Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, l'état d'urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu'à Busan, l'unique ville où ils seront en sécurité...Dernier Train pour Busan – 17 Août 2016 - Sang-Ho YeonCette année, le cinéma coréen se conjugue à la cannoise ! Un tremplin incontournable qui semble avoir portés bonheur à trois de ces films. De l'exigeant « Mademoiselle » de Park Chan-wook qui était en compétition officielle, au mystique « The Strangers » de Na Hong-Jin présent en hors-compétition à l'éprouvant « Dernier Train pour Busan » qui a eu le droit de décoiffer les festivaliers en séance de minuit. Une proposition de cinéma radicale, originale et diversifiée, ou l'on trouve une belle et tendre histoire d'amour saupoudrée d'une dose de policier, un thriller surnaturel dans la campagne coréenne et enfin pour celui qui nous intéresse ici; un film de zombie entre survival horrifique et mélodrame familial.
Seok-woo est un employé dévoué à son travail dans la finance. Si bien qu'il n'est plus marié, que sa fille le rejette et comble du comble, sa mère vit avec lui. Une situation qu'il assume assez bien, sauf par rapport à sa fille. Cependant il sait que c'est de sa faute, il ne fait guère attention à elle, lui offre un cadeau qu'il lui a déjà offert quelques mois plus tôt et il rate des spectacles à son école. C'est ainsi que la petite Soo-an souhaite rentrer chez sa mère, lasse d'un père de plus en plus distant. Le lendemain, il se dirige vers le centre de Séoul pour prendre le train qui les emmènera à Busan, la ou se trouve la mère de Soo-an, l'ex de Seok-woo. Installé confortablement dans le Korean Train Express (KTX) , ils attendent le départ du train, quand une étrange personne monte dans le train. Cette jeune femme, visiblement mal en point se transforme en zombie et attaque un membre du personnel de bord. Très vite, le voyage qui devait s’avérer paisible, se change en un chemin de croix pour la survie. Contre les zombies et le monde des hommes particulièrement malveillant …
Comme les onze millions de spectateurs qui se sont déplacés en Corée pour découvrir « Dernier Train pour Busan », j'ai été cueilli par l'efficacité formelle de ce premier long métrage live de Sang-Ho Yeon. Habitué avant tout au monde de l'animation, dans lequel il a fait ses débuts, notamment avec deux films aux tons sombres et désabusés s'intitulant « The Fake » et « The King of Pigs ». Un style bien particulier qu'il utilise à nouveau pour « Seoul Station ». Un film de zombie propice à la critique acerbe de la société sud-coréenne. Et c'est lors du tournage de ce film que l'idée du « Dernier Train pour Busan » lui est venu. Persuader que traiter son sujet d'une façon plus commerciale et avec une touche de fond, cela serait idéal pour un film en prises de vues réelles. Il est ainsi encouragé par sa société de production pour mettre ses idées à exécution. Une bonne idée vu que le succès du film à supplanter la sortie de « Seoul Station » qui devient par la même occasion, un prequel tout trouvé …
Sang-Ho Yeon qui est aussi scénariste sur son propre film écrit une histoire à la fois claire comme de l'eau de roche et d'une très grande efficacité, que cela soit d'un point de vue dramatique ou purement fonctionnelle. Premier bon point, l'intrigue n'attend pas pour démarrer, on est tout de suite dans l'urgence et la tension vous prend tout de suite au tripes. Je comprend que cela déstabilise, mais cela permet surtout de mieux développer ce que le réalisateur veut nous dire. Ce sont les actes qui définissent les hommes et les femmes, alors quoi de mieux que de les mettre en scène dans un contexte de fin du monde.
