque de The Mask, Karthik Sivakumar alterne un air sérieux et des mimiques abracadabrantesques. Le père, la grand-mère et la sœur (Jangiri Madhumitha) ne sont pas en reste, développant une galerie de personnages tous plus malicieux les uns que les autres. Pris à son propre jeu, Kaashmora, dans une deuxième partie s’orientant vers un traitement fantastique, sans relâcher le côté comique, est rattrapé par les événements. Sur fond de corruption d’un ministre (Sharath Lohitashwa), son dernier larcin le pousse à se réfugier dans un très vieux palais abandonné où il va devoir faire preuve de tout son talent face à de véritable revenants pas très avenants. L’acteur montre alors l’étendu de son talent. Kaashmora, malgré une digression longuette en forme de retour en arrière, le temps de dévoiler une macabre romance empreinte de légendes antiques, maintient un rythme soutenu qui ne laisse pas de repos à nos zygomatiques. Du côté des effets spéciaux, cette petite production au budget de six cents millions de roupies (environ huit millions d’euros) n’a pas à rougir et l’on peut même saluer la qualité du travail des techniciens. C’est que l’industrie indienne n’a plus grand-chose à apprendre d’Hollywood dans ce domaine. On se rappelle également de l’excellent Kochadaiyaan qui nous avait également surpris par la qualité de ces effets numériques. Kaashmora développe quelques combats tout aussi épiques.
Rajnayak (Karthik Sivakumar) et Ratnamahadevi (Nayanthara que l’on avait vu dans le désolant Masss)
Comédie fantastique réussie, Kaashmora mélange avec brio action et comédie. Parfois un peu dans l’excès, on ne peut que le pardonner à Gokul, tant le résultat est jubilatoire.
Boeringer Rémy
Retrouvez ici la bande-annonce :