Le fil narratif est d'ailleurs très simple. C'est un groupe d'individus qui doit se déplacer d'un point A à un point B, tout en survivant au différentes vagues de zombies. Et c'est la que le réalisateur est malin car il ne va s'appuyer que sur une sommes d'archétypes (personnage comme situation) pour nous faire rentrer en empathie envers ces personnages. Un homme qui protège sa femme, un père qui protège sa fille ou encore des amies qui s'entraident (l'équipe de baseball), puis des que cela se complique, les camps s'opposent, les gens cloîtrés face aux survivants de l'extérieur ou on ne peut que les trouver odieux, ou encore les divers personnages sacrifiés pour que ceux qu'ils aiment survivent (Le père pour sa fille, le futur père pour sa femme). Des ressorts classiques (le mélodrame), mais qui sont d'une efficacité redoutable. A cela on rajoute la réalisation dynamique, claire et parfaitement rythmée de Sang-Ho Yeon et on obtient un gros shoot d'adrénaline de deux heures puissamment anxiogène.
Mais hormis l'action, il ne propose pas que ça. Les interactions sociales entre les divers personnages dépeignent une société sud-coréenne riche mais ou l'individualisme et les inégalités se creusent de plus en plus. C'est ainsi qu'on trouve des enfants, un père accroc à son travail dans la finance, un grand chef d'entreprise, un père en devenir, une femme enceinte, des lycéens, des sœurs qui vivent ensemble, un vagabond et bien d'autre gens qui sont représentatifs des différentes couches de la société sud-coréenne. La tension exacerbe les différences entre les individus, notamment le clivage le plus basique entre Riche et Pauvre. De plus le train est parfait pour cloisonner et séparer les gens. Chaque groupe bloqué dans une rame voit celui qui est en dehors de son semblant d'espace sécuriser comme une menace, il n'y a aucune empathie, aucune solidarité et cela pendant près de deux heures. Un nihilisme désespérant ou seul échappe une femme enceinte et une enfant, deux lumières dans le chaos, deux femmes …
Malgré tout le bien que je pense de « Dernier Train pour Busan », je le trouve assez décevant ! Je ne renie pas ce que j'ai dit plus haut, j'ai passé un excellent moment, j'ai été pris aux tripes et j'ai même énormément pleurer. Cependant je ne peux que regretter la trame sans surprise du film, la simplicité des rapports décrits et les nombreux personnages qui ne sont que des caricatures. L'histoire du film ne propose aucune surprise, aucun rupture inattendue, on est dans un schéma si prédéfini que l'on sait comment le voyage finira et cela malgré l'efficacité relative de l'histoire. Quant aux rapports entres les personnages, c'est manichéen au possible, c'est gentils vs zombies, puis gentils vs méchants vs zombies, avec des méchants qui deviennent gentils et le méchant qui meurt au final, bref cela m’amène au personnage. Des archétypes de tout les cotés, le méchant PDG d'entreprise, le père absent, l'homme fort, le couple d'amoureux, les sœurs et j'en passe. Une pléiade de personnage plus ou moins passionnants qui ne vont hélas pas plus loin (hormis un) que leur condition de départs.
Quant au casting, il se démerde bien et se révèle convaincant, du moins pour une partie. Gong Yoo est celui qui joue le père de Soo-an. Tiré à quatre épingles au début, il incarne bien la rigidité que demande son travail et cela contraste très bien avec le chaos ambiant du film. Détestable au début, il gagnera notre sympathie par les actes et en s'ouvrant aux autres. Puis il y a Kim Soo-an, une jeune actrice au naturel désarmant et à l'émotion à fleur de peau. Ma Dong-seok c'est mon préféré, c'est celui qui joue le mari de la femme enceinte (Jeong Yu-mi). Un colosse au cœur tendre qui ne pense qu'au bonheur futur de son épouse pour laquelle il se sacrifiera. Un acteur touchant de par son rôle, sa fonction dans l'histoire et de par son abnégation qui transpire à l'écran. Jeong Yu-mi qui joue sa femme est très touchante elle aussi, simple et directe, un contrepoids nécessaire et complémentaire à son partenaire à l'écran. Il y a aussi les sympathiques Choi Woo-sik et Ahn So-hee dans le rôle de lycéens, puis pour finir l'insupportable Kim Ee-seong dans le rôle du grand méchant patron.
Shoot d'adrénaline intense mais terriblement basique dans son écriture